Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Poule (suite)

La cage est une cellule conçue pour accueillir des groupes de 3 à 5 poules, rarement plus. Son plancher, grillagé et incliné, dirige les œufs vers une gouttière, de ramassage, où ils peuvent être repris par une bande transporteuse. L’alimentation et l’abreuvement mettent en œuvre des dispositifs automatiques variés. Les cages sont disposées en deux étages non superposés, les déjections tombant au sol, ou en trois étages superposés, les déjections étant recueillies sur des plaques ou des tapis transporteurs. On réserve le nom de batterie à ce dernier dispositif. Le stockage des déjections pose un problème qui est résolu de façons diverses : en l’état sous les cages ; sous forme de lisier aqueux dans des fosses situées en bout de local, évacuées quotidiennement... Leur élimination et leur utilisation arrive à constituer un facteur limitant dans les élevages importants. Même lorsqu’on a recours à la dessiccation, il y a là une source de nuisance importante pour le voisinage. Très développée aux États-Unis et en Grande-Bretagne, l’exploitation en cage s’est répandue plus lentement en Europe et surtout en France. Elle implique des investissements importants, non reconvertibles, qui permettent toutefois la réalisation de très grandes unités, les densités atteignant 20 sujets par mètre carré de poulailler et la mécanisation pouvant être intégrale. Sur le plan technique, chaque conception présente son lot d’avantages et d’inconvénients.


La production du poussin

La production du poussin par le multiplicateur-accouveur est d’abord une production d’œufs.

Les troupeaux de reproductrices pour la chair, constitués de poules plus lourdes, n’atteignent pas le même degré de productivité ; 150 œufs par poule mise en poulailler ne donnent pas plus de 125 œufs pour le couvoir et une centaine de poussins. Les reproductrices pour la ponte sont évidemment plus proches des pondeuses d’œufs de consommation, quoique n’ayant pas le « caractère hybride », tout au moins au même degré (v. aviculture). La présence de coqs (1 pour 10 poules environ) augmente le coût et limite parfois la production. Les œufs récoltés sont l’objet d’un tri rigoureux et de soins particuliers, destinés autant à préserver la survie des embryons qu’à éviter les contaminations internes. Le traitement des œufs par trempage dans des solutions antibiotiques qui pénètrent à l’intérieur est parfois entrepris dans le cadre de plans d’éradication (mycoplasmose).

Au-delà de la conduite des troupeaux, la conduite du couvoir ne pose pas de problèmes techniques particuliers. La difficulté réside au niveau de la production de l’œuf et, bien plus, au niveau de la planification commerciale. Ce dernier point a amené des regroupements importants et pousse parfois telle société à s’engager dans un processus d’intégration.

En guise de conclusion, il est permis de dire que l’aviculture — et cela concerne avant tout l’exploitation de l’espèce Poule — atteint progressivement le stade industriel et s’oriente vers une maîtrise de plus en plus poussée du milieu et de l’animal. Les essais entrepris à partir de sujets « orthoxéniques », c’est-à-dire abritant exclusivement une flore saprophyte spécifique et optimale pour la production (flore correcte), sont concluants à cet égard, et la mise en œuvre de méthodes de prophylaxie purement hygiénique — à l’exclusion de toute intervention de type médical ou thérapeutique — pourrait permettre de garantir au consommateur des produits irréprochables du point de vue hygiénique et sanitaire.

J. B.

 P.-P. Grassé (sous la dir. de), Traité de zoologie, t. XV : les Oiseaux (Masson, 1950). / P. D. Sturkie, Avian Physiology (Ithaca, N. Y., 1954 ; 2e éd., 1965). / Journées scientifiques du centre national de coordination des études et recherches sur la nutrition et l’alimentation, vol. VI : la Volaille et l’œuf (C. N. R. S., 1955).
On peut également consulter Documents, publication de l’Institut technique de l’aviculture.

Poulenc (Francis)

Compositeur français (Paris 1899 - id. 1963).


Le plus jeune membre du groupe des Six*, dont il fera partie dès 1919, il est initié de bonne heure à la musique par une mère très fine artiste, mais sa formation est surtout celle d’un autodidacte. Son grand maître pour le piano est Ricardo Viñes, à qui il reconnaîtra « devoir tout ». Plus tard seulement, après 1920, après que ses premières œuvres l’ont déjà révélé, il va parachever son apprentissage de compositeur auprès de Charles Kœchlin. Mozart, Schubert, Chopin sont les passions de sa prime jeunesse, auxquelles il demeurera toujours fidèle et auxquelles viendront s’ajouter très bientôt Chabrier, Debussy, puis Stravinski, Ravel et Satie. Joignons-y Monteverdi, Couperin, Scarlatti et Moussorgski, et nous aurons défini son horizon musical et, du même coup, son esthétique, qui s’éclaire mieux encore lorsque l’on sait les peintres (Picasso, Matisse, Gris, Braque, Miró) et les poètes (Apollinaire et Eluard), qu’il admirait.

Poulenc se fait connaître à dix-huit ans par sa Rapsodie nègre, suivie, en 1918 et en 1919, de deux juvéniles chefs-d’œuvre, les Mouvements perpétuels et le Bestiaire, qui vont donner la gloire à ce cadet des Six. De tous, il demeurera (avec son ami, son « jumeau spirituel » Auric) le plus fidèle à l’idéal de simplicité et de clarté prôné par Satie.

Artiste remarquablement intelligent, doué du goût le plus fin, il a eu le rare mérite de connaître ses limites et de ne point les forcer, grâce à quoi sa carrière de compositeur est un modèle de croissance harmonieuse, d’épanouissement graduel s’élevant sans effort jusqu’à l’authentique et simple grandeur de ses œuvres de maturité. En 1936, à la suite d’un pèlerinage à Rocamadour (d’où naîