Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
Q

Québec (province de) (suite)

L’économie

Dans le cadre de l’économie canadienne, le Québec apparaît comme le brillant second de l’Ontario, que l’on considère l’effectif de la population active (2 330 000 contre 3 130 000), celui des emplois industriels (520 000 contre 820 000), la valeur de la production industrielle (respectivement 13 et 24 milliards de dollars canadiens sur 46 pour tout le Canada) ou encore le revenu net de l’agriculture (182 et 414 M de dollars canadiens).


L’industrie

Elle emploie 25 p. 100 de la population active et doit son développement à la conjonction de facteurs favorables : traditions artisanales, main-d’œuvre nombreuse et longtemps docile, matières premières abondantes (bois, minéraux, produits de l’agriculture et de la pêche), ressources considérables en énergie hydraulique, tarifs protectionnistes établis par le Canada à diverses reprises, investissements américains en capitaux et en techniques. Certaines industries sont relativement anciennes ; ce sont d’abord la filature et le tissage de la laine et du coton (auxquels s’ajoutent aujourd’hui les textiles artificiels et synthétiques), la confection, le travail du cuir (chaussures), la préparation du tabac ; il s’agit de grandes entreprises réparties entre Montréal, Québec, les Cantons de l’Est et la basse Mauricie. Les industries alimentaires (2,3 milliards de dollars canadiens, dont 800 M de valeur ajoutée), sous forme de petites et moyennes entreprises, sont dispersées dans les régions agricoles : conserveries, laiteries et fromageries dans les basses terres et les Cantons de l’Est, sucreries dans la plaine de Montréal. La métallurgie de transformation est établie de longue date au Québec : construction mécanique (Montréal, Lachine, Cantons de l’Est), contruction navale (Montréal, Sorel, Lauzon), matériel ferroviaire (Montréal). L’industrie, ancienne aussi, de l’ameublement est localisée près des marchés urbains.

Parmi les industries nouvelles (grandes entreprises appartenant souvent au capital étranger), on distingue d’abord celles qui reposent sur l’abondance du bois et de l’énergie d’origine hydraulique, c’est-à-dire l’industrie des pâtes et papiers (le Québec tient le premier rang au Canada et produit 6,5 Mt de pâte et 5,5 Mt de papier, valant 1,3 milliard de dollars canadiens, dont 586 M de valeur ajoutée), localisée sur les cours d’eau, longtemps seules voies de transport du bois et fournisseurs d’électricité (Outaouais, Saint-Maurice, rivières des Laurentides, Saguenay, rivières de la Côte Nord) ; c’est aussi la production de l’aluminium (près de la moitié de la production canadienne ; à Shawinigan, Beauharnois, Isle-Maligne, Arvida, Baie-Comeau), ainsi que l’affinage du cuivre (Montréal, Noranda) et du zinc (Valleyfield). Les produits de la première transformation de ces trois métaux valent 1 milliard de-dollars (440 M de valeur ajoutée). Les besoins de l’économie moderne ont donné naissance aux industries chimiques (raffinage du pétrole, fabrication de plastiques, de caoutchouc, de peintures et vernis, d’huiles industrielles [1,2 milliard de dollars canadiens au total, dont 500 M de valeur ajoutée] ; Montréal-Est surtout, Sorel) et à la construction automobile (montage, pièces, moteurs, accessoires, pneus [près du principal marché, dans la région de Montréal]). Enfin, le Québec s’est doté d’industries à haute technicité qui produisent des avions (Canadair, près de Montréal, 6 000 employés), des équipements aéronautiques, des moteurs d’avion, des biens de production et de consommation électriques et électroniques (région de Montréal, Trois-Rivières, Québec). La production de toutes les industries utilisatrices de métaux (machines, appareils électriques, matériel de transport de toute nature) s’élève à 2 milliards de dollars canadiens, dont 1,4 de valeur ajoutée.

Il faut souligner la vulnérabilité de l’industrie québécoise. Tout d’abord, celle-ci produit plus de biens non durables que de biens durables (c’est l’inverse en Ontario) ; d’autre part, les industries de main-d’œuvre — textile, confection, construction navale — sont fortement menacées par la concurrence étrangère ; de plus, des industries, comme celles de l’aluminium, du papier, des avions, travaillent surtout pour des marchés extérieurs à la province et même au Canada, ce qui les soumet à la conjoncture internationale ; enfin, les filiales de firmes américaines sont les premières touchées en cas de récession. Il en résulte des variations importantes de l’emploi ; le Québec a le taux de chômage le plus élevé du Canada (8 p. 100 de la population active, plus de 10 p. 100 certaines années ; Ontario : 4 p. 100).

Le Québec ne produit ni charbon ni hydrocarbures (quoiqu’il possède peut-être du pétrole). En revanche, grâce aux précipitations, assez élevées ou très abondantes selon les régions, à une faible évaporation (due au climat et à la rétention nivale), à une superficie étendue et surtout aux débits puissants et pondérés par les lacs de cours d’eau au profil accidenté, le Québec est la province la mieux pourvue en ressources hydrauliques : 40 000 MW, soit la moitié de l’énergie potentielle en houille blanche de tout le Canada. Aussi, malgré la mise en service d’une centrale nucléaire (à Gentilly) et l’existence de centrales thermiques classiques, la production électrique du Québec (70 TWh, un tiers de celle du Canada) est-elle presque uniquement d’origine hydraulique (en Ontario, l’électricité d’origine thermique l’emporte sur celle d’origine hydraulique depuis 1971). Six bassins principaux se partagent 62,5 p. 100 d’une puissance totale de 14 000 MW : le Saint-Laurent (1 800 MW), la Bersimis, le Saguenay et le Saint-Maurice (1 500 chacun), l’Outaouais (1 300) et la Péribonca (1 100). Les centrales de la Manicouagan (1 300 MW) entrent progressivement en service et l’on projette d’équiper les tributaires de la baie James. L’excédent de production électrique (7 TWh en 1965, 5 TWh en 1970), actuellement vendu à l’Ontario et à l’État de New York, doit faire place à des achats : le Québec reçoit déjà une partie de l’électricité produite par le Churchill au Labrador terre-neuvien.