Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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régate (suite)

Le maniement d’un bateau de compétition

Tout voilier, du plus petit au plus grand, se manie de façon identique, à partir de trois éléments fondamentaux : le gouvernail, la ou les écoutes et le lest.

• Le gouvernail, sur lequel on agit par l’intermédiaire de la barre, permet de diriger l’embarcation, soit en ligne droite d’un point à un autre si l’allure est suffisamment portante, soit en tirant des bords au plus près si la marque de parcours à atteindre est placée dans la direction d’où vient le vent. L’action sur le gouvernail doit être aussi douce que possible ; elle est fonction du réglage du bateau.

• Les écoutes font varier l’angle selon lequel le vent frappe la voilure. Leur maniement, qui est complémentaire de celui du gouvernail, permet non pas de modifier la direction, mais de mettre la voilure en harmonie avec la direction adoptée par l’intermédiaire du gouvernail. Elles sont filées de plus en plus au fur et à mesure qu’on « laisse porter », c’est-à-dire que l’on prend une allure allant de plus en plus dans le sens du vent. Au plein vent arrière, les écoutes sont filées au maximum. Au plus près, elles sont bordées à plat. De façon générale, pour obtenir la meilleure vitesse, il faut, par vent léger, moins border les voiles que par vent fort, car une écoute un peu molle permet de conserver tout le creux de la voilure.

• La position du lest, en fait le poids de l’équipage à bord, est également fondamentale sur une embarcation de compétition légère. C’est par son propre poids que l’équipage maintient le bateau aussi droit que possible. Lorsque la brise fraîchit, l’équipage s’assoit sur le pontage et se penche en arrière, effectuant le rappel. Cette position est plus efficace et moins fatigante s’il dispose de sangles qui, placées au fond du bateau, lui permettent de se retenir par les pieds. Le ou les équipiers peuvent également utiliser un trapèze, c’est-à-dire un câble dont une des extrémités est fixée sur le mât à hauteur du capelage et l’autre à la ceinture, seuls les pieds du ou des équipiers reposant sur le plat bord du bateau. Grâce à cet accessoire, le poids du corps agit pleinement, avec un effet de levier, pour maintenir le bateau droit.


Les parcours de régates

Une régate se dispute sur un parcours prévu, indiqué par les instructions de course. Le parcours idéal doit permettre de donner le départ debout au vent, la première bouée au vent étant atteinte après un louvoyage ; il offre une alternance de largue, de plus près et de vent arrière qui permet aux équipages et aux bateaux de prouver leurs qualités aux diverses allures. C’est sur les bords de près que l’on juge le meilleur barreur. Le type de parcours adopté pour les épreuves olympiques et repris dans la plupart des championnats nationaux et internationaux comporte huit bouées fixes, de forme et de couleurs alternées, placées à égale distance sur un cercle dont le diamètre, qui varie entre un et deux milles, est choisi en fonction de la taille de la série qui court. Le jury donne le départ sur la bouée qui permet de traverser le cercle en louvoyant, c’est-à-dire en se dirigeant vers la bouée diamétralement opposée, d’où vient le vent. Après avoir viré cette bouée au vent, les bateaux prennent l’allure du largue, à 45° du premier bord, virent une seconde bouée placée sur le cercle à l’extrémité du diamètre perpendiculaire au premier, puis, selon un angle de 90° par rapport à leur précédente direction, reviennent au largue encore, sur l’autre panne, vers la bouée de départ pour recommencer un louvoyage jusqu’à la première bouée virée. De cette bouée, ils se dirigent vent arrière vers la bouée de départ, qu’ils virent pour revenir, en un dernier louvoyage, vers la ligne d’arrivée, placée à la bouée au vent. Un parcours de ce type comporte 55,55 p. 100 de louvoyage, 25,92 p. 100 de largue et 18,53 p. 100 de vent arrière, cette répartition des trois allures paraissant heureuse parce que chacun conserve le maximum de chances. Il respecte les départs et les arrivées au plus près. C’est à cette seule condition que les départs peuvent être pris avec la science et la régularité requises ; quant aux arrivées, ce sont souvent les derniers bords de près qui départagent in extremis les concurrents.


Le départ

La ligne de départ, placée perpendiculairement à la direction du vent, doit autant que possible être entourée d’eau libre afin de permettre aux bateaux partis trop tôt de rentrer prendre un nouveau départ en passant à l’extérieur des bouées. Cette ligne est matérialisée par l’alignement de deux bouées ou de deux repères à terre, et est délimitée par une troisième bouée, placée dans l’alignement des deux premières. Dix minutes avant l’heure du départ, le pavillon distinctif de la série est hissé : il constitue le signal d’attention. En même temps est indiqué le parcours qui sera effectué. Cinq minutes avant le départ est hissé le signal d’avertissement, pavillon P du code international. Le départ est donné en amenant les deux pavillons. Ces signaux optiques sont généralement appuyés d’un signal sonore. Les bateaux partis trop tôt sont rappelés par l’exposition de leur numéro de rappel, appuyée d’un signal sonore. Lorsqu’un trop grand nombre de bateaux franchit la ligne prématurément, il est procédé à un rappel général, suivi d’un nouveau départ, 10 minutes plus tard.

Dans une régate, il est capital de prendre un bon départ. La distance qui sépare un concurrent de la ligne au moment où le signal de départ est donné allonge d’autant le parcours. D’autre part, et ce n’est pas la raison la moins importante, le bateau qui prend un départ derrière un peloton compact de concurrents reçoit un vent perturbé et navigue dans une eau agitée par les sillages de ceux qui le précèdent. S’il ne prend pas la décision de manœuvrer de façon à s’écarter de ses prédécesseurs, quitte ce faisant à allonger la distance, il se trouve rapidement distancé. Enfin, une autre condition d’un bon départ consiste à partir du point de la ligne de départ le plus favorable au point de vue distance par rapport à la bouée au vent et au point de vue amures. Le bateau qui navigue tribord amures a priorité sur le bateau qui navigue babord amures. Le départ étant donné au près, il est important de partir tribord amures si l’on ne veut pas risquer une disqualification ou tout au moins l’obligation de virer dans de mauvaises conditions. Nombreux sont les coureurs qui s’efforcent, dans le premier demi-mille, de gêner leurs voisins. Mieux vaut faire marcher son bateau le plus vite possible afin d’acquérir dès le début de la régate une place favorable. Il faut, à la fin du premier bord de près, arriver sur la bouée au vent tribord amures, pour avoir la priorité à un moment qui constitue sans doute la phase la plus importante de la régate. Pour obtenir un bon classement final, il est nécessaire de virer la première bouée dans le groupe de tête. En effet, sur le bord de largue, les bateaux suivent une même ligne, et le déventement des uns par les autres accroît les écarts.