Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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radar (suite)

• Les radars antimortier et antiobusier. Ces appareils localisent l’obus sur sa trajectoire peu après son départ, soit en le repérant et en le suivant sur une certaine distance, soit en localisant son passage à travers deux secteurs de balayage plans décalés de quelques degrés. Avec ces éléments, il devient possible de restituer le début de la trajectoire et d’en déduire l’emplacement des pièces. Les éléments de cette trajectoire peuvent être enregistrés sous forme de courbe (radar ANMPQ 10) ou introduits dans un calculateur qui affiche aussitôt les coordonnées de la pièce (radar ANMPQ 4). La portée du premier est de 7 000 m, et celle du second de 10 000 m. Ce dernier permet en outre une exploitation dès l’interception du premier obus et un contrôle en tir plongeant. Ces radars, de conception et de fabrication américaines, peuvent être utilisés derrière un masque, échappant ainsi aux investigations ennemies à vue directe.

• Les radars de guet aérien et d’acquisition. Les radars de guet aérien sont, en général, munis de dispositifs d’effacement d’échos fixes et de lutte contre le brouillage. Ils ont une grande portée et signalent tout aéronef entrant dans le secteur d’observation.

Les radars d’acquisition fournissent des renseignements plus précis sur l’objectif, sur lequel ils permettent de télépointer les radars de tir et de poursuite.

Dans les forces françaises, les premiers sont de la catégorie des ANTPS 1 D (portée 300 km) et des ANTPS 1 E (portée 130 km) ; les autres sont de la catégorie des ANMPQ 34 et 35 (portée maximale de 50 à 100 km) ; ils sont tous d’origine américaine.

Pour les objectifs à basse altitude, le radar MIRADOR (portée 17 km), produit en série depuis 1969, est adapté au système d’arme Crotale et monté sur blindé. Le radar Œil noir (portée 15 km) est associé au blindé bitube de 30 mm et au système d’arme Roland, tandis que le radar Domino, fabriqué sous contrat O. T. A. N., a une portée de 17 à 80 km.

• Les radars de tir et de poursuite de missiles. Ces matériels sont essentiellement utilisés par les forces terrestres dans le système sol-air HAWK, qui comprend :
deux radars de surveillance, l’ANTPS 1 E d’origine américaine, et le PAR (Precision Approach Radar), fabriqué en Europe, pour acquérir les objectifs à haute et moyenne altitude ;
le CWAR, utilisé pour acquérir l’objectif à basse altitude ;
le ROR, radar donnant la distance ;
le HPIR, radar illuminateur d’une portée de 100 km, qui éclaire l’objectif (l’écho étant reçu par le missile « Hawk »).

À ces quatre grandes catégories s’ajoutent les radars à fonctions diverses, tel le Sirocco, analogue au radar anglais PLESSEY W. F. 3 M, élément du système de radiosondage AMETS. Ce radar, asservi à un poste de poursuite optique, pointe au départ sur un ballon-sonde météorologique, suit la radiosonde et le réflecteur attaché à ce ballon.


Radar et marines de guerre

L’installation du radar sur les bâtiments de guerre a eu comme premier avantage de suppléer la veille optique et de leur assurer une navigation sûre et sans danger. Avantage inappréciable si l’on sait les difficultés que rencontraient les bâtiments naviguant dans les parages fréquentés, où la brume était un obstacle supplémentaire particulièrement dangereux.

Le radar apparaît sur les bâtiments britanniques au début de la Seconde Guerre mondiale et leur confère aussitôt une supériorité tant pour l’endurance et la sécurité de leur navigation que pour la conduite des opérations. C’est ainsi que, grâce à lui, la Royal Navy poursuit et coule le cuirassé allemand Bismarck en mai 1941. En 1942, des radars américains plus perfectionnnés permettent aux navires alliés de mener à bien la protection des convois et la lutte contre les sous-marins allemands ; ces radars détectent sur leurs écrans panoramiques les échos formés par les périscopes et par les kiosques de sous-marins venus en surface identifier leurs adversaires. Cet avantage se retrouve dans la lutte contre les navires de surface, qui ne peuvent plus se dérober derrière un écran de fumée, et dans la défense contre l’ennemi aérien, qui ne bénéficie plus de l’avantage de la surprise. Ainsi, dans le Pacifique, les Américains mèneront-ils la guerre navale dans des conditions très favorables contre les Japonais, qui ne disposaient pas d’équipements équivalents.

• Les radars des marines de guerre en 1975. Avec la généralisation de l’emploi du radar, les marines de guerre ont été amenées à diversifier leurs équipements et à leur donner des missions particulières. On distingue ainsi :
— les radars de veille surface et de navigation, destinés à détecter la présence de tout obstacle de surface et dont les portées varient d’une vingtaine à une centaine de miles nautiques ;
— les radars de veille aérienne, capables de détecter des aéronefs à partir d’une centaine de miles nautiques, de suivre et de contrôler leur mouvement ;
— les radars de tirs, enfin, capables, en toutes circonstances, de fournir à l’artillerie navale des éléments de tir précis (distance, direction, etc.) avec un préavis important.

Tous les éléments recueillis par les fonctions de veille et élaborés par les fonctions d’attaque du bâtiment de guerre sont, grâce à ces radars, regroupés dans un poste central d’information et d’opération (dit « CI/CO »). L’ensemble des informations nécessaires à l’élaboration de la situation tactique et au choix de l’action à entreprendre est visualisé sur des écrans panoramiques et des tableaux de renseignements : le CI/CO devient donc le centre nerveux du bâtiment, où la situation est suivie en permanence et où sont élaborées les décisions tactiques urgentes. De même, l’installation du radar à bord des avions de lutte anti-sous-marine leur permet d’exercer une veille attentive et de dresser une situation tactique sans équivoque.

Le radar participe à l’évolution des matériels et des armes navales, quand il ne les provoque pas. À ces fonctions désormais traditionnelles de veille, de détection et de tir se sont ajoutés, entre autres, la conduite et le contrôle de la chasse embarquée sur porte-avions, puis le guidage des missiles vers leurs objectifs (c’est au moyen d’un missile guidé par radar qu’une vedette égyptienne a coulé en 1967 le destroyer israélien Elath).