Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

poumon (suite)

Vascularisation du poumon

Elle est double : fonctionnelle et nourricière.

• Vascularisation fonctionnelle. Elle est assurée par les ramifications des artères et des veines pulmonaires (v. plus haut).

• Vascularisation nourricière. Elle est assurée par les vaisseaux bronchiques qui ne pénètrent pas dans le lobule. Ces vaisseaux irriguent la paroi des artères et des veines pulmonaires par le moyen des vasa-vasorum. Il existe des anastomoses entre les deux circulations.


Les lymphatiques

Ils sont surtout situés dans le conjonctif dense péribronchique, périartériel et un peu autour des veines. C’est le liquide alvéolaire qui est à l’origine de la lymphe.


Les nerfs

L’arbre bronchique est innervé par le système nerveux autonome. L’excitation du parasympathique provoque la contraction des fibres musculaires lisses. L’adrénaline et les substances analogues dilatent ces mêmes fibres musculaires lisses (traitement de l’asthme).


Embryologie

L’appareil respiratoire dérive de l’entoblaste sous forme d’une gouttière respiratoire, qui, en se séparant en deux, donnera en arrière l’œsophage et en avant la trachée et les ébauches pulmonaires. À partir du sixième mois, les ultimes ramifications de l’arbre respiratoire subissent des transformations progressives qui se poursuivront même après la naissance. Le développement alvéolaire s’effectue surtout à la naissance.


Physiologie pulmonaire

V. respiration.


Séméiologie pulmonaire

Elle comprend des signes fonctionnels (douleurs thoraciques, dyspnée [gêne respiratoire], tirage [creusement des espaces intercostaux], cyanose*, trouble de la voix, expectoration, vomique [expulsion de pus], hémoptysie [crachement de sang]) et des signes physiques (matité ou tympanisme à la percussion, murmure vésiculaire, souffles, frottements, râles à l’auscultation). Ces signes sont souvent regroupés en grands syndromes :
— le syndrome d’épanchement liquidien de la plèvre, avec matité et abolition des vibrations vocales ainsi que du murmure vésiculaire ;
— le syndrome d’épanchement gazeux de la plèvre, avec hypersonorité et abolition des vibrations vocales ainsi que du murmure vésiculaire ;
— le syndrome mixte aéro-liquidien, avec matité surmontée d’un tympanisme et succussion hippocratique (v. Hippocrate) ;
— le syndrome cavitaire, avec matité, augmentation des vibrations vocales et souffle tubaire.

Si l’examen physique est fondamental et souvent très explicite, on ne saurait, aujourd’hui, se passer d’investigations complémentaires, qui, seules, dans certains cas, permettent de poser un diagnostic avec certitude. Ces investigations complémentaires comprennent :
— des examens de laboratoire (examen chimique, cytologique, bactériologique de l’expectoration avec culture sur milieu spécialisé et inoculation à l’animal sensible, le plus souvent souris ou cobaye) ;
— l’étude bronchoscopique des voies aériennes (v. endoscopie) ;
— l’étude radioscopique et radiographique sans préparation ou après l’opacification des voies pulmonaires (huile iodée), la tomographie ;
— l’étude scintigraphique (v. scintigraphie) ;
— l’artériographie pulmonaire (v. artère) ;
— l’exploration de la fonction respiratoire (épreuves fonctionnelles respiratoires), effectuée à l’aide d’appareils dont le type est le spiromètre de Bénédict, qui donnent des renseignements sur les volumes pulmonaires (v. respiration) ;
— le cathétérisme des vaisseaux pulmonaires.


Pathologie pulmonaire

La pathologie pulmonaire comprend l’étude des maladies des bronches, de la plèvre, les affections du médiastin, les affections pulmonaires non tuberculeuses, la tuberculose pulmonaire.

Chirurgie du poumon

Avant la Seconde Guerre mondiale, la chirurgie d’exérèse pulmonaire ne connut que les tâtonnements des pionniers : première tentative de lobectomie (ablation d’un lobe) par H. Bloch (de Berlin) [1882], premier succès de Tuffier (de Paris) [1891], puis de E. L. Doyen (de Paris) [1893] ; première tentative de pneumonectomie (ablation d’un poumon) par H. Kümmel (de Hambourg) [1910], première réussite par R. Nissen (de Bâle) [1931],

Il fallait attendre le perfectionnement des techniques chirurgicales et surtout des techniques auxiliaires, telles que la ventilation pendant l’anesthésie (Magill, 1921), la réexpansion postopératoire du parenchyme pulmonaire restant et les transfusions sanguines isogroupes, pour qu’après 1945 la chirurgie du poumon entrât dans la pratique courante. Depuis cette date, elle n’a plus connu de grande découverte technique, mais elle a pu s’adresser à de nombreuses affections.

La chirurgie indirecte des maladies du poumon a connu un développement plus précoce que la chirurgie du poumon proprement dite. Elle s’inscrit dans la collapsothérapie, cet ensemble de procédés qui vise à obtenir la cicatrisation de lésions tuberculeuses grâce à leur mise au repos par affaissement du parenchyme. La première thoracoplastie (ablation d’un certain nombre de côtes permettant l’aplatissement de la zone correspondante du poumon) date de 1869 (G. Simon de Heidelberg). Mais sa diffusion date des travaux de Ludolph Brauer et Friedrich (1908), de Ferdinand Sauerbruch (1910) et de Léon Bérard (de Lyon) [1913]. Une multitude d’autres techniques de collapsothérapie chirurgicale ont été imaginées dès la fin du xixe s. (pneumothorax extra-pleural, pneumolyse, apicolyse), et elles sont devenues caduques depuis l’apparition de la chimiothérapie antituberculeuse. Il n’y a plus guère que les thoracoplasties qui soient encore pratiquées actuellement. On demande à ces opérations l’effacement d’une cavité parenchymateuse ou pleurale que l’expansion du poumon ne peut combler, comme c’est le cas des volumineuses cavernes tuberculeuses et des cavités résiduelles après exérèse pulmonaire. Pour supprimer ces espaces, on affaise la paroi sur le poumon restant.

Dans la collapsothérapie, le chirurgien amène donc la paroi au poumon. Mais, à l’inverse, il existe des opérations dans lesquelles on ramène le poumon à la paroi en extirpant de la plèvre le tissu conjonctivo-cicatriciel formé, aux dépens de la fibrine, d’un épanchement pleural, sanguin ou purulent. Ce faisant, le chirurgien pratique une décortication pulmonaire (Edmond Delorme, 1894).

En dehors de la thoracoplastie et de la décortication, les interventions que l’on est encore amené à pratiquer sur le poumon proprement dit sont surtout des interventions d’exérèse : pneumonectomie, lobectomie, exérèse segmentaire ou, au minimum, résection cunéiforme, biopsie.

La pneumotomie, ou incision du poumon, est un geste pratiqué pour aborder et enlever un kyste hydatique ou une truffe aspergillaire (lésion mycosique), ou pour mettre à plat une dystrophie bulleuse.

J. T.