Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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races humaines (suite)

Principes des classifications raciales

Les caractères utilisés pour établir la fiche signalétique d’un groupe racial doivent être héréditaires, ce qui sous-entend qu’on ne peut prendre en considération des dispositions qui résulteraient uniquement de l’influence du milieu. Les races doivent donc avoir, à l’échelle de l’observation humaine tout au moins, une certaine stabilité dans le temps. Leurs caractères sont ceux qui peuvent être relevés par l’observation directe ou indirecte sur des sujets normaux : pour la plupart, nous connaissons encore mal le mécanisme compliqué de leur transmission génétique.

La diagnose anthropologique d’une race repose sur une notion statistique. Elle traduit la marque du plus grand nombre et souligne simplement l’existence dans une population d’un agglomérat de caractères ayant une fréquence plus élevée que dans une autre population et susceptibles de se maintenir pendant un laps de temps suffisamment long.

Les races primaires, ou grandes races, constituent les divisions fondamentales de l’espèce humaine. Elles se reconnaissent aisément grâce à de nombreux caractères différentiels bien tranchés, elles possèdent une nette localisation géographique et elles correspondent du point de vue taxinomique à des sous-espèces.

Les races secondaires représentent des complexes géographiques dont les éléments distinctifs sont moins accusés que ceux des grandes races. Elles s’assimilent aux « géotypes » des zoologistes ou des botanistes et ce sont elles que les anthropologistes nomment couramment des « races ». À l’intérieur de ces races secondaires, un examen approfondi permet souvent de détecter des variétés régionales. Celles-ci constituent une troisième catégorie : les sous-races, nommées types locaux lorsque leur aire de répartition sur un territoire est relativement restreinte.

L’accord des classificateurs est généralement unanime en ce qui concerne les races primaires, mais les divergences apparaissent dès qu’on aborde les races secondaires et les types locaux. Les races, en effet, bien qu’elles soient jusqu’à un certain point des entités naturelles relativement stables, subissent des fluctuations diverses ; elles se transforment sous l’action combinée de la sélection, de l’adaptation et des métissages. Partiellement créé, partiellement subi par l’Homme, le milieu dans lequel il vit suscite des répercussions sensibles sur les caractères physiques ; qu’il contribue soit à isoler ou mélanger les catégories naturelles, soit à diminuer ou augmenter leurs effectifs, il oriente de ce fait les mécanismes sélectifs et provoque ainsi d’importantes variations.


Nomenclature des races humaines actuelles

Les origines préhistoriques de la différenciation humaine étant traitées dans l’article Hominiens, il ne sera question ici que des races actuelles. La classification adoptée est celle de H. V. Vallois, publiée dans les Races humaines (1963) et mise à jour dans Anthropologie physique (1968). Elle comprend quatre groupes primaires : australoïde, leucoderme, mélanoderme et xanthoderme, dont les trois derniers reproduisent la division en Blancs, Noirs et Jaunes connue depuis l’Antiquité. Les races secondaires, au nombre de vingt-sept, sont indiquées ci-dessous :

Ces races seront décrites à l’aide des principaux caractères morphologiques et physiologiques (v. anthropologie physique) qui les définissent.


Le groupe australoïde

Le groupe australoïde comprend les Australiens localisés en Océanie et les Veddas du Sud-Est asiatique. Ces deux populations, souvent assimilées soit aux Blancs, soit aux Noirs, méritent d’être classées dans un groupe primaire particulier en raison de la persistance chez elles de plusieurs traits franchement primitifs.

Diagnose de groupe : peau foncée mais pas nettement noire ; système pileux développé et cheveux frisés ou ondulés, mais jamais crépus ; tête allongée (indice 72-75), avec une capacité faible, un front fuyant, de puissantes arcades sourcilières et une racine du nez profondément enfoncée ; face basse, nez large et aplati, lèvres épaisses et menton estompé.


Race australienne

Les indigènes australiens, au nombre d’environ 200 000 à l’arrivée des Blancs, n’étaient plus que 60 000 en 1891 et les dernières estimations n’en comptent plus qu’environ 40 000 et un nombre comparable de métis.

Les travaux récents semblent indiquer qu’il y a une réelle homogénéité raciale chez les Australiens à condition de distinguer deux types locaux.

• Le type carpentarien constitue l’élément fondamental, qu’on appelle couramment race australienne : il est localisé dans les steppes centrales et les régions méridionales du continent.

Diagnose : taille élevée (1,70-1,75 m), corps élancé aux épaules et hanches étroites, aux jambes longues à mollets minces ; peau brun chocolat, cheveux frisés ou ondulés et généralement foncés ; tête très allongée (indice 72-73), à chignon occipital saillant, capacité crânienne faible, front fuyant et arcades sourcilières formant un bourrelet qui évoque (en plus faible) la visière des Néandertaliens ; face large, basse et moyennement prognathe, au nez platyrhinien et aux lèvres assez épaisses ; dessins digitaux caractérisés par de faibles fréquences d’arcs et des taux importants de tourbillons ; du point de vue sérologique, haut pourcentage de O, absence de A1 et quasi-inexistence de B, pas de Rh– et valeurs de N fortes.

• Le type murrayen, isolé dans le sud du Queensland, diffère du précédent par une stature plus petite, une structure plus robuste, des épaules larges, une peau moins foncée, un allongement léger de la tête et un accroissement des arcades sourcilières. Il semble qu’il s’agisse d’une variance régionale probablement dérivée d’une adaptation géographique : les Carpentariens vivent dans une zone de steppes désertiques, les Murrayens dans une région plus fertile et plus humide.

À ce groupe de base viennent s’adjoindre un autre groupe de faible stature (1,55 m), aux cheveux crépus et au corps presque glabre qui se rapproche des Mélanésiens, ainsi que le type maintenant disparu des anciens habitants de la Tasmanie, qui accuse un mélange de caractères négroïdes et australiens.