Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

protestantisme (suite)

Piété

Il faut encore ajouter qu’en raison même de l’importance centrale qu’il reconnaît à l’Écriture, le protestantisme vit entièrement centré sur sa lecture, sa méditation et son explication. On connaît la célèbre description d’André Gide : « Je partis sur la route au hasard, et me décidai à frapper à la porte d’un mas assez grand... Soudain je remarquai sur une sorte d’étagère une grosse Bible, et, comprenant que je me trouvais chez des protestants... L’aïeul ouvrit le Livre saint et lut avec solennité un chapitre des Évangiles, puis un psaume : après quoi chacun se mit à genoux devant sa chaise... » (Si le grain ne meurt.)

La piété personnelle, familiale et communautaire du protestantisme tourne autour de la Bible, mise très tôt entre les mains des enfants, donnée au couple dont l’union vient d’être bénie, commentée au cours de services qui sont, avant tout, des « liturgies de la Parole », ou d’études bibliques dont la faveur se maintient, étonnamment, au niveau des paroisses ou des groupes de jeunes, lue avec méthode en suivant des plans annuels prévoyant pour chaque jour un ou plusieurs textes. Longtemps, le culte protestant a été essentiellement une explication et une application d’un passage de l’Écriture : les réformateurs prêchaient quotidiennement, souvent deux fois dans la même journée et durant environ une heure. Actuellement encore, la prédication a une place centrale dans des assemblées dominicales qui, cependant, ont retrouvé et développent de façon très vivante le sens de la liturgie et voient une célébration eucharistique de plus en plus fréquente (le baptême est, dans la règle, célébré lui aussi au cours du culte dominical).


Bilan et perspectives

Le protestantisme est né de la redécouverte de l’importance décisive de l’Écriture pour l’Église ; on peut dire que, depuis plus de quatre siècles, son inlassable interpellation a profondément marqué le catholicisme et n’est pas étrangère à l’extraordinaire renouveau biblique qui s’est manifesté en celui-ci depuis un demi-siècle. Actuellement, non seulement les spécialistes, mais encore nombre de pasteurs et de laïques de toutes confessions se retrouvent autour de l’Écriture, dans l’attente jamais déçue d’une Parole vivante pour le temps présent. La vitalité des mouvements d’étude biblique est le signe le plus encourageant pour tous ceux qui ont le souci de l’avenir du témoignage chrétien.

G. C.

➙ Bible / Calvin (J.) / Christianisme / Églises protestantes / Liturgie / Luther (M.) / Œcuménisme / Réforme / Testament (Ancien et Nouveau) / Théologie protestante.

 K. Barth, Das Wort Gottes une die Theologie (Munich, 1924 ; trad. fr. Parole de Dieu et parole humaine, les Bergers et les mages, 1966). / R. Bultmann, Jésus (Berlin, 1926, nouv. éd., Tübingen, 1951 ; trad. fr., Éd. du Seuil, 1968) ; Glauben und Verstehen (Tübingen, 1933, nouv. éd., 1964-65, 4 vol. ; trad. fr. Foi et compréhension, Éd. du Seuil, 1969-70, 2 vol.). / H. Strohl, la Substance de l’Évangile selon Luther (la Cause, Carrières-sous-Poissy, 1934) ; Luther jusqu’en 1520 (P. U. F., 1962). / R. de Pury, R. Chapal et C. Foltz, l’Argile et le maître potier (Impr. réunies, Valence, 1944). / S. de Diétrich, le Renouveau biblique (Delachaux et Niestlé, 1945) ; le Dessein de Dieu (Delachaux et Niestlé, 1949). / R. de Pury, Que veut dire la Bible ? (Messageries évangéliques, 1946). / F. Wendel, Calvin, sources et évolution de sa pensée religieuse (P. U. F., 1950). / R. de Pury, R. Chapal et R. Jeanneret, Je suis le Seigneur ton Dieu (Delachaux et Niestlé, 1955). / E. G. Léonard, Histoire générale du protestantisme (P. U. F., 1961-1964 ; 3 vol.). / R. Marlé, le Problème théologique de l’herméneutique (Éd. de l’Orante, 1963 ; nouv. éd., 1968). / H. Zahrnt, Die Sache mit Gott. Die protestantische Theologie im zwanzigsten Jahrhundert (Munich, 1966 ; trad. fr. Aux prises avec Dieu. La théologie protestante au xxe siècle, Éd. du Cerf, 1969). / H. Roux (sous la dir. de), Points de vue de théologiens protestants (Éd. du Cerf, 1967). / F. Delteil, R. Mehl, G. Richard-Mollard et coll., le Protestantisme, hier, demain (Buchet-Chastel, 1974).

prothèse

Appareillage capable de remplacer partiellement ou totalement un organe ou un membre en reproduisant sa forme et, si possible, sa fonction.



Introduction

Les prothèses ont quitté le simple domaine substitutif de la fonction — le pilon de jambe de jadis —, pour devenir maintenant un accessoire important et utilisé avec une fréquence croissante par les techniques nouvelles de chirurgie, où le remplacement de l’organe, de la « pièce défaillante » se fait presque régulièrement, à la condition, cependant, d’en savoir poser l’indication avec soin et compétence. C’est là la grande découverte de la chirurgie moderne, et il est certain que ce chemin à peine entrouvert ira en s’élargissant, puisque, parmi divers travaux, des cœurs totalement artificiels sont actuellement à l’étude.

S’il est usuel de classer les prothèses en externes (appareillage d’amputation) et en internes (tête métallique du fémur par exemple), il semble préférable, plutôt que de se référer à la topographie, d’adopter une classification suivant la fonction. Quatre grands groupes peuvent être ainsi isolés :
— les prothèses d’addition (ex. : glandes mammaires) ;
— les prothèses de substitution (ex. : dent) ;
— les prothèses de fonction (ex. : valve cardiaque) ;
— les prothèses esthétiques (ex. : remplacement d’un doigt amputé).


Les matériaux utilisés

Ceux-ci doivent obéir à des critères extrêmement sévères : non-toxicité ; parfaite tolérance ou neutralité biologique, c’est-à-dire ne pas entraîner de formation de tissus fibreux réactionnels ; résistance mécanique à des contraintes répétées (c’est ainsi que, pour une prothèse valvulaire cardiaque, celle-ci subit des contraintes au rythme de 80 par minute environ, et il ne saurait être question de la changer fréquemment) ; indestructibilité.

Toutes ces conditions expliquent que la mise au point en soit longue et difficile, et qu’une expérimentation prolongée soit nécessaire avant de commencer l’utilisation clinique.