Renard (suite)
Son habitat est un terrier qui est souvent partagé avec un autre animal, un Blaireau parfois. Il s’installe volontiers dans un terrier de Lapin, qu’il se charge d’agrandir à sa convenance. De toute façon, ce terrier a toujours plusieurs issues. Près de l’entrée, le Renard a un poste un peu élevé, d’où il peut surveiller ce qui se passe à l’extérieur : c’est la « maire » ; puis une galerie plus ou moins longue conduit à une chambre à provisions, « la fosse » ; un peu plus loin se trouve le nid (comme il est situé au fond, on l’appelle aussi l’« accul »). Toutes ces chambres communiquent entre elles par de longues galeries judicieusement disposées : ce sont les « fusées ».
Rôdant de jour en quête de nourriture, le Renard marche au trot ; c’est là son allure normale. Mais c’est surtout à la tombée du jour qu’il chasse les petits Rongeurs : Souris, Rats, Campagnols, Écureuils, Lapins, Lièvres, des animaux de basse-cour quêtant leur nourriture en liberté (volailles), de jeunes agneaux aussi ; il apprécie moins les Insectivores (Taupes, Musaraignes), mais plus volontiers les Batraciens (Grenouilles, Crapauds) et les Escargots quand il n’y a plus autre chose à manger. À la belle saison, il devient végétarien, il aime les fruits, les baies, les framboises, les mûres et surtout le raisin, dont il abîme les grappes pour y choisir les grains les plus mûrs, même la nuit.
On rencontre quelquefois des couples, mais le Renard vit plutôt solitaire en dehors de la période des amours, qui se situe de la fin de janvier au début de mars. Après une gestation de 49-55 jours, la renarde met bas de 3 à 12 petits ; la moyenne des nichées est de 5 petits. Ceux-ci naissent aveugles et ne commencent à voir clair que vers le 12e jour. La renarde les allaite avec soin, ses mamelles sont au nombre de trois paires pectorales et abdominales. Mais, de très bonne heure, elle leur fait manger de la viande prédigérée, qu’elle leur régurgite parfois devant le terrier. Le mâle ne semble pas toujours s’intéresser à ses petits.
Le cri du Renard est le glapissement ; c’est un aboiement rauque. L’animal émet aussi parfois un jappement répété plusieurs fois.
Quand la renarde joue avec ses petits, elle émet des gloussements de satisfaction. Si d’aventure un événement subit la dérange, elle émet un aboiement pour faire bondir rapidement les renardeaux vers le terrier.
Le Renard a une odeur musquée violente et très particulière qui le caractérise et qui s’établit quand l’animal devient adulte. Le terrier en est imprégné, les déchets alimentaires qui traînent devant le terrier également. C’est cette odeur très tenace qui le fait détecter par les Chiens.
Le Renard dans l’économie humaine
Le Renard est un animal de chasse, surtout en Angleterre, où on le chasse à courre.
Sur le continent européen, il a été aussi un animal de chasse. Sa fourrure est très estimée, mais ce sont surtout les Renards des régions circumpolaires qui sont à l’heure actuelle utilisés en pelleterie. L’élevage a subi des variations du fait des conditions de la mode.
En France, on considère le Renard comme un animal nuisible. En effet, il a introduit depuis mars 1968 une grave épizootie de rage*.
On détruit les Renards avec des pièges, des armes à feu en battues organisées, avec des appâts empoisonnés à la strychnine. Le procédé le plus efficace est le gazage des terriers à la chloropicrine, mais il faut pour cela un personnel très expérimenté.
P. B.
R. Hainard, Mammifères sauvages d’Europe, t. I (Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, 1948 ; 2e éd., 1961). / A. Schmook, Vie et mœurs du renard (Payot, 1954). / S. Jacquemard, Des Renards vivants (Stock, 1969).