Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Québec (province de) (suite)

La production minérale du Québec le place après l’Ontario et l’Alberta si l’on inclut les combustibles minéraux, mais au deuxième rang sans ces derniers (Ontario : 1 435 M de dollars canadiens ; Québec : 695 M). À part l’amiante (1 356 000 t ; 82 p. 100 de la production nationale) extraite dans les Cantons de l’Est (Asbestos, Thetford Mines) et le cuivre de Gaspésie, toute la production minérale vient du Bouclier, le fer (Schefferville, Gagnon), le cuivre (Noranda, Chibougamau, Matagami), l’or (Val d’Or, Malartic).

Environ un tiers du bois coupé dans la forêt québécoise est destiné au sciage et au déroulage, pour lesquels on exploite les témoins de la forêt laurentienne des basses terres et des Cantons de l’Est et les parties de la forêt boréale d’accès facile (à la bordure du Bouclier ou à proximité des routes ou voies ferrées qui la traversent et en Gaspésie) ; il s’agit souvent de petites concessions temporaires (permis de coupe).

Les deux autres tiers du bois, destinés à la fabrication de la pâte, sont exploités par des sociétés possédant de vastes concessions dans la forêt boréale ; l’abattage est aujourd’hui entièrement mécanisé ; le flottage se pratique encore, mais on utilise surtout le transport par camions sur les routes forestières, éventuellement jusqu’à une voie ferrée ou une rivière flottable.


L’agriculture

Elle fut pendant des siècles la base de la société et de l’économie québécoises et a modelé les paysages (par exemple le type d’habitat appelé rang). Depuis la Seconde Guerre mondiale, elle décline rapidement ; elle ne contribue plus qu’à 3,5 p. 100 du produit brut et n’occupe que 5,7 p. 100 de la population active. Le nombre des exploitations est tombé d’un maximum de 155 000, en 1941, à moins de 80 000 aujourd’hui, dont une moitié, composée de fermes de subsistance de moins de 30 ha, est appelée à disparaître. L’exode rural frappe toutes les régions, même celles de colonisation récente. L’agriculture se replie sur les meilleurs terroirs, près du lac Saint-Jean et dans les basses terres, notamment dans la plaine de Montréal. Aussi, un géographe québécois a-t-il pu parler du « mythe de la vocation agricole du Québec ». L’économie agricole repose sur l’élevage (la vente du bétail et des produits laitiers est la principale source de revenus en espèces : 567 M de dollars canadiens sur 678), sur les cultures fourragères et les productions spécialisées (betterave à sucre, légumes, tabac, arbres fruitiers, érablières).

La pêche (Gaspésie, Côte Nord, îles de la Madeleine), qui emploie 5 000 hommes, livre environ 200 000 t de produits de la mer (quatrième rang parmi les provinces) valant 9 M de dollars canadiens (troisième rang). La chasse et l’élevage des animaux à fourrure rapportent 4 M de dollars canadiens (11 p. 100 de la production canadienne).


Les services

Le développement de la civilisation urbaine et industrielle a entraîné celui des services commerciaux, financiers, sanitaires, éducatifs, scientifiques, récréatifs, qui emploient 42 p. 100 de la population active, et celui des transports. Malgré l’importance du trafic sur les voies ferrées minières (de Schefferville à Sept-Îles, de Gagnon à Port-Cartier, de Chibougamau au lac Saint-Jean et à l’Abitibi), on constate un déclin relatif des transports par rail. Celui-ci est compensé par l’expansion des transports routiers grâce à l’amélioration relativement récente du réseau et à la construction d’autoroutes (section provinciale de la route transcanadienne, diagonale Trans-Québec du lac Saint-Jean aux Cantons de l’Est par Trois-Rivières) et par l’essor des transports aériens vers les autres provinces et les États-Unis et surtout vers les régions périphériques, notamment le nord, et les villes minières. Le principal axe de navigation est le Saint-Laurent, auquel la Voie maritime a donné une nouvelle importance.

La « Belle Province » est une des principales régions touristiques d’Amérique du Nord ; lieux de pèlerinage, sites, quartiers et monuments historiques, manifestations du caractère français, paysages naturels (Gaspésie, lacs et forêts) ou humanisés (campagnes de la vallée du Saint-Laurent ou du sud des Cantons de l’Est), chasse et pêche, sports d’hiver attirent des millions de touristes, des autres provinces et surtout des États-Unis.


Les régions

Les différences dans la répartition du peuplement et dans la nature et l’évolution des activités économiques permettent de diviser le Québec en régions économiques.

La région de Montréal, qui correspond à la plaine de Montréal, à la frange des Laurentides et à la bordure sud-ouest des Cantons de l’Est, rassemble 56 p. 100 de la population de la province et concentre la majeure partie de son industrie (67 p. 100 de la valeur de la production industrielle et 69 p. 100 des emplois dans l’industrie). Elle regroupe 30 p. 100 de la population agricole et c’est la principale région d’agriculture intensive. Avec les zones urbaines et industrielles de l’Ontario, la région de Montréal forme le heart-land canadien et l’un des grands foyers économiques d’Amérique du Nord. L’industrialisation et l’urbanisation de cette région se poursuivent à un rythme soutenu aux dépens du reste de la province.

Parmi les autres régions, il y a d’abord celles de Trois-Rivières, Sherbrooke et Hull (industries des pâtes et papiers, du cuir, du caoutchouc, de la construction mécanique et électromécanique ; agriculture en déclin), qui s’incorporent de plus en plus à la région centrale, polarisée autour de Montréal grâce au développement des transports.

Le reste de la province est constitué de « régions périphériques » : la rive sud du fleuve (région rurale et de petites villes), la Gaspésie (exploitation forestière, mines de cuivre, pêcheries, tourisme, agriculture très pauvre en voie de disparition) ; la région du lac Saint-Jean (une des principales zones traditionnelles d’agriculture, elle s’urbanise rapidement) et du Saguenay (industrie de la pâte et de l’aluminium), la Côte Nord, dont l’expansion se fait autour de quelques centres d’activité, Baie-Comeau (usine d’aluminium et port à céréales), Port-Cartier et Sept-Îles (ports miniers) enfin le nord-ouest, c’est-à-dire l’Abitibi et le Témiscamingue, région fondée d’abord sur l’exploitation minière et la colonisation agricole, qui n’a que peu d’industries (pâte, traitement du cuivre) et une agriculture en recul rapide. Toutes ces régions connaissent de graves difficultés : elles perdent leurs sources d’emplois traditionnelles sans en gagner de nouvelles, sauf en quelques centres urbains privilégiés.

L’agglomération québécoise tient une place à part parmi ces régions ; dans une zone peu peuplée et peu industrialisée, ne disposant elle-même que d’un faible pouvoir d’attraction, elle apparaît comme un îlot urbain dont l’économie est soutenue par les activités dérivant de la fonction de capitale.