Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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psychologie (suite)

D’autres problèmes concernent les différences entre groupes de sujets tels que les hommes et les femmes, les enfants issus de catégories socioprofessionnelles différentes, etc. Le traitement statistique permet toujours de constater dans ces travaux que de larges recouvrements existent entre de tels groupes : de nombreux individus appartenant au groupe dont la moyenne est la plus faible sont supérieurs à la moyenne observée dans l’autre groupe. C’est un fait qui a d’importantes conséquences théoriques et pratiques.

L’origine des différences individuelles a fait l’objet de nombreux travaux. Beaucoup ont utilisé la comparaison des ressemblances observées entre jumeaux monozygotes (qui ont le même patrimoine génétique) d’une part, entre jumeaux dizygotes ou entre frères d’autre part. La discussion des résultats est parfois perturbée par des prises de position extra-scientifiques. L’existence de déterminants héréditaires ne peut guère faire de doute. Mais les facteurs de milieu interviennent toujours dans la marge des possibilités laissées ouvertes par ces déterminants.

La psychologie différentielle a connu très tôt de nombreuses applications en orientation scolaire et professionnelle, en psychopédagogie, en sélection professionnelle (notamment pour les postes dans lesquels les erreurs commises peuvent entraîner des accidents graves).


La psychologie de l’enfant

Les observations pratiquées sur le développement psychologique de l’enfant* peuvent, elles aussi, offrir soit une méthode à la psychologie générale (méthode « génétique »), soit un domaine propre dont l’enfant constitue l’objet. Dans l’un et l’autre cas, ces observations doivent être réalisées dans des conditions suffisamment précises pour être répétables et donc vérifiables. Dès les premières heures de vie, certaines réactions aux sons, aux lumières peuvent être observées selon des procédures systématiques. Le développement de la motricité, de l’intelligence, du langage, des réactions à l’égard des personnes font ultérieurement l’objet d’autres séries d’observations utilisant des moyens qui sont souvent techniquement identiques à ceux qui ont été évoqués à propos de la psychologie différentielle. Beaucoup de psychologues de l’enfance ont présenté leurs observations suivant une organisation en périodes, ou « stades ». Chaque stade constitue un équilibre provisoire atteint par les différentes fonctions à un moment de leur développement.

De telles descriptions du développement peuvent être considérées comme une méthode permettant d’expliquer les grandes fonctions psychologiques considérées dans leur état achevé. C’est dans cette perspective que s’inscrivent par exemple les travaux réalisés à Genève sous la direction de Jean Piaget* en ce qui concerne l’intelligence. Pour cette école, tout le développement intellectuel constitue une marche progressive vers l’édification de structures d’opérations logiques réversibles, une marche vers l’équilibre dont ces structures témoignent dans leur état achevé. Des schèmes sensori-moteurs se construisent d’abord, tels celui de l’objet-à-sucer, de l’objet-rond, etc., par un double processus d’assimilation et d’accommodation : un objet nouveau est assimilé à une structure de réactions antérieurement édifiée et qui constitue le schème ; les échecs partiels des réactions ainsi déclenchées entraînent une accommodation de ce schème à l’objet nouveau. Puis apparaît la pensée opératoire concrète portant sur des manipulations actuelles. Ces opérations concrètes deviennent réversibles : l’enfant apprend à considérer comme une évidence qu’une boulette de plasticine ne contient ni plus ni moins de matière après avoir été étalée puisqu’il est possible de la remettre sous sa forme primitive. Enfin, ces opérations réversibles s’organisent en structures de plus en plus étendues et s’appliquent à des données non actuelles (des hypothèses, d’autres opérations, etc.).

Si l’on prend l’enfant lui-même comme objet d’étude, on sera conduit à insister davantage sur les différentes possibilités manifestées à chaque niveau du développement, sur l’organisation des périodes d’équilibre provisoire jalonnant ce développement, sur les facteurs qui accélèrent ou qui ralentissent l’évolution intellectuelle, affective, sociale d’enfants particuliers. Ces études peuvent comporter une évaluation individuelle plus précise du niveau de développement, à l’aide d’échelles de niveau (A. Binet et T. Simon, etc.) permettant de connaître quelles sont les réactions les plus fréquentes chez les enfants d’un âge donné placé dans une situation donnée et, par voie de conséquence, le degré d’« avance » ou de « retard » d’un enfant particulier. Elles peuvent comporter aussi un effort pour saisir de façon globale ce qui fait l’unité de chaque étape de l’enfance, telle qu’elle est vécue par chaque enfant. Cette orientation peut être qualifiée de « clinique ».

La psychologie de l’enfant fait l’objet de nombreuses applications dans tout le domaine éducatif, quel que soit l’âge des enfants considérés ou, éventuellement, le type de difficultés d’adaptation qu’ils éprouvent à l’égard de la vie familiale, scolaire ou sociale.


La psychologie des malades et des inadaptés

Le psychologue praticien est souvent concerné, de façon générale, par les difficultés d’adaptation dont il vient d’être question à propos de l’enfant. Les méthodes qu’il utilise dans ces cas se qualifient souvent de « cliniques », mais ce mot peut prendre des sens extrêmement différents. Il évoque en général une série plus ou moins prolongée de contacts individuels entre le psychologue et le sujet, l’accent étant souvent mis sur la qualité de la relation qui s’établit entre eux. Cette étude approfondie de cas individuels utilise toujours l’entretien comme méthode de base, entretien pouvant être conçu de façon différente par des psychologues d’orientation différente. Elle peut utiliser aussi des épreuves psychologiques « métriques », du type de celles qui ont été évoquées à propos de la psychologie différentielle. Mais, le plus souvent, les épreuves utilisées ici ne sont pas fondées sur une méthodologie aussi rigoureuse. Ce peut être des « épreuves projectives » dans lesquelles on invite le sujet à dire comment il perçoit un matériel sans signification propre, des taches d’encre par exemple. Le psychologue clinicien s’efforce de déduire de ces réponses des indications sur la personnalité de celui qui les fournit. Les possibilités de vérification de telles interprétations sont très limitées.