Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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races humaines (suite)

Race mélano-africaine

C’est la race la plus spécialisée du groupe noir. Elle occupe la plus grande partie de l’Afrique dite « noire », du Sahara jusqu’au désert du Kalahari.

Diagnose : stature souvent élevée, pouvant s’abaisser plus ou moins sensiblement, mais corps toujours élancé ; peau du brun clair au noir d’ébène ; tête allongée ; face prognathe, nez platyrhinien, lèvres épaisses et éversées ; taux de A et de B, 20 et 30 p. 100, de Rh–, entre 5 et 10 p. 100 ; par rapport aux Blancs, intestin plus long, foie, rate et corps thyroïde plus petits, proportions de cuivre et de potassium plus fortes, pouls plus rapide.

L’étude des types physiques permet de distinguer cinq sous-races.

• La sous-race soudanaise a une stature élevée (1,70 m et plus), un corps longiligne, une peau très foncée, une tête faiblement dolichocéphale (indice 75), un nez modérément platyrhinien et un fort prognathisme. S’étendant du Sénégal au Soudan anglo-égyptien dans la zone des prairies et des savanes au sud du Sahara, elle comprend les Ouolofs, les Malinkés, les Bambaras, les Haoussas, les Saras, les Boudoumas, les Kanembous et les Boulalas. Malgré quelques divergences locales, le groupe soudanais est assez homogène.

• La sous-race guinéenne se sépare de la précédente par une stature moins haute (1,64-1,68 m), un corps plus trapu, une pilosité accrue, une tête moins allongée, un prognathisme plus faible et un nez élargi. Les Noirs guinéens vivent le long de la côte atlantique, de la Guinée au Cameroun avec, comme principaux représentants, les Kissis, les Tomas, les Yoroubas, les Assinis et les Achantis.

• La sous-race congolaise accuse une diminution de la taille (1,63-1,66 m), une robustesse accrue de la structure corporelle et un faciès d’aspect grossier, voire archaïque : face basse et large, nez très platyrhinien, prognathisme accentué et lèvres fortement éversées. Comprenant les Fangs (ou Pahouins), les Tékés, les Kambas, les Kongos, etc., les Congolais se répartissent sur le Sud-Cameroun, le Gabon, la République centrafricaine et le Zaïre.

• La sous-race nilotique est caractérisée par une stature très haute (de 1,78 à 1,85 et même 1,90 m), une grande dolichocéphalie, des cheveux très crépus et une peau très noire, mais le visage présente souvent un aspect europoïde : nez moyennement large, lèvres assez minces, face longue à peine prognathe. Les Nilotiques, qui comprennent des peuples pasteurs dispersés dans la vallée du haut Nil (Dinkas, Chillouks, Nuers, etc.), ont incontestablement subi des influences éthiopiennes et méditerranéennes qui ont affiné leurs traits et estompé certains caractères de la morphologie mélano-africaine.

• La sous-race sud-africaine, ou zambézienne, s’étend sur les territoires compris entre le Zambèze et la ville du Cap. Comprenant un grand nombre de peuplades mélangées entre elles et ayant reçu à plusieurs reprises des éléments arabes ou éthiopiens, elle accuse une assez forte hétérogénéité : taille de 1,64 à 1,70 m, corps trapu, peau claire pouvant se foncer sérieusement, tête longue et haute, nez large, prognathisme moyen, visage à tendance europoïde.

C’est avec la sous-race sud-africaine qu’il convient de parler du peuplement de Madagascar. À côté d’un élément malais d’appartenance xanthoderme qui comprend les Hovas, ou Mérinas, des hauts plateaux du Centre, la majeure partie des Malgaches sont en effet des Mélano-Africains, à la morphologie très voisine de celle des Bantous sud-africains.


Race éthiopienne

La partie nord-orientale de l’Afrique est habitée par une série de populations auxquelles on a donné le nom d’Éthiopiens. Leur zone d’habitat comprend le plateau abyssin et la Somalie (Abyssins, Gallas, Danakil) ; au nord, la race se prolonge jusqu’à l’Égypte, au sud, elle pénètre dans l’aire mélano-africaine avec formation de peuples métissés (Masais, Nandis, Suks). On peut aussi lui rattacher les Peuls qui nomadisent dans le Soudan septentrional.

Diagnose : peau foncée, corps svelte, bassin étroit, épaules larges, avant-bras long, mollet mince, système pileux réduit (caractères négroïdes) ; cheveux frisés, face ovale et longue, lèvres peu épaisses, absence de prognathisme et de platyrhinie (caractères méditerranoïdes).

Du point de vue physique, les Éthiopiens se rapprochent au moins autant des Européens que des Noirs. D’où l’instabilité de leur position systématique : race de transition à caractères ambivalents.


Race négrille

Les Négrilles ne sont pas des Nègres en miniature comme leur nom le laisserait supposer, mais ils constituent un type mélanoderme bien particularisé. Aussi paraît-il préférable de les appeler Pygmées africains. Menant une existence semi-nomade dans la forêt équatoriale, ils se divisent en trois groupes : à l’ouest, dans le Cameroun, le Gabon et la République centrafricaine, les Bingas ; au centre, au Zaïre, les Twas (ou Cwas) ; à l’est, dans l’Ituri, les Mboutis.

Diagnose : taille très réduite (moins de 1,50 m), corps trapu et musclé au tronc long et aux membres, surtout inférieur, courts et grêles ; peau brun-jaune, pilosité abondante, cheveux crépus ; tête mésocéphale, face large et basse, prognathisme moyen, lèvres épaisses, mais jamais éversées, espace naso-labial convexe, hyperplatyrhinie, menton estompé ; par rapport aux Mélano-Africains, augmentation des arcs et diminution des tourbillons sur les dessins digitaux, élévation de B, abaissement de O et rareté de la sicklémie du point de vue sérologique. L’origine des Négrilles nous est inconnue. Il semble juste de voir en eux le produit d’une mutation qui serait intervenue à l’intérieur du bloc mélano-africain et aurait été maintenue par l’isolement et la spécialisation du genre de vie.


Race khoisan

Comprenant les Bochimans (env. 50 000) et les Hottentots (24 000), la race khoisan est localisée sur les bords du désert de Kalahari. Les plus typiques sont les Bochimans.

Diagnose : stature peu élevée (1,52 m), corps svelte ; peau couleur vieux cuivre, pilosité réduite, cheveux crépus « en grains de poivre » ; faible dolichocéphalie, front bombé, face aplatie à peine prognathe, aux pommettes assez saillantes, aux yeux fréquemment obliques, au nez large et à la lèvre épaisse mais sans éversion ; groupes sanguins caractérisés par leur richesse en O, qui dépasse 50 p. 100, et leur pauvreté en B, qui s’abaisse au-dessous de 10 p. 100. Deux particularités : chez les hommes, le pénis demeure horizontal à l’état de flaccidité ; chez les femmes, il y a forte saillie en arrière de la région fessière avec accumulation de graisse sous-cutanée (stéatopygie) ainsi qu’un allongement considérable des petites lèvres de l’orifice vulvaire (« tablier des Hottentotes »).

Les Hottentots se distinguent des Bochimans par une stature plus haute (1,60 m), une tête plus longue (indice 72-74), une peau moins jaune et un pourcentage de B analogue à celui des Mélano-Africains.

Il est prouvé par les données archéologiques (gravures, sculptures) que les Bochimans constituent un très vieux stock humain ayant occupé autrefois une aire d’extension plus importante que leur actuelle zone d’habitat.