Précambrien (suite)
Conclusions
Il apparaît que, durant les temps précambriens, se sont succédé de vastes chaînes plissées, mais à des périodes différentes selon les secteurs de l’écorce terrestre. Malgré les progrès réalisés dans l’étude structurale et pétrographique de ces chaînes et les données radiométriques, il n’est pas encore possible de discerner un plan architectural d’ensemble. L’intensité des plissements, du métamorphisme et des granitisations qui se superposent rend l’analyse très difficile ; de plus, on n’est pas toujours certain de la signification des âges radiométriques, qui n’indiquent souvent que l’âge de rajeunissements liés à des événements plus récents. Il est probable que les anciennes masses continentales ont été disjointes à plusieurs reprises, puis ressoudées par des chaînes plus jeunes ; mais nous ne pouvons pas reconstituer les mouvements des paléoplaques.
Les chaînes les moins anciennes ont des caractères qui ne diffèrent pas essentiellement de ceux des chaînes phanérozoïques. On y retrouve une sédimentation de type géosynclinal, des plissements avec plusieurs phases qui se superposent (la phase majeure étant caractérisée par des plis allongés parallèlement à la direction de la chaîne, souvent avec charriages), le développement du métamorphisme régional, la montée à divers moments de roches éruptives basiques, la migmatisation et la mise en place de granites.
Par contre, les vieux cratons, antérieurs à 2 600 MA, présentent souvent des traits différents, avec prédominance des laves basiques associées aux sédiments, granitisation intense et métamorphisme de faible degré dans les schistes cristallins qui subsistent entre de vastes dômes granito-gneissiques.
L’étude du Précambrien pose ainsi le problème des conditions dans lesquelles se trouvait l’écorce dans les premiers stades de son évolution. Si les lois physiques sont restées fondamentalement les mêmes, il apparaît que leurs conditions d’application se sont modifiées profondément. Ainsi, les caractères de l’atmosphère et des eaux océaniques devaient être bien différents, ne serait-ce que par l’absence d’une biosphère ; aussi, les phénomènes d’altération superficielle, d’érosion et de sédimentation ne pouvaient-ils pas être les mêmes qu’actuellement, bien qu’obéissant aux mêmes lois. Mais de plus, les caractères de l’écorce elle-même devaient différer : peut-être était-elle moins épaisse, plus chaude et plus déformable ; il se peut même que le rayon terrestre ait été plus faible et ait augmenté progressivement tandis que se modifiait l’état des matières internes. Les phénomènes géologiques actuels ne nous donnent donc que partiellement l’explication du passé.
Ainsi apparaît l’importance de l’étude du Précambrien, intimement liée au développement de nos connaissances en pétrologie et en analyse structurale ; elle nous conduit à considérer les grands problèmes de l’évolution du globe et de ses mécanismes. Mais elle présente aussi un intérêt économique majeur dans la recherche et l’exploitation des minéralisations des vieux socles précambriens.
M. L.
➙ Géologie / Primaire.