Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Primaire (suite)

La vie à l’ère primaire

• Le Paléozoïque voit d’abord le peuplement des aires marines par les Invertébrés*. Au début du Primaire, il n’y a ni végétal ni Vertébrés, mais une faune très variée témoignant d’une occupation totale du domaine marin et d’une adaptation aux divers milieux de vie de ce domaine. L’intérêt de l’étude de ces faunes est actuellement une compensation à l’insuffisance de nos connaissances quant à l’origine et à la diversification des principaux embranchements.

Au début de cette longue ère, la vie existe seulement dans les mers : celles-ci sont extraordinairement riches pour ce qui nous semble être « un début » (soit 1 500 espèces d’Invertébrés). Bientôt vont se multiplier les embranchements, les classes, les genres.

1. On trouve ainsi des groupes « exclusifs » ayant vécu seulement au Primaire, ou même dans une partie du Primaire.

Les Archæocyathidés sont proches des Spongiaires*, ils édifient des calcaires, ils ne sont connus qu’au Cambrien. Dès le Cambrien inférieur, les Trilobites*, Arthropodes* bien différenciés et hautement organisés, sont nombreux. Ils évoluent, avec des relais au niveau des familles, à travers tout le Paléozoïque et ils s’éteignent au Permien après un long déclin de 200 millions d’années. Bons exemples d’adaptation aux conditions extérieures, certains nagent, d’autres rampent sur le fond ou fouissent. Les Graptolites* marquent l’Ordovicien et le Silurien. Voisins du groupe des Stomocordés, ils ont peut-être une origine à rapprocher de celle des Cordés (et par là des futurs Vertébrés). Fixés à des Algues flottantes ou pélagiques, ils ont eu une vaste répartition géographique ; les espèces nombreuses se sont succédé dans le temps ; elles permettent une bonne zonation biostratigraphique.

Parmi les Foraminifères*, les Fusulinidés caractériseront certaines zones du Carbonifère et du Permien. D’autres groupes énigmatiques ont pullulé (Chitinozoaires, Acritarches, Conodontes, etc.). Bien que leur position dans l’échelle zoologique ou dans le monde végétal soit encore mal élucidée et qu’ils aient été sans descendance, ils n’en présentent pas moins un intérêt dans la recherche du passionnant problème des relations entre les principaux embranchements primitifs.

2. Dans certains embranchements, certains groupes, certaines familles connaissent leur apogée au Primaire ; ils déclineront par la suite, donnant des formes « reliques », ou pourront disparaître.

Ainsi, l’embranchement des Échinodermes compte alors plus d’une douzaine de classes, dont beaucoup sont actuellement disparues (Cystoïdes, Blastoïdes, Carpoïdes). Certains Carpoïdes sont actuellement considérés comme un groupe archaïque de Cordés. Les Céphalopodes* vont connaître un épanouissement précoce à partir de l’Ordovicien ; les Orthocératidés auront une survivance de 200 millions d’années (les Nautiles se développeront durant tout le Paléozoïque supérieur). Les Ammonoïdés (v. Ammonites) seront représentés par les Goniatites (grande importance au Dévonien, apogée au Carbonifère). Les représentants des Brachiopodes* sont également particulièrement abondants au Primaire supérieur. Les Cœlentérés* sont représentés par des formes spéciales de Madréporaires (dès l’Ordovicien), soit des Polypiers solitaires, soit des Tabulés coloniaux, contribuant avec des Stromatoporidés à l’élaboration d’importantes séries récifales.

3. Dans d’autres groupes, les représentants sont nombreux, mais ils sont encore relativement primitifs. Ils connaîtront l’épanouissement dans des temps plus récents : par exemple Gastropodes*, Lamellibranches.

• Le Paléozoïque connaît par la suite une autre étape importante dans l’histoire de la vie : le développement des Vertébrés*. Les premiers Vertébrés connus apparaissent au Silurien ; ce sont des Agnathes* (Vertébrés sans mâchoires) comme le Jamoytius, ou comme les Ostracodermes, formes cuirassées. Au Dévonien se développent les Gnathostomes : Poissons cuirassés (Placodermes), Sélaciens*, Poissons à double système respiratoire (Dipneustes*) et Crossoptérygiens*.

• C’est alors la colonisation du milieu continental, le passage de la vie aquatique à la vie terrestre. La conquête des terres émergées se fait peu à peu, d’abord par le développement des plantes supérieures : les lagunes dévoniennes se peuplent de petits Cryptogames vasculaires, les Psilophytes (telles les Rhyniales du Dévonien d’Écosse vivant dans des sortes de tourbières). Au Carbonifère, les Cryptogames se sont diversifiés : on est passé des plantes herbacées aux Fougères arborescentes (Filicales, Lycopodiales, Équisétales), dont l’accumulation va donner la houille (v. Ptéridophytes fossiles). Ces végétaux sont accompagnés des célèbres « Fougères à graine » (Ptéridospermées). La naissance de ces Préphanérogames, véritable transition avec les plantes supérieures, est une des plus remarquables de la paléobotanique : la réalisation de la graine (v. Spermaphytes). C’est enfin l’explosion des Gymnospermes* (Cordates et déjà les Coniférales). Le développement des premiers Insectes* est sensiblement parallèle (Blattes, Libellules, etc.).

Mais le témoignage le plus remarquable du passage à la vie terrestre est la sortie des eaux des Vertébrés, l’apparition des premiers Vertébrés terrestres. La réussite en a été assurée par l’acquisition du membre de type tétrapode à partir des « nageoires », dans le groupe des Crossoptérygiens.

À partir des Crossoptérygiens se différencie un groupe conduisant aux actuels Batraciens Urodèles, un autre conduisant à l’ensemble des autres Tétrapodes. Les plus anciens de ceux-ci, les Stégocéphales* (par exemple Ichtyostega*), ont encore de nombreux caractères de Poissons, mais ont acquis la disposition particulière des membres. Un buissonnement évolutif a lieu, conduisant au développement des autres Batraciens et des Reptiles. Chez les Reptiles* on décèle dès cette époque (fin du Carbonifère, Permien) une différenciation en deux groupes : Sauropsidés (à l’origine de la lignée reptilienne) et Théropsidés, à l’origine d’une lignée dite « mammalienne », car ils mèneront aux Mammifères.