Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

articulation (suite)

Autres arthropathies

Bien qu’elles offrent souvent quelque ressemblance soit avec l’arthrose, soit avec les arthrites, certaines affections des articulations méritent une place à part.

Les arthropathies dites « métaboliques » sont liées à l’action sur l’articulation d’une substance chimique normalement absente, et dont la présence est en relation avec une erreur du métabolisme. C’est le cas des arthropathies de la goutte* et de l’alcaptonurie (ou ochronose), affection beaucoup plus rare, d’origine génétique, liée à la présence d’acide ochronique, ou alcaptone. On rapproche de ces faits la chondrocalcinose articulaire diffuse, qui simule la goutte, et dont la substance chimique responsable est un pyrophosphate de calcium.

D’autres arthropathies sont d’origine nerveuse : elles peuvent être secondaires à une maladie de la moelle épinière, comme au cours du tabès et de la syringomyélie, ou à une atteinte des nerfs périphériques, au cours du diabète et de la lèpre. Un dérèglement du système nerveux végétatif est vraisemblablement à l’origine d’une autre arthropathie nerveuse, l’algo-neuro-dystrophie décalcifiante, encore appelée rhumatisme neurotrophique : ce syndrome est plus fréquent aux membres supérieurs, où il réalise un enraidissement douloureux de l’épaule et des troubles vasomoteurs de la main (syndrome épaule-main). Un facteur traumatique est très souvent retrouvé à l’origine de ce syndrome.

Les arthropathies des maladies du sang et de la moelle osseuse peuvent se rencontrer au cours de l’hémophilie, les arthropathies étant liées aux saignements répétés qui se font dans l’articulation.

Il est encore des arthropathies dites « paranéoplasiques », liées à la présence d’une tumeur, non pas articulaire, mais située à distance dans l’organisme. Le type en est l’ostéo-arthropathie hypertrophiante pneumique, ou maladie de Pierre Marie, caractérisée par des arthrites des grosses articulations, un hippocratisme digital (déformation de l’extrémité des doigts avec bombement des ongles), des modifications radiologiques avec une prolifération du périoste le long des os longs des membres. Bien que l’affection puisse être secondaire à des maladies bénignes (dilatation des bronches, suppuration pulmonaire ou pleurale), elle apparaît généralement au cours d’un cancer bronchique.


Les affections des tendons et des bourses séreuses périarticulaires

• La périarthrite, affection de l’adulte, est un syndrome douloureux et enraidissant secondaire à une atteinte dégénérative, parfois inflammatoire, intéressant essentiellement les tendons et les bourses séreuses. L’articulation proprement dite est habituellement indemne, du moins à la période initiale. La localisation la plus fréquente est celle de l’épaule : la périarthrite scapulo-humérale est responsable de douleurs de l’épaule, d’intensité souvent modérée, mais tenaces, accentuées par les mouvements, parfois aiguës avec recrudescence nocturne. La guérison, habituelle en quelques semaines, est favorisée par les infiltrations locales de corticoïdes. Toutefois, l’évolution peut se faire vers le blocage de l’épaule par rétraction de la capsule articulaire, blocage qui ne cède que très lentement à la rééducation kinésithérapique. La périarthrite scapulo-humérale est parfois secondaire à un traumatisme, à une affection thoracique, à une hémiplégie, à une insuffisance coronarienne ou à certains traitements médicamenteux prolongés. Mais, dans la majorité des cas, aucune cause n’est retrouvée, et on invoque alors comme facteurs déclenchants le froid ou un surmenage de l’articulation de l’épaule, notamment dans certaines professions.

• Les tendons des muscles peuvent également être à l’origine de douleurs du fait de leur lésion à l’endroit de leur insertion osseuse, à proximité d’une articulation. Ces tendinites d’insertion relèvent habituellement d’un surmenage fonctionnel. Ainsi des douleurs de la face interne du coude (épicondylalgies) sont fréquentes chez les sujets exerçant certains métiers (maçon, chauffeur de poids lourds, mécanicien) ou pratiquant certains sports : l’escrime, le golf, et surtout le tennis (« tennis-elbow » des auteurs anglais). Les injections locales de corticoïdes représentent l’essentiel du traitement.

Chirurgie des articulations

L’arthrotomie, ou ouverture de l’articulation, n’est qu’une voie d’abord en vue de l’accomplissement d’un geste salvateur (ablation de corps étranger, d’un ménisque, reconstitution d’une surface articulaire).

L’arthroplastie est une intervention destinée à rétablir la fonction articulaire. Différents procédés ont été décrits en vue de l’interposition de peau ou d’autres substances entre les surfaces articulaires pour éviter une nouvelle ankylose. Ces types d’intervention conservent des indications très limitées. Aussi s’oriente-t-on actuellement vers l’utilisation d’articulations prothétiques, dont la plus courante est la prothèse totale de hanche. Les deux éléments de cette articulation, cotyle et tête fémorale, sont en métal ou en plastique, et sont scellés à l’aide de résine polymérisée aux os voisins. Les résultats encourageants laissent supposer qu’il s’agit là d’un procédé appelé à se développer.

L’arthrodèse provoque le blocage définitif et volontaire de l’articulation en favorisant la formation d’un pont osseux entre les deux segments articulaires. Elle nécessite toujours une immobilisation de plusieurs mois, mais c’est la solution de solidité, de sécurité, et c’est parfois le seul moyen de supprimer la douleur.

La synovectomie est principalement pratiquée dans les polyarthrites rhumatoïdes au niveau du genou, des doigts et du poignet, mais aussi dans certaines fibroses articulaires ; elle a pour but de retirer tout le tissu synovial et la capsule articulaire. Au prix d’une rééducation suivie et active, et grâce à une bonne indication, ses résultats sont satisfaisants.

M. B.

➙ Rhumatisme.