Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

romantisme (suite)

 J. Tiersot, la Musique aux temps romantiques (Alcan, 1931). / R. L. Evans, les Romantiques français et la musique (Champion, 1934). / A. Einstein, Music in the Romantic Era (Londres, 1947 ; trad. fr. la Musique romantique, Gallimard, 1959). / J. Chantavoine et J. Gaudefroy-Demombynes, le Romantisme dans la musique européenne (A. Michel, 1955). / L. Guichard, la Musique et les lettres au temps du romantisme (P. U. F., 1955). / M. Beaufils, le Lied romantique allemand (Gallimard, 1957).

Rome

En lat. Roma, l’un des grands États de l’Antiquité, issu de la ville du même nom.


La civilisation romaine

Parmi la poussière de cités et de petits États de l’Italie* primitive, une ville est née, qui, développant sa domination sur les territoires avoisinants, est devenue le centre d’un empire couvrant l’ensemble du bassin de la Méditerranée.


La légende des origines

Pendant deux millénaires, les historiens ont répété la même histoire : une ville fondée par Romulus et Remus, jumeaux fils d’une vestale et allaités par une louve ; une lointaine origine troyenne par Énée, venu en Italie après la ruine de Troie. La conviction des auteurs n’était pas absolue. Déjà Tite-Live* avouait que certains récits ne lui paraissaient être que des racontars. Il fallut attendre le xxe s. pour repousser résolument ces légendes, puis pour revenir sur cette position et reconnaître qu’elles n’étaient pas entièrement dénuées de fondement. On s’est aperçu que la légende des origines troyennes remontait à une haute époque, le vie s. av. J.-C. Énée était alors connu en Étrurie. Un temple qui lui était consacré a été retrouvé dans la banlieue romaine. Des rapprochements entre l’organisation classique en Troade et celle des bords du Tibre ont été faits. On peut penser que soient restées dans les mœurs comme dans les souvenirs les traces d’une immigration d’origine orientale à une date reculée : immigration à rapprocher de celle qui est supposée avoir eu lieu de la part des Étrusques. Le culte d’Énée se localise surtout à Véies, en Étrurie.

L’histoire de Romulus et Remus a pris forme au plus tôt au ive s. av. J.-C. Un auteur grec faisait de Romulus le fils d’Énée. Mais le nom de Romulus relève de l’onomastique étrusque. Le héros avait tracé à la charrue les limites de la fondation de Rome sur le Palatin, l’une des « sept » collines.

C’était la Roma quadrata. Les calculs des Anciens amenèrent ceux-ci à déterminer la date de cette fondation. D’hypothèse en hypothèse, celle de 753 av. J.-C. reçut la consécration de l’usage.


Les données archéologiques

Les fouilles du xxe s. ont permis de préciser la chronologie des premiers temps de Rome sans anéantir totalement les données de la tradition. La datation de l’occupation des collines correspond sommairement à la chronologie traditionnelle, si l’on veut bien s’en tenir à des époques et non à des dates précises. Certes, il existe des vestiges bien plus anciens, qui remontent au IIe millénaire av. J.-C. Mais, sur le Palatin, des traces de cabanes, aux poteaux enfoncés dans le rocher, sont restées visibles : au viiie s. av. J.-C., deux villages existaient du côté de l’emplacement concevable de la fondation légendaire. Les bas des collines étaient occupés, ici et là, par des nécropoles, dont certaines urnes reproduisaient la forme des cabanes. Les villages du Palatin pourraient s’être réunis en une seule agglomération vers le viie s. Les populations étaient latines, ni plus ni moins qu’à la cité voisine d’Albe, sans qu’on puisse affirmer antériorité ou domination d’Albe, pas plus que l’inverse. On sait peu de choses des autres collines, connues surtout par les nécropoles qui les flanquaient. Il semble, ainsi, qu’il y ait eu un village sur le Caelius, moins sûrement sur le Quirinal. Le Capitole ne fut pas occupé avant le vie s. L’Esquilin, lui, fut habité par une population différente, guerrière et pastorale. Ces données nous éloignent apparemment de cette Rome unique de la légende.


