Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Reptiles (suite)

La rétine des Reptiles nocturnes comporte uniquement des bâtonnets ; celle des Reptiles diurnes comporte surtout ou uniquement des cônes. La vision est certainement bonne chez ces animaux, dont beaucoup possèdent une fovéa. La rétine des Tortues possède, comme celle des Oiseaux, des inclusions lipidiques rouges ou orangées à fonction inconnue ; l’œil des Lézards renferme un cône papillaire, semblable au peigne des Oiseaux. On observe une régression oculaire importante chez les espèces fouisseuses, notamment les Serpents Typhlopidés. Quelques Reptiles actuels (Hattéria, Lézard vert, Orvet) possèdent en outre un œil pinéal impair, situé au milieu de l’os pariétal et qui montre une structure rétinienne nette, mais régressée. Cet œil est lié à l’épithalamus par un tractus nerveux.

Seuls parmi les Reptiles, les Crocodiliens ont, comme les Oiseaux, un court conduit auditif externe. Tous, Serpents exceptés, possèdent une oreille moyenne, ou caisse du tympan, qui communique largement avec le pharynx et qui contient un osselet, la columelle, reliant le tympan à la fenêtre ovale. L’oreille interne comporte un diverticule ventrocaudal (absent chez les Poissons et les Amphibiens), la cochlée, siège des processus auditifs ; toutefois, à l’inverse de celle des Mammifères, cette cochlée est rectiligne. Le reste de l’oreille — saccule, utricule, canaux semi-circulaires — assure les fonctions d’équilibration.

Il semble que les Reptiles aient une assez bonne audition, notamment les Lézards, dont les performances diffèrent peu de celles des Mammifères ; en revanche, les Serpents ont vraisemblablement une audition faible des vibrations aériennes, qu’ils compensent par une sensibilité poussée aux vibrations du substrat.

Certains Serpents, notamment le Crotale, possèdent un organe sensoriel céphalique très particulier, dont il semble qu’on n’ait pas trouvé l’équivalent chez d’autres animaux. Il s’agit d’un organe thermorécepteur, sensible à la radiation calorifique qu’irradient les animaux à sang chaud. Cet organe est situé entre la narine et l’œil et comprend essentiellement deux chambres que sépare une fine membrane innervée par le nerf trijumeau. La sensibilité de cette fossette faciale est élevée : l’animal peut détecter des variations de température ambiante de l’ordre de 0,4 °C, et un Crotale aveugle et privé d’olfaction est capable de réagir à un objet chaud et même de le localiser. On a décrit des organes analogues chez le Boa.


Le système nerveux

Les Reptiles sont les premiers Vertébrés chez lesquels le nombre de nerfs crâniens se fixe à 12 paires, comme chez les Oiseaux et les Mammifères, par incorporation au crâne d’un certain nombre de métamères occipitaux. L’encéphale reste rectiligne, mais l’importance relative des hémisphères cérébraux est plus grande que chez les Anamniotes. Le cervelet comporte une zone archicérébelleuse (liée aux réflexes d’équilibration dont le point de départ est l’oreille interne) et une zone paléocérébelleuse, où viennent se projeter les afférences provenant des fuseaux neuromusculaires. Au niveau de l’hémisphère cérébral, le pallium se différencie en une région ventrale olfactive, une région dorsale d’intégration et, chez quelques espèces tout au moins, en une région intermédiaire où certains neurologistes voient l’ébauche de ce qui sera le néocortex des Mammifères.


Reproduction


Caractères sexuels secondaires

Les Reptiles sont gonochoriques et l’hermaphrodisme y est très rare. Le dimorphisme sexuel est très discret chez les Crocodiliens ; chez les Tortues et les Serpents, il affecte surtout la taille : ce sont les femelles qui sont les plus grosses chez les Tortues palustres ou les Couleuvres, tandis que chez les Tortues terrestres, les mâles l’emportent nettement en taille. Les caractères sexuels secondaires, permanents ou saisonniers (parure de noce), sont surtout développés chez les Lézards et affectent, outre la taille, des ornementations variées (cornes de certains Caméléons), des glandes cutanées odorantes (glandes fémorales des Lézards) ou la coloration tégumentaire.


Comportement sexuel

Chez la plupart des espèces, les deux sexes sont en nombre à peu près égal. L’accouplement est précédé par la recherche du partenaire sexuel, recherche qui est presque toujours le fait du mâle. La détection de la femelle se fait visuellement chez les Lézards, qui ont un dimorphisme sexuel accusé, olfactivement chez les autres groupes, notamment les Serpents. Comme cette détection ne se fait que lorsque la femelle est en rut, il faut en conclure qu’il existe chez cette dernière un cycle glandulaire lié au cycle œstrien. L’accouplement, qui a lieu le plus souvent au printemps, peut être précédé de comportements complexes, dits « danses prénuptiales », surtout développés chez les Serpents. Les Tortues d’eau douce s’accouplent dans l’eau après que le mâle a fait vibrer ses membres antérieurs devant la tête de la femelle.


Fécondation et ponte

L’élevage de femelles de Serpents et de Tortues isolées de tout mâle a permis de constater que les spermatozoïdes introduits dans les voies génitales femelles peuvent y conserver leur pouvoir fécondant pendant plusieurs années.

La plupart des Reptiles sont ovipares et pondent leurs œufs dans des cavités naturelles ou dans des nids aménagés. Les œufs sont en général abandonnés sans soin ; toutefois, les Pythons incubent leurs œufs en s’enroulant autour, tandis que les Cobras les pondent dans un terrier que surveillent conjointement le mâle et la femelle. Le nombre d’œufs pondus varie de quelques unités (Lézards) à la centaine (Tortues marines). Ces dernières, si adaptées qu’elles soient à la vie aquatique, reviennent sur les plages pour pondre en milieu sec. Les Oiseaux font un carnage des Tortues nouveau-nées quand ces dernières doivent gagner la mer proche.


Viviparité

Quelques espèces de Reptiles, essentiellement des Squamates, font leurs petits vivants. Dans certains cas (Lézard vivipare, Orvet), la femelle retient les œufs fécondés dans ses oviductes et y développe des structures permettant à l’œuf des échanges respiratoires ou aqueux. On dit qu’il y a incubation, et ce mode de reproduction diffère peu de la nidification. Dans d’autres cas (Lézard d’Australie Lygosoma, Vipère), on a pu montrer que l’embryon tire de l’organisme maternel, outre l’eau et l’oxygène, des substances nutritives qui transitent par l’intermédiaire d’un organe particulier, le placenta. Ce dernier est dit vitellin, car les vaisseaux qui l’irriguent du côté fœtal proviennent de la vésicule vitelline. Le placenta vitellin est phylogénétiquement plus primitif que le placenta allantoïdien des Mammifères.