Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Roumanie (suite)

Après la victoire de l’insurrection, qui a pour effet la libération de la Valachie, de la Dobroudja, de l’Olténie, du Banat, de la Crişana et du sud de la Transylvanie, l’armée roumaine (comptant 16 divisions) livre, aux côtés de l’armée soviétique, d’âpres combats pour la libération de tout le territoire national (effective le 25 octobre 1944), puis pour la libération de la Hongrie et de la Tchécoslovaquie, jusqu’à la défaite totale de l’Allemagne.


La République populaire

En octobre 1944 le parti communiste roumain (P. C. R.) prend l’initiative de grouper, dans le cadre du Front national démocratique (Frontul Naţional Democrat [F. N. D.]), le parti social-démocrate, le Front des laboureurs, l’Union de la jeunesse communiste, la Défense patriotique, le Madosz, l’Union des patriotes et d’autres organisations démocratiques, sur la base d’un programme commun qui prévoit : la mise en œuvre de toutes les forces pour soutenir la guerre antihitlérienne, l’expropriation des gros propriétaires fonciers et la répartition de leurs domaines entre les paysans complètement dépourvus de terre ou n’en possédant que très peu, la démocratisation du pays, la condamnation des criminels de guerre, la réfection économique, l’amélioration des conditions de vie pour tous les travailleurs, etc.

Les gouvernements présidés d’août 1944 à février 1945 par les généraux Constantin Sănătescu (1885-1947) et Nicolae Rădescu (1876-1953) sont renversés tour à tour, et, le 6 mars 1945, est constitué, sous la présidence du Dr Petru Groza (1884-1958), fondateur du Front des laboureurs, un nouveau gouvernement, dans lequel les représentants du Front national démocratique détiennent des positions prépondérantes.

La réforme agraire du 22 mars 1945 permet de distribuer plus de 1 100 000 ha aux paysans ne possédant pas ou très peu de terre, et marque la disparition de la grande propriété foncière. La conférence nationale du P. C. R. d’octobre 1945 fixe comme objectifs primordiaux au pays la reconstruction et le développement de l’économie nationale, fondés sur la réfection et l’essor de l’industrie, la priorité étant accordée à l’industrie lourde et à l’électrification du pays. Gheorghe Gheorghiu-Dej (1901-1965) est élu secrétaire général du Comité central ; il restera durant vingt ans à la tête du parti et de l’État. Le 19 novembre 1946, des élections législatives ont lieu : le Bloc des partis démocratiques (Blocul Partidelor Democrate [B. P. D.]), créé en mai 1946, obtient 79,6 p. 100 du total des voix exprimées et 378 mandats sur un total de 414. Cette victoire remportée sur le parti national-paysan de Iuliu Maniu (1873-1955) et sur le parti national-libéral de Constantin Brătianu (1866-1950) précède de peu l’élimination de ces partis. Le Parlement adopte alors une série de mesures économiques (étatisation de la Banque nationale [déc. 1946], réforme monétaire [1947]), qui permettent à l’État d’avoir la possibilité d’agir directement sur la coordination et la répartition de la production.

Parallèlement, les relations diplomatiques sont rétablies avec l’U. R. S. S. (août 1945), les États-Unis et la Grande-Bretagne (févr. 1946) ; en février 1947, le traité de paix de Paris, signé avec les puissances alliées, consacre juridiquement l’annulation du diktat de Vienne.

Le 30 décembre 1947, le roi Michel Ier abdique, et la Roumanie se proclame République populaire. En février 1948 a lieu le VIe congrès du P. C. R., au cours duquel est créé, par l’unification du parti communiste roumain et du parti social-démocrate, le parti unique de la classe ouvrière, qui, entre 1948 et 1965, portera le nom de parti ouvrier roumain (Partidul Muncitoresc Român [P. M. R.]). La Grande Assemblée nationale (élue le 28 mars 1948) adopte le 13 avril 1948 la Constitution, puis le 11 juin 1948 là loi sur la nationalisation des principales entreprises industrielles, minières, bancaires, d’assurances et de transport ; ainsi sont établies les bases du secteur socialiste d’État dans l’économie.

Au printemps de l’année 1962 est terminé le processus de transformation de l’agriculture par la coopération, qui a débuté avec le programme établi dans le plénum du Comité central du P. C. R. réuni du 3 au 5 mars 1949. Le IXe congrès du P. C. R. (juill. 1965) décide pour les années 1966-1970 un plan de développement du pays, et adopte les directives concernant la mise en valeur des ressources énergétiques ainsi que l’électrification du pays durant la période 1966-1975. Nicolae Ceauşescu* est élu premier secrétaire du Comité central du P. C. R.


La République socialiste

Le 21 août 1965, la Grande Assemblée nationale vote une nouvelle Constitution qui crée la République socialiste de Roumanie.

En novembre 1968 est créé le Front de l’unité socialiste, organisme politique à caractère représentatif, dont Nicolae Ceauşescu est le premier président. Le Xe congrès du P. C. R. (août 1969) établit, comme objectif fondamental, la constitution d’une société socialiste. Le congrès réélit Nicolae Ceauşescu, président, depuis 1967, du Conseil d’État de la République, au poste de premier secrétaire du P. C. R. Celui-ci s’affirme en effet de plus en plus comme le personnage principal du régime. Ainsi, en mars 1974, il est nommé président de la République par l’Assemblée nationale après création de cette nouvelle charge. Le Conseil d’État qui jouait jusqu’alors le rôle de direction collégiale reste cependant en fonctions. Lors du XIe congrès du P. C. R. (nov. 1974), les organes suprêmes du parti sont restructurés et sa direction est renouvelée par la mise à l’écart de ses plus anciens dirigeants.

Sur le plan extérieur, la Roumanie pratique au sein du monde socialiste une politique originale : partant de la réalité du monde contemporain, qui se caractérise par la coexistence d’États à systèmes socio-politiques différents, elle entretient des relations de collaboration et de coopération — politiques, économiques, scientifiques et culturelles — avec tous les pays du monde, sur la base des principes du respect de la souveraineté et de l’indépendance nationales, de l’égalité en droits, de la non-ingérence dans les affaires intérieures et de l’avantage réciproque. Cependant, État socialiste, elle situe au centre de cette politique extérieure le développement et l’affermissement des relations avec les autres pays socialistes. Elle fait partie du Conseil d’aide économique mutuelle (Comecon*) [depuis 1949], et du pacte de Varsovie (1955). Elle accorde en outre une attention particulière aux ententes à caractère régional, en vue de la réalisation d’une atmosphère de détente et de coopération dans les Balkans.