Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Précambrien (suite)

Cependant, il est souvent possible de définir la nature originelle, sédimentaire ou volcanique, des schistes cristallins, grâce en particulier aux structures et aux textures caractéristiques encore conservées. Jusque dans les formations les plus anciennes, on identifie des laves, des conglomérats, des calcaires, etc., et on met en évidence des structures telles que la stratification entrecroisée, le granoclassement, la rythmicité, etc., ne différant en rien de ce qu’on observe dans les roches plus récentes, voire actuelles. Dès le début du Précambrien, on retrouve ainsi des dépôts typiques des milieux continentaux et marins et les marques de processus géodynamiques comparables à ceux qui commandent l’évolution actuelle du globe.


Origine de la vie

C’est certainement durant les temps précambriens que la vie a pris naissance, mais sous des formes que nous ne pouvons pas reconnaître. Des micro-organismes assimilés à des Bactéries ou à des Algues ont été découverts dans des formations d’Afrique australe datées d’environ 3 200 MA ; les Stromatolithes, constructions lamellaires attribuées à des Algues, sont connus depuis 2 700 MA ; les lentilles graphitiques, fréquentes dans les schistes cristallins, sont sans doute des restes de matière organique, comme en témoigne le Corycium enigmaticum de Finlande.

Mais c’est surtout dans les formations du Précambrien supérieur que les restes organiques se multiplient et, en Australie méridionale, on a décrit des vestiges remarquablement conservés de Vers, d’Annélides et de nombreuses formes n’appartenant à aucun groupe connu. Ainsi apparaît l’ébauche du monde organique qui va s’épanouir au début du Cambrien.


Subdivisions

Il ne paraît pas possible de retrouver les traces d’une « écorce primitive » et le début du Précambrien se perd dans le lointain des temps géologiques.

Mais le Précambrien lui-même n’est pas toujours facile à définir, car la base du Cambrien, bien caractérisée paléontologiquement, n’est que rarement observable. En plusieurs régions (Sud marocain, Australie méridionale), il existe de puissants ensembles concordants au-dessous de l’extrême base du Cambrien et on les a rapportés à un Infracambrien. La plupart du temps, on attribue au Précambrien les terrains, généralement métamorphiques, recouverts en discordance par du Paléozoïque inférieur et ceux qui paraissent s’y rattacher par leurs caractères.

Dans l’immense ensemble du Précambrien, on s’est efforcé d’établir des subdivisions. Mais ici les principes de la chronologie du Phanérozoïque ne sont pas applicables, et les notions d’ère, de système ou d’étage n’ont plus aucune signification.

L’ensemble des temps précambriens a été désigné successivement par : Azoïque (R. I. Murchison et P. de Verneuil, 1845), Éozoïque (J. W. Dawson, 1868), Archæozoïque (J. D. Dana, 1872), Agnotozoïque (R. D. Irving, 1887, K. Haug, 1909). Les terrains correspondants, d’abord considérés comme la croûte primitive du globe, furent appelés Archéen (J. D. Dana, 1872), puis on en a séparé un Algonkien (J. W. Powell) à la partie supérieure, correspondant dans le temps à un Protérozoïque (T. C. Chamberlin et R. D. Salisbury, 1906).

Les données géochronologiques dont nous disposons maintenant permettent un découpage dans le temps. Ainsi, Gerling, Kratz et Lobach-Zhuchenko (1968) proposent une division en Archéen (ou Archéozoïque) antérieur à 2 600 MA, et Protérozoïque postérieur, celui-ci comprenant un terme inférieur entre 2 600 et 1 950 MA, un terme moyen entre 1 950 et 1 650 MA et un terme supérieur entre 1 650 et 550 MA. Mais ces intervalles ne correspondent pas à des divisions chronostratigraphiques, très variables suivant les régions.

Dès le milieu du siècle dernier, W. E. Logan a pu distinguer, dans le Précambrien du Canada, plusieurs ensembles stratigraphiquement distincts, séparés par des discordances soulignées par des conglomérats. Plus tard, J. J. Sederholm a développé en Finlande l’analyse des complexes de schistes cristallins migmatisés et de roches éruptives, mettant en évidence l’existence de chaînes successives ; C. E. Wegmann a montré qu’on pouvait en définir les caractères structuraux. Dans tous les socles précambriens, on a fait ensuite des constatations analogues et retrouvé des ensembles lithologiques distincts, séparés par des discordances et correspondant à des cycles orogéniques. Mais, en l’absence de continuité, ces divisions ne peuvent avoir une valeur générale ; de plus, les données géochronologiques indiquent que les cycles diffèrent en âge suivant les régions. Aussi n’est-il pas encore possible de reconstituer, même dans ses grandes lignes, l’évolution de la surface de la Terre durant le Précambrien.


Répartition

Les vastes affleurements précambriens constituent des boucliers qui disparaissent généralement à leur pourtour sous des formations sédimentaires plus récentes et relativement peu déformées ; il s’agit alors de plates-formes dans lesquelles le socle précambrien se trouve à une profondeur plus ou moins grande et n’est connu que par des sondages. C’est en bordure de ces boucliers ou de ces plates-formes que se sont édifiées les chaînes phanérozoïques, reprenant souvent des fragments disjoints du socle précambrien et agrandissant progressivement, par leur soudure, le domaine cratonique : tel est le cas, en Europe, des chaînes calédonienne, varisque et alpine. Chacun de ces boucliers (et bien entendu le substratum des plates-formes) est lui-même extrêmement complexe, formé par la juxtaposition ou par la soudure d’éléments de chaînes successives qu’il est souvent difficile de distinguer.

Ces boucliers et plates-formes se distribuent en deux groupes, de part et d’autre de la grande chaîne plissée qui s’étend des Alpes à l’Indonésie, en passant par l’Himālaya.

Dans le groupe nord, on distingue le bouclier canadien et la plate-forme américaine, le bouclier baltique et la plate-forme russe, le bouclier de l’Aldan et la plate-forme sibérienne ; ces ensembles sont séparés les uns des autres par des chaînes plissées : chaîne appalachienne et calédonides de part et d’autre de l’Atlantique Nord, chaîne de l’Oural.