Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Reims (suite)

Les industries alimentaires (avec 2 000 emplois) sont surtout représentées par la biscuiterie (Rem, du groupe Lu-Brun ; biscottes Paquot) et la confiserie (General Foods). Une puissante sucrerie est en banlieue, à Sillery. De l’ancien textile, il ne reste qu’une teinturerie (Laval-Curtaud) et un tissage (Warnier-David, du groupe D. M. C.), soit moins de 500 emplois au total. Par contre, la firme Timwear a une grande fabrique de tricots (800 salariés), et Sarlino, un groupe suisse, produit des revêtements de sols (600 salariés). Plusieurs entreprises de confection et de bonneterie dépassent 100 emplois.

Une minorité de ces établissements dérive des traditions industrielles rémoises : verrerie, cartonnerie, imprimerie, tissage et teinturerie. La décentralisation industrielle parisienne a fourni nombre d’emplois, surtout dans les branches principales (automobiles, ampoules, compteurs, robinetterie), et les firmes étrangères sont bien représentées. Bien des usines occupent les anciens bâtiments du textile. Mais d’autres, et souvent les plus grandes, s’étendent dans les deux zones industrielles nord-ouest (230 ha) et sud-est (200 ha), équipées par la chambre de commerce et qui bénéficient également du transfert d’établissements à l’étroit dans l’ancien tissu urbain. Ces bouleversements ont contribué à faire perdre à Reims la maîtrise de son industrie : depuis l’intégration des deux dernières firmes rémoises à des groupes britanniques, aucune usine notable n’est indépendante, si ce n’est dans la confection... La plupart des sièges sont à Paris ou à l’étranger. Aussi y a-t-il relativement peu de cadres et encore moins de chercheurs ; les activités de montage dominent, employant une main-d’œuvre assez peu qualifiée. Enfin, si cette variété est un atout, l’absence d’une industrie motrice se fait sentir. Les créations d’emplois sont relativement satisfaisantes, mais très en deçà des objectifs de croissance.

Au carrefour des activités de fabrication et de distribution se placent des branches dynamiques. Trois grandes sociétés à succursales multiples ont à Reims d’importants entrepôts et ateliers : Goulet-Turpin (Gem), Docks rémois (Radar, Famy) et Comptoirs français. Le quotidien l’Union (170 000 exemplaires) emploie 700 personnes. Une entreprise originale d’initiative locale, la P. U. M., « station-service de l’acier », découpe tôles et barres à la demande, employant sur place plus de 1 600 personnes et une flotte impressionnante de camions spécialisés.

Enfin et surtout, le Champagne occupe directement 3 500 personnes. Si la firme la plus importante est à Épernay, Reims groupe nombre de grandes maisons : Mumm, Veuve Clicquot, Pommery et Greno, Taittinger, Roederer, Charles Heidsieck, Heidsieck Monopole, Piper-Heidsieck, Lanson, Massé, Krug et bien d’autres encore. Ces entreprises ont souvent d’étroites relations financières, mais n’ont pas évité la pénétration des capitaux extérieurs, nord-américains (Seagram) ou français (groupe Ricard).

L’expédition des bouteilles de champagne est en partie à l’origine de l’important développement des firmes de transport routier, dont Reims est l’une des places fortes. Le secteur commercial, dans l’ensemble, est bien fourni et s’est récemment étoffé par l’implantation de trois hypermarchés et de nombreuses agences régionales de firmes nationales ou multinationales, tandis qu’on assiste à un affinement des commerces du centre-ville ; l’attraction commerciale de la ville continue à s’étendre dans l’Aisne, les Ardennes et la Marne.


Le tertiaire

Les progrès du secteur tertiaire sont donc rapides : les emplois y augmentent au rythme d’environ 4 p. 100 par an. Cela tient aussi à l’expansion des services et des administrations. En tant que centre industriel et chef-lieu économique d’un ensemble assez étendu, dont le rayon est de l’ordre de 100 km, les services aux entreprises, en dépit de la proximité de Paris, se sont diversifiés et, bien que Reims ne soit pas une capitale administrative, plusieurs administrations régionales, la cour d’appel et une université de 10 000 étudiants y sont implantées ; aussi la ville est-elle la première de sa Région pour le nombre de fonctionnaires. Des bureaux parisiens commencent même à s’y décentraliser (assurance, crédit). Tous ces développements contribuent à faire de Reims un des centres régionaux du Bassin parisien : longtemps oblitérée par la proximité de Paris, Reims profite de la croissance d’un secteur tertiaire qui a de plus en plus besoin de relais provinciaux ; son rayonnement est sensible dans la quasi-totalité des Ardennes et de la Marne, dans l’arrondissement de Saint-Dizier (Haute-Marne) et dans la moitié orientale de l’Aisne.

La ville est également un centre touristique non négligeable, surtout grâce à sa célèbre cathédrale et à ses caves de Champagne, qui attirent beaucoup d’étrangers ; mais l’hôtellerie y est insuffisante.

Ce double mouvement de croissance du secondaire et du tertiaire, cette affirmation d’une fonction régionale nouvelle ont profondément changé les données démographiques. Alors que la population avait stagné autour de 120 000 habitants dans la première moitié du xxe s., l’agglomération a dépassé 200 000 habitants en 1975. Le taux actuel d’accroissement annuel est d’environ 3,5 p. 100 : c’est un des plus élevés de France. Il est dû en partie à l’excédent des naissances dans une région à forte fécondité (1 p. 100 par an), mais bien plus à l’immigration. La population se renouvelle très vite, d’autant que les départs demeurent nombreux en raison du manque d’emplois qualifiés et de l’attirance générale pour Paris et le Midi ; elle a beaucoup rajeuni : 45 p. 100 des habitants ont moins de vingt-cinq ans ; elle change aussi de nature, par le renforcement des classes moyennes (employés, cadres, fonctionnaires), jusque-là déficientes, et par l’importance de l’immigration étrangère (environ 8 000 personnes, surtout Portugais et Nord-Africains).