Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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psycholinguistique (suite)

Les recherches plus récentes s’efforcent de mettre en évidence l’organisation sémantique de la mémoire humaine et les processus qui s’y déroulent. La forme sous laquelle l’information serait stockée permettrait, à partir d’indices partiels, de chercher et de retrouver en mémoire un mot précis. Ces indices peuvent être une lettre, une syllabe, la longueur du mot, une association verbale, une image, etc.


Acquisition du langage

Les recherches en psychologie génétique ont d’abord décrit, en fonction des catégories du modèle de l’adulte, les étapes successives des productions linguistiques de l’enfant. Au cours du développement, on note d’abord des productions vocales sans signification, simples jeux articulatoires préalables à la maîtrise du système phonologique de la langue. Vers neuf mois apparaît l’utilisation de mots, puis de phrases, pour atteindre au système à peu près constitué vers l’âge de quatre ans. (V. langage.)

L’interprétation de ces recherches se heurte à une double difficulté : a) peut-on différencier ce qui est acquis par apprentissage, au contact de l’environnement physique et social, de ce qui est la conséquence du seul processus physiologique de maturation du système nerveux ? b) peut-on déterminer si les comportements observés dépendent de l’acquisition du langage ou de l’acquisition d’autres fonctions psychologiques qui se développent de façon synchrone ? En d’autres termes, est-il possible d’isoler la fonction linguistique des fonctions cognitives ?

La rapidité de l’acquisition d’un système aussi complexe que le langage est un argument utilisé en faveur d’une prédétermination physiologique à de telles structures. On retrouve ici l’hypothèse d’une compétence linguistique biologiquement inscrite dans le système nerveux humain, hypothèse formulée par N. Chomsky (1968). Le facteur principal qui régirait l’acquisition serait alors la maturation physiologique. Cependant, selon l’interprétation de H. Wallon* et de J. Piaget*, c’est à partir des schémas sensori-moteurs que s’amorceraient des coordinations d’actions, immédiates d’abord, imitées puis différées, qui permettraient le développement de la fonction symbolique (vers dix-huit mois-deux ans). Cette fonction suppose l’existence de représentations qui introduisent une différenciation entre signifiants et signifiés et qui sont, par conséquent, préalables à l’apparition du langage. Ainsi, l’acquisition du langage comme le développement des fonctions cognitives seraient solidaires du développement de la fonction symbolique. Cette interprétation insiste sur les processus d’interaction entre l’organisme humain (avec son équipement neurologique inné) et son environnement physique et social, où figure le langage.


Pathologie du langage

Les troubles du langage peuvent être la conséquence de troubles plus généraux : la débilité profonde ne permet pas d’atteindre à la maîtrise complète du langage, les psychoses désorganisent l’activité mentale générale et par suite les productions verbales des sujets.

Ils peuvent aussi être des troubles spécifiques, en relation le plus souvent avec des lésions organiques de l’hémisphère gauche. Les cliniciens distinguent les troubles liés aux lésions des appareils périphériques (système auditif, système articulatoire) des troubles neurologiques d’origine centrale, connus sous le nom d’aphasies*. Pour cette dernière catégorie de troubles, les études neuropsychologiques mettent en évidence la relation entre la localisation précise des lésions et les différents troubles observés et décrits en termes linguistiques (troubles de la dénomination, troubles syntaxiques...). Ces travaux ont permis de jeter les bases d’une « cartographie » centrale du langage humain, essentiellement descriptive, sans qu’une théorie plus complète du fonctionnement du système nerveux central soit élaborée.

D. D.

 F. de Saussure, Cours de linguistique générale (Payot, 1916 ; nouv. éd., 1972). / L. Bloomfield, Language (New York, 1933, nouv. éd., Londres, 1965 ; trad. fr. le Langage, Payot, 1970). / H. Wallon, l’Évolution psychologique de l’enfant (A. Colin, 1941). / J. Piaget, la Formation du symbole chez l’enfant (Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, 1945). / C. E. Shannon et W. Weaver, Mathematical Theory of Communication (Urbana, Illinois, 1949). / G. A. Miller, Language and Communication (New York, 1951 ; trad. fr. Langage et communication, P. U. F., 1956). / C. E. Osgood et T. A. Sebeok (sous la dir. de), Psycholinguistics (Baltimore, 1954) ; Psycholinguistics. A Survey of Psycholinguistic Research, 1954-1964 (Bloomington, Indiana, 1965). / N. Chomsky, Syntactic Structures (Mouton, 1957 ; trad. fr. Structures syntaxiques, Éd. du Seuil, 1969) ; Aspects of the Theory of Syntax (Cambridge, Mass., 1965 ; trad. fr. Aspects de la théorie syntaxique, Éd. du Seuil, 1971) ; Language and Mind (New York, 1968 ; trad. fr. le Langage et la pensée, Payot, 1970). / Problèmes de psycholinguistique (P. U. F., 1963). / F. Bresson, J. Jodelet et G. Mialaret, Langage, communication et décision, t. VIII du Traité de psychologie expérimentale, sous la dir. de P. Fraisse et J. Piaget (P. U. F., 1965). / H. Hécaen et R. Angelergues, Pathologie du langage (Larousse, 1965). / J. Mehler (sous la dir. de), Psycholinguistique et grammaire générative, numéro spécial de Langages (Larousse, 1969). / G. Flore d’Arçais et W. J. M. Levelt (sous la dir. de), Advances in Psycholinguistics (Amsterdam, 1970). / J. M. Peterfalvi, Introduction à la psycholinguistique (P. U. F., 1970). / H. Hörmann, Psychologie der Sprache (Berlin et Heidelberg, 1971 ; trad. fr. Introduction à la psycholinguistique, Larousse, 1972). / P. Oléron, Langage et développement mental (Dessart, Bruxelles, 1972). / T. Slama-Cazacu, la Psycholinguistique (Klincksieck, 1972). / J. Mehler et G. Noizet (sous la dir. de), Textes pour une psycholinguistique (Mouton, 1974).

psychologie

Anciennement, branche de la philosophie concernée par l’étude de l’âme. Actuellement, science ayant pour objet l’étude des conduites des organismes.