Procordés (suite)
Plusieurs caractères distinguent les Procordés des Vertébrés. On observe la présence d’un endostyle, gouttière formée de cellules ciliées situées sur la ligne médioventrale du pharynx (avec une exception, l’endostyle existant aussi chez un Vertébré, la larve ammocète de la Lamproie) ; les fentes branchiales ne s’ouvrent pas à l’extérieur, mais dans une cavité péripharyngienne ; le squelette ainsi que les membres pairs sont absents ; le cerveau est simple et non différencié en segments ; les sacs cœlomiques mésodermiques qui flanquent de chaque côté la corde sont complètement divisés par des cloisons successives chez les Procordés, de sorte qu’il y a une paire de ces sacs par segment ; la partie supérieure de chaque sac donne un myotome d’où dérivent les muscles, et la partie inférieure donne le cœlome péri-intestinal. Chez les Vertébrés, les sacs cœlomiques ne sont individualisés que dans la partie dorsale, qui fournit les vertèbres et les muscles ; la partie ventrale reste indivise et donne la plaque latérale d’où proviendra le tissu conjonctif.
Origine de la notion de Procordé
Pendant longtemps, la séparation entre Invertébrés et Vertébrés est apparue comme absolue, aucun type de transition n’étant connu. Or, les travaux de plusieurs zoologistes, et en particulier du Russe Aleksandr Onoufrievitch Kovalevski (1867), ont montré que l’Amphioxus* présente dans son développement des caractéristiques considérées jusque-là comme spéciales aux Vertébrés ; d’autre part, les recherches de ce même auteur sur les Ascidies révélaient des affinités avec l’Amphioxus en ce qui concerne les formes larvaires. Ces travaux furent accueillis avec enthousiasme par les darwinistes, qui voyaient là la preuve de l’origine des Vertébrés dans un groupe d’Invertébrés. Les recherches acharnées entreprises sur l’Amphioxus et sur les Tuniciers en vue d’apporter des arguments à l’idée d’évolution font que ces animaux sont parmi les mieux étudiés, y compris dans les moindres détails.
Tous ces travaux amènent sans aucun doute possible à la notion de Cordé. Mais le rapprochement dans un groupe des Procordés d’animaux aussi différents que l’Amphioxus et les Tuniciers doit faire l’objet d’un examen critique.
Les caractères communs aux deux groupes de Procordés, Amphioxus et Tuniciers, sont soit des caractères présents seulement à l’état larvaire (la corde disparaît chez l’adulte des Tuniciers, sauf chez les Appendiculaires), soit des caractères négatifs. Les divergences entre les deux groupes sont profondes : citons par exemple l’absence de métamérie chez les Tuniciers, les particularités biochimiques très spéciales de chaque groupe, le fait que beaucoup de Tuniciers sont des organismes coloniaux capables de bourgeonnement, la localisation de la corde dans la queue des Tuniciers, alors qu’elle, s’étend chez l’Amphioxus sur toute la longueur du corps.
Pour toutes ces raisons, on admet que les Tuniciers et les Céphalocordés constituent deux groupes indépendants ; ils ne sont pas des ancêtres des Vertébrés, mais représentent simplement deux rameaux latéraux qui ont évolué indépendamment. À partir d’un ancêtre des Cordés (qui nous est inconnu en l’absence de restes fossiles), trois phylums évolutifs ont mené aux Tuniciers, à l’Amphioxus et aux Vertébrés.
R. D.