Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Rome (suite)

Le xxe s. et le fascisme ont causé aussi quelques dégâts, entre autres la navrante voie de la Conciliation, qui a éventré le Borgo pour mener à la colonnade du Bernin. Le régime de Mussolini fit porter son effort sur un style « musclé » qui se voulait un retour aux sources de l’Empire romain et dont on peut voir des exemples intéressants dans les stades et dans le nouveau quartier de l’EUR (Esposizione universale di Roma). De nos jours, tous ces périls ne sont pas écartés et, pour la déesse automobile, les places et les perspectives merveilleuses de Rome, capitale éternelle, sont trop souvent défigurées.

F. S.

➙ Baroque / Paléochrétien (art) / Renaissance / Rome [État].

 R. Van Marle, la Peinture romaine au Moyen Âge, son développement du vie siècle jusqu’à la fin du xiiie siècle (Heitz, Strasbourg, 1921). / G. Lugli, I monumenti antichi di Roma e suburbio (Rome, 1931-1940 ; 4 vol.). / R. Krautheimer, Corpus basilicarum christianarum Romae (Cité du Vatican, 1937-1962 ; 2 vol. parus). / E. Mâle, Rome et ses vieilles églises (Flammarion, 1943). / G. Hermanin, L’arte in Roma del secolo VIII al XIV (Bologne, 1945). / P. Pecchiaí, Roma net Cinquecento (Bologne, 1948). / F. Castagnoli, C. Cecchelli, G. Giovannoni et M. Zocca, Topografia e urbanistica di Roma (Bologne, 1958). / P. Portoghesi, Roma barocca. Storia di una civiltà architettonica (Rome, 1966). / G. Matthiae, Mosaici medioevali delle chiese di Roma (Rome, 1967). / V. Golzio et G. Zander, L’arte in Roma nel secolo XV (Bologne, 1968). / Y. Bonnefoy, Rome 1630, l’horizon du premier baroque (Flammarion, 1970). / S. Pressouyre et M. Laroche, Rome au fil des temps (Cuénot, 1973).

Rommel (Erwin)

Maréchal allemand (Heidenheim an der Brenz 1891 - Herrlingen, près d’Ulm, 1944).