L’histoire des Sabines

La légende fait cependant état de l’enlèvement des Sabines par les Romains, d’une guerre qui s’ensuivit et d’une fusion des peuples sabin et romain. Les Sabins de Rome demeurent une énigme. La fête romaine du Septimontium — dont le nom, selon l’érudition contemporaine, n’aurait rien à voir avec le nombre des collines — consistait en une fête commune aux villageois du Palatin, de l’Esquilin et de leurs abords. Selon la tradition, les Sabins auraient occupé ces autres collines que sont le Capitole et le Quirinal. On serait tenté aussi de les assimiler aux guerriers de l’Esquilin. En tout cas, Rome apparaît alors comme une agglomération double, composée d’au moins deux éléments ethniques. Les choses n’étaient pas si simples, car ni Latins ni Sabins ne semblent avoir formé des groupes homogènes. Cela rejoint fort bien la description traditionnelle d’un ramassis de brigands amenés là par Romulus. La population devait s’accroître rapidement : les cabanes se répandirent en bas des collines, comme à l’emplacement du futur Forum, où, vers 650 av. J.-C., les cabanes succédaient aux tombes.


La royauté avant les Étrusques

Pour les Anciens, la Rome primitive était gouvernée par des rois. Les premiers d’entre eux, Romulus, Numa Pompilius, Tullus Hostilius et Ancus Martius, paraissent entièrement légendaires. Les historiens latins eux-mêmes confessaient combien la tradition paraissait fantaisiste. Les rois semblent avoir été imaginés, Romulus comme les autres, assez tardivement. Dans leur histoire et dans leur rôle, Georges Dumézil voit les manifestations d’une mythologie primitive. Mythologie ou pas, rien ne semble les raccrocher aux faits réels du passé. Leur légende paraît plutôt s’être constituée et enrichie à partir de sites familiers : la cabane de Romulus, le figuier sacré sous lequel il fut allaité. Le nombre des événements de l’époque dont l’existence paraît admissible est limité. Ils concernent la colonisation de la campagne romaine et la destruction de la ville d’Albe. Là apparaissent les liens entre Rome et une ligue latine à laquelle elle appartenait, ce qui exclut qu’elle ait été une bourgade différente des autres. Cette ligue, unie par un lien religieux, passe de la direction albaine à celle de Rome. Le caractère extrêmement primitif des institutions amène à évoquer leur existence dans le cadre de cette époque. La famille, sous l’autorité absolue du paterfamilias, faisait partie du groupement plus vaste de la gens, qui réunissait toutes les familles apparentées et reliées par une communauté de nom propre, ou « gentilice ». La gens était le cadre de cultes privés comme de liens de dépendance, un peu analogues à ceux de la vassalité, entre un patron et des clients ; ceux-ci, protégés, portaient eux-mêmes le nom de la gens, et pouvaient être des colons ou des soldats du patron. L’ensemble du peuple se groupait en trois tribus qu’on a crues longtemps être trois groupes ethniques, où G. Dumézil voit trois fonctions sociales et dont le caractère territorial est peut-être dominant. Chaque tribu se divisait en dix curies, dont l’assemblée, ou comices, avait un rôle politique incertain. Cette assemblée, en fait, était dépendante du sénat, composé de chefs de famille, en nombre très limité, désignés sans doute par les comices, puis plus tard par le roi. Face au roi, les pouvoirs du sénat sont, eux aussi, difficiles à estimer : tout-puissant selon certains historiens ou simple conseiller d’un monarque absolu, à n’en juger que par l’étendue de ses attributions religieuses. Le pouvoir royal, l’imperium, était d’essence religieuse : sa force divine était vérifiée par le cérémonial d’investiture, et c’est elle qui valait au candidat, nullement héréditaire, d’être reconnu. En fait, le roi n’était pas élu, mais recherché comme susceptible d’être agréé par Jupiter. Il annonçait au peuple les jours du calendrier, ceux qui étaient fastes ou néfastes, ceux qui étaient fériés ou non. La justice s’enchaînait à cela : religieuse elle-même, elle était rendue par le roi les jours fastes. Mais l’étendue du pouvoir juridique royal, qui rencontrait celui des gentes, est inconnue.