Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Rājasthān (suite)

La plaine occidentale

Tout l’ouest est occupé par une immense plaine sèche, où la pluviosité s’abaisse de 400 mm dans l’est jusqu’à moins de 300, voire de 200, le long de la frontière du Pākistān. Il existe donc ici des conditions subdésertiques ; l’aridité vraie n’apparaît que sur des étendues assez limitées.

La région est cependant assez sèche pour que le « socle péninsulaire » qui en constitue le soubassement soit masqué sur de grandes étendues par des sables, dont une partie a évolué en dunes. Certaines sont mobiles, souvent du fait d’une destruction de la végétation par le surpâturage.

Les ressources sont limitées. De grandes surfaces sont occupées par des steppes ou des brousses à épineux. La plus grande partie de l’espace est exploitée par des nomades ou des semi-nomades, éleveurs spécialisés de moutons, de chameaux et de chèvres. En saison sèche, une partie des troupeaux se réfugient dans les grands marécages du Rann de Kutch, qui relient la presqu’île du Kāthiāwār au continent. L’agriculture a une importance limitée. Elle repose sur la culture du blé en hiver et surtout de millets rustiques en été. L’irrigation reste assez peu importante, à cause de la rareté des ressources hydrauliques. Cependant, la construction du barrage de Bakhra à la sortie de l’Himālaya a permis d’alimenter en eau le grand canal du Rājasthān, dont la construction a été achevée récemment. Un périmètre irrigué de grandes dimensions est donc en voie de constitution dans le nord de la plaine.

La plaine sèche, malgré la faiblesse générale de sa population, possède les deux grandes villes de Jodhpur et Bikaner (anciennes capitales rājpūtes), avec quelques industries de la laine.


Les Aāvalli

Sur plus de 700 km, ils forment une longue chaîne de montagnes moyennes, rugueuses et décharnées, sculptées dans des terrains plissés très anciens appartenant au socle indien. Les altitudes s’abaissent dans le centre, qui a toujours constitué une voie de passage. Nettement plus pluvieux que la plaine occidentale (de 400 à 700 mm), les Arāvalli ont quelques forêts sèches, et les bassins et vallées sont assez bien cultivés, notamment grâce à l’irrigation à l’aide de puits ou de petits réservoirs, les tanks. Cette irrigation permet à certaines régions du sud de cultiver d’assez grandes étendues en hiver, surtout en blé et en pois chiches (gram). La culture d’été est, ici encore, dominée par les millets.

De petits royaumes rājpūts gardaient les cols et contrôlaient les bassins ainsi que la voie de communication nord-sud qui suit le rebord oriental des Arāvalli. Les capitales des plus importants de ces royaumes sont devenues les plus grandes et les plus actives des villes du Rājasthān, notamment Jaipur (la capitale de l’État, 600 000 hab.) et Udaipur (250 000 hab.).


Les marges orientales

Les États rājpūts ont incorporé, à l’est des Arāvalli, une partie de l’Inde centrale humide, souvent connue sous le nom de « plateau du Malvā ». L’agriculture est ici plus productive en raison de la pluviosité, supérieure à 800 mm. Mais il existe des contrastes assez nets entre des domaines défavorisés, au nord (plateaux gréseux à sols médiocres et régions de ravins le long de la Chambal), et une région plus productive, où apparaissent les sols noirs sur laves et le système blé-millet-coton qui leur est lié.

F. D.-D.

Ralegh (sir Walter)

Marin, colonisateur, administrateur, parlementaire et écrivain anglais (Hayes, Devon, v. 1554 - Londres 1618).


Fils d’un gentilhomme pauvre du Devon, Ralegh (ou Raleigh) fit ses premières armes en France aux côtés des huguenots (1569-1570). Après des études à Oxford et aux Inns of Court (1572-1576), il fut introduit à la Cour par son demi-frère sir Humphrey Gilbert, pionnier de l’effort colonial élisabéthain en direction de l’Amérique, du Nord. Ralegh fut remarqué par la reine Élisabeth Ire*, qui lui donna le commandement d’une compagnie en Irlande (1580-81), et devint un favori de premier plan à la fin de 1582. La reine le dota aussitôt de ressources, qu’il utilisa principalement pour tenter de fonder, de 1584 à 1590, la première colonie anglaise permanente, dans une région (aujourd’hui la Caroline du Nord) qu’il baptisa Virginie.

L’entrée de l’Angleterre (1587-88) dans la guerre ouverte avec l’Espagne fit peu à peu passer au second plan la poursuite d’entreprises de ce type, sans pour autant donner immédiatement à Ralegh un nouveau champ d’action. À partir de la disgrâce de sir Francis Drake (1589), cependant, il devint le défenseur le mieux en cour de la nouvelle stratégie navale offensive récemment conçue par Drake et John Hawkins, mais à laquelle la reine ne croyait guère. En 1592, la reine lui permit d’organiser un raid d’interception aux Açores, qui fut un succès ; mais on lui rapporta que Ralegh avait secrètement épousé l’une de ses dames d’honneur, Elizabeth Throckmorton, dont il avait un fils.

La colère royale fut redoutable. Ralegh et sa femme furent jetés à la Tour de Londres, et la carrière de Ralegh ne se remit jamais complètement de cette crise de 1592. Retiré sur ses terres de Sherborne (Dorset), privé d’importants revenus et abandonné de nombreux clients et amis, Ralegh multiplia pendant trois ans les efforts pour rentrer à la Cour, tout en exerçant dans l’Ouest ses charges administratives. En 1595, il fit une première expédition en Guyane et remonta avec cent hommes l’Orénoque jusqu’au Caroní, sur les marches du fabuleux Eldorado. Il trouva de l’or et en rapporta, mais fut ensuite contraint de tenir secret le site de ses mines. De retour à Londres, il publia de ce voyage un récit coloré, The Discoverie of Guiana (1596), mais ne put réunir les moyens d’envoyer aussitôt en Guyane une force permanente, qui dans son esprit devait encadrer les tribus indiennes hostiles aux Espagnols. Du moins, en 1596, à l’occasion de la prise de Cadix (où il s’illustra), reçut-il enfin un nouveau commandement officiel. Il fut réadmis parmi les favoris en 1597, mais essentiellement pour des raisons d’équilibre politique : aux yeux des Cecil, qui tenaient en main l’administration civile, ce marin devait faire contrepoids à Robert Devereux, comte d’Essex, chef très populaire de l’armée de terre et partisan de la guerre terrestre. L’expédition des Açores (1597), à laquelle Ralegh et Essex prirent part, fut un échec, et la reine renonça définitivement à toute opération offensive. De nouveau privé de champ d’action, Ralegh devint à la Cour un personnage de peu de poids réel. Le règne d’Élisabeth et la dynastie Tudor s’achevaient dans un lent crépuscule.