Celui qu’on appellera le Renard du désert est un Souabe, fils d’un professeur nommé en 1898 directeur du lycée d’Aalen. Entré dans l’armée en 1910, sous-lieutenant en 1912, Erwin Rommel se distingue en 1914 sur le front français, où il reçoit la Croix de fer. De 1915 à 1918, il sert au bataillon de montagne du Wurtemberg en France, en Roumanie et en Italie, où il commande brillamment un groupement d’assaut au sud de Caporetto et capture 9 000 Italiens (oct. 1917), ce qui lui vaut d’être décoré de l’ordre Pour le mérite. Passé dans la Reichswehr en 1919, il sert durant neuf ans au 13e régiment d’infanterie à Stuttgart, puis est nommé en 1929 instructeur à l’école d’infanterie de Dresde. Il y rédige pour ses élèves un remarquable manuel relatant son expérience du combat et publié en 1937 sous le titre Infanterie greift an (L’infanterie attaque). Après avoir commandé en 1933 le bataillon de chasseurs de Goslar, Rommel, promu lieutenant-colonel, est affecté en 1935 comme professeur à l’Académie de guerre de Potsdam. Pour la première fois, il est en contact avec les sphères dirigeantes de l’armée et du parti. S’il n’a guère de sympathie pour les nazis, Rommel éprouve admiration et respect pour Hitler, en qui il voit le sauveur de l’Allemagne. Ses brillants états de service le font détacher quelque temps auprès des Hitlerjugend (Jeunesses hitlériennes), puis désigner en octobre 1938 par Hitler lui-même, qui a beaucoup apprécié son livre, comme chef du bataillon chargé de sa sécurité personnelle (Führerbegleitsbataillon). Après avoir dirigé pendant quelques mois l’école de guerre de Wiener-Neustadt, il reprend en 1939 ses fonctions auprès du Führer et est conquis par la personnalité de celui-ci. Rommel conserve ce poste jusqu’en février 1940, date à laquelle, promu général, il est mis par Hitler à la tête de la 7e Panzerdivision, qu’il conduira en six semaines de la Meuse (Dinant) à Arras, puis d’Amiens à Saint-Valery-en-Caux et à Cherbourg, atteint le 19 juin. En février 1941, Rommel est envoyé en Afrique avec le célèbre Afrikakorps pour suppléer à la défaillance des forces italiennes, sérieusement menacées par les Anglais en Libye*. Engagé dans une campagne d’un type entièrement nouveau pour lui et à laquelle le commandement allemand ne croit guère, il va s’affirmer comme un maître de la guerre du désert dont le talent donnera fort à faire à ses adversaires britanniques. « Notre objectif, indique-t-il à ses troupes en attaquant le 28 mars 1941, c’est le canal de Suez ! » Après s’être approché en Égypte à 130 km d’Alexandrie, Rommel, qui vient d’être promu feld-maréchal, en sera définitivement écarté par la victoire de Montgomery* à El-Alamein (oct. 1942). Au début de novembre, il se décide au repli sur Tripoli, puis sur la Tunisie, où il livre en février 1943 ses derniers combats africains contre les Américains à Kasserine. Hitler ne veut pas laisser ternir son étoile et le rappelle en Europe le 7 mars 1943. Rommel commande quelque temps le groupe d’armées allemand en Italie du Nord, puis est nommé en novembre inspecteur du front de l’Atlantique et en janvier 1944 commandant du groupe d’armées B (P. C. à La Roche-Guyon) qui, de la Hollande à la Loire, rassemble les XVe et VIIe armées allemandes. Le 6 juin, c’est le débarquement de Normandie*, dont Rommel perçoit immédiatement l’ampleur. L’engagement massif de chars en contre-attaque qu’il veut réaliser lui est interdit par Keitel et par Hitler, qu’il rencontre les 17 et 29 juin. Le 17 juillet, Rommel, qui sait qu’il faut maintenant terminer la guerre, est grièvement blessé près de Livarot par l’attaque en piqué d’un avion allié. Trois jours après, c’est le putsch du 20-Juillet ; Rommel avait été informé en février par le Dr. Strölin, maire de Stuttgart, de l’existence d’un mouvement de résistance à Hitler. Ainsi que son chef d’état-major, le général Hans Speidel (né en 1897), il est soupçonné par la Gestapo d’être en rapport avec les conjurés. En septembre, Speidel est arrêté après avoir rendu visite à Rommel, qui est en convalescence dans sa famille à Herrlingen près d’Ulm. Le 7 octobre, le maréchal est convoqué par Keitel à Berlin, mais, alléguant son état de santé, refuse de s’y rendre. Le 14 octobre, les généraux Burgdorf et Maisel, du service du personnel de la Wehrmacht, viennent chez lui lui signifier la décision du Führer : ou jugement à Berlin et condamnation par le tribunal du peuple chargé de la répression du putsch du 20-Juillet, ou suicide immédiat par empoisonnement. Rommel choisit cette dernière solution et, sortant de son bureau, annonce à sa femme et à son fils Manfred qu’il n’a plus qu’un quart d’heure à vivre. Hitler achèvera cette macabre comédie en accordant le 18 octobre à Ulm des funérailles nationales à Rommel avec un faste à la mesure de sa popularité. Les carnets personnels de Rommel ont été publiés en 1953 par le critique militaire anglais B. H. Liddell Hart sous le titre la Guerre sans haine.

P. D.

➙ France (campagne de) / Libye.

 D. Young, Rommel, the Desert Fox (New York, 1951 ; trad. fr. Rommel, Éd. « J’ai lu », 1964). / F. Ruge, Rommel und die Invasion (Stuttgart, 1959 ; trad. fr. Rommel face au débarquement, Presses de la Cité, 1964). / P. Bourtembourg, Rommel, le Renard du désert (Gérard, Verviers, 1960). / D. Maures, Erwin Rommel (Presses de la Cité, 1968).