Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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psychologie (suite)

La psychologie sociale

Les travaux de psychologie sociale peuvent se dérouler en laboratoire, sur de petits groupes de sujets dont l’organisation interne, les conditions d’activité, etc., peuvent être modifiées par l’expérimentateur aussi aisément qu’il est possible. Ils peuvent se dérouler sur le terrain, au sein de collectivités sociales « naturelles », dans des conditions plus réalistes, mais beaucoup plus difficiles à contrôler à des fins expérimentales.

Certains travaux de laboratoire ont porté sur les communications entre les membres d’un groupe. Les personnes qui constituent ce groupe sont, par exemple, invitées à communiquer par des messages écrits que l’expérimentateur peut observer et même modifier. On peut ainsi étudier l’effet de certaines conditions telles que le fait d’annoncer aux participants qu’ils constituent un groupe particulièrement homogène (ou hétérogène), qu’un expert de la question discutée se trouve parmi eux, etc. Les travaux sur la coopération et la compétition peuvent utiliser des situations voisines, ou d’autres plus concrètes : les participants sont invités à effectuer une certaine tâche dans des conditions permettant d’observer et de modifier éventuellement leur tendance à coopérer ou à rivaliser. L’activité de groupes sans chef a pu permettre d’étudier le « leadership », la fonction de direction. L’influence d’un groupe sur chacun de ses membres a été analysée expérimentalement par différents moyens : activités solitaires comparées aux mêmes activités réalisées en public, utilisation d’un groupe composé de plusieurs « compères » collaborant avec l’expérimentateur et d’un seul sujet « naïf », qui peut ainsi être placé dans des situations sociales bien définies et modifiables à volonté. Dans une perspective différente, on a pu étudier les conduites de personnes issues de milieux sociaux différents en vue de mettre en évidence l’effet de ces milieux « naturels ». Ainsi, une pièce de monnaie paraît en général plus grande qu’un disque de carton ayant le même diamètre. Mais cette surestimation est plus forte chez des enfants issus de milieux sociaux défavorisés. Les déformations introduites par un dispositif physique approprié sont perçues de façon plus ou moins forte selon les relations sociales qui existent entre le sujet et les personnes dont l’image lui est présentée.

La psychologie sociale « sur le terrain » n’est pas nécessairement une psychologie appliquée. Elle peut porter sur des problèmes théoriques, tels que la notion de « rôle », modèle imposé à l’individu par le groupe social auquel il appartient et suscitant de la part des membres de ce groupe certaines attentes. La notion d’« attitude », état dans lequel le sujet est préparé à réagir d’une certaine façon à une certaine situation, a également fait l’objet d’études sur le terrain. Le psychosociologue peut pratiquer aussi sur le terrain la « recherche participante » en s’associant à des activités au cours desquelles il effectue des observations : campagne contre la ségrégation raciale, organisation d’un club d’enfants, etc.

La psychologie sociale comporte un grand nombre d’applications proprement dites : relations humaines dans les entreprises, conduite des discussions, publicité ou propagande, sondages d’opinion, etc.


La psychologie différentielle

La psychologie différentielle est concernée par l’étude des différences que l’on observe dans les conduites de plusieurs individus placés dans la même situation. Il est donc nécessaire, dans ce domaine, d’utiliser des situations très précisément définies pouvant être reproduites pour tous les individus examinés. Différentes procédures d’observation ou d’entretien peuvent respecter cette règle de façon plus ou moins satisfaisante. Mais ce sont les tests psychologiques (ou au moins certains d’entre eux) qui satisfont le mieux à cette exigence. Ils proposent aux sujets des tâches pouvant être diverses (échelles globales d’intelligence fournissant un « âge mental », un « quotient d’intelligence » ; tests d’aptitudes spatiales, verbales, numériques, tests d’acuité sensorielle, de coordination sensori-motrice, etc.) dans des conditions bien précisées et qui permettent une description quantitative des résultats obtenus. Cette dernière condition est nécessaire, car l’étude et l’interprétation des différences observées exigent l’élaboration d’un grand nombre de résultats individuels, et cette élaboration ne peut se faire que statistiquement. La vérification même des qualités des instruments d’observation implique de telles élaborations statistiques : on vérifie qu’une corrélation suffisante existe entre deux applications du même test aux mêmes sujets (fidélité) ou entre les résultats du test et un critère extérieur permettant de définir la signification de l’épreuve (validité), etc. Les divers problèmes à propos desquels des données différentielles sont utilisées exigent également l’emploi do méthodes statistiques.

Certains de ces problèmes concernent l’organisation des différences individuelles. On constate en effet que les supériorités (ou infériorités) observées dans certains domaines ne sont pas indépendantes des supériorités (ou infériorités) observées dans certains autres. Par exemple, les individus réussissant bien dans une tâche verbale (telle que trouver les contraires d’adjectifs donnés) obtiennent en moyenne un résultat relativement supérieur dans d’autres tâches verbales (trouver des synonymes, etc.). Tout se passe comme si la réussite dans l’ensemble des tâches verbales était placée sous la dépendance d’un facteur commun de réussite. Une méthode statistique, l’analyse* factorielle, permet d’étudier ainsi ce que l’on a appelé la « structure des aptitudes* humaines ». On voit que l’étude des différences individuelles n’est ici qu’une méthode permettant d’établir des constats qui valent pour l’ensemble de la population et qui relèvent donc de la psychologie générale.