Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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prothèse (suite)

Pour les prothèses internes, divers matériaux sont utilisés :
— le métal, essentiellement un alliage inoxydable (contenant du nickel, du chrome, du vanadium et parfois du molybdène), dont la principale qualité est la stabilité et la neutralité en milieu biologique (d’où une parfaite tolérance, mais l’inconvénient majeur étant un mauvais coefficient de frottement) ;
— les silicones, maintenant bien au point et dont la tolérance est excellente (on les utilise sous leurs trois formes : liquide [en injection sous-cutanée pour aplanir les rides], en gel [dans des sacs préformés pour se substituer à la glande mammaire], solide [la pièce nécessaire est soit préformée (articulation digitale), soit découpée dans le bloc au moment de l’usage]) ;
— les tissus synthétiques, disponibles en feuilles ou en tubes, en velours ou tissés ;
— enfin, plus accessoirement, les résines polymérisables, qui sont rarement utilisées en tant que telles, mais plutôt pour sceller dans le canal médullaire d’un os une prothèse métallique.


Les accidents

L’un, capital, est l’infection, car un tissu infecté a une tendance immanquable à rejeter tout corps étranger, et la guérison ne peut s’obtenir qu’au prix de l’ablation de celui-ci, ce qui est parfois dramatique. L’infection apparaît habituellement dans les suites opératoires proches, et le diagnostic en est rapidement établi.

L’autre, grave, est l’intolérance, qui, à vrai dire, est une manifestation qui se rencontre rarement avec les matériaux actuels, et la plupart des intolérances ne sont, en réalité, que des rejets par infection larvée et masquée par les antibiotiques.

L’intolérance persistante impose une ablation du matériel, et le contrôle bactériologique effectué à cette occasion donnera souvent la véritable étiologie.

La rupture de la prothèse ou son descellement peuvent se produire ; c’est rarement le matériel qui est en cause ; le plus souvent, celui-ci travaille dans des conditions mécaniques défavorables.

Un incident est, cependant, à noter : c’est l’usure des pièces mécaniques qui travaillent, avec la libération de petits fragments de silicones faisant corps étrangers.


Les principaux types de prothèses

On ne saurait décrire toutes les variétés de prothèses, tant elles sont nombreuses, mais on prendra un exemple dans chaque catégorie pour en faire saisir la conception et le mode d’emploi.


Les prothèses d’amputation

• Prothèses fonctionnelles. Ce furent les premières utilisées pour les membres inférieurs. Progressivement, le simple élément d’appui s’est perfectionné pour devenir jambe artificielle, avec articulation à cliquet en place du genou, permettant d’imiter en presque tout point une jambe normale pour la marche, la station assise, etc.

Le type et le mode de solidarisation de la prothèse au moignon dépendent, bien entendu, du niveau d’amputation, mais aussi de la qualité du moignon. La tendance actuelle est de remplacer les courroies et les sangles par un système à succion beaucoup moins encombrant.

Au membre supérieur, le problème est beaucoup plus complexe en raison de la fonction de la main.

On s’oriente actuellement vers l’utilisation de prothèses avec terminal amovible, qui est choisi en fonction de l’utilisation que l’on peut faire : crochet, pince, palette, etc. C’est seulement un pis-aller, mais qui permet au travailleur de retrouver un métier, et donc son indépendance.

Des expériences ont été faites pour reconstituer une main portant des micromoteurs électriques animant des doigts et munie d’un système de coupure automatique, lorsque la pression exercée sur l’objet est suffisante pour le retenir. Il s’agit d’études expérimentales qui ne sont pas encore entrées dans l’utilisation pratique, mais il est certain qu’il y a là une voie d’avenir.

C’est dans le cadre des prothèses fonctionnelles après destruction ou altération, organique ou physiologique, d’une fonction que se place la prothèse auditive. C’est un appareil amplificateur de sons, que les progrès électro-acoustiques miniaturisent de plus en plus. On l’utilise dans les surdités de transmission, mais aussi dans les surdités de perception et dans les surdités mixtes.

Les lentilles cornéennes et les verres de contact sont également qualifiés de prothèses par leurs applicateurs.

• Prothèses esthétiques. Le but est d’imiter aussi fidèlement que possible l’organe retiré (doigt, oreille, nez...). On est actuellement arrivé dans ce domaine, grâce aux nouveaux matériaux, à un degré avancé de perfection, imitant en tout point la couleur de la peau, les veines superficielles, le système pileux...

Ces prothèses sont maintenues en place soit à l’aide de colle (oreille), soit par simple adhérence (doigt).

L’important problème psychologique qui se pose est celui de l’accoutumance du malade à sa prothèse, car, si, dans les mois qui suivent l’amputation, il la porte régulièrement, l’expérience montre qu’avec le temps il l’utilise de moins en moins, sauf dans des circonstances bien particulières. Il semble donc que l’amputé, après avoir voulu cacher son état, en ait pris son parti et préfère se montrer tel qu’il est plutôt que de subir les servitudes régulières d’une prothèse.

Les prothèses dentaires sont à la fois esthétiques et fonctionnelles ; elles permettent la reconstitution d’une dent partiellement détruite, le remplacement d’une ou de plusieurs dents absentes, la correction de troubles dentaires ou osseux.


Les prothèses osseuses et articulaires

Le remplacement d’un important fragment osseux, voire de toute une articulation est maintenant réalisable de façon courante. C’est la voie prise par la chirurgie des rhumatismes.

Pour le remplacement de la tête ou du col fémoral, qu’il s’agisse d’une fracture cervicale vraie ou d’une coxarthrose, on utilise une prothèse métallique, qui peut être posée isolément ; elle s’articule alors avec le cotyle physiologique, mais celui-ci peut être aussi remplacé par un cotyle soit en métal, soit de préférence en produit de synthèse à faible coefficient de frottement.

La prothèse totale de la hanche est maintenant bien au point et, à condition d’en bien peser les indications, elle donne d’excellents résultats.

On remplace aussi les articulations du genou, ou du coude en mettant en place deux pièces métalliques scellées (avec une résine de synthèse polymérisable à froid) dans le canal médullaire et qui sont articulées entre elles autour d’un axe riveté.

Pour les petites articulations, doigt en particulier, on utilise une pièce préformée en silicone, dont l’élasticité tient lieu d’amplitude articulaire. De telles prothèses sont également utilisées pour remplacer un os absent ou retiré (trapèze, semi-lunaire, scaphoïde, etc.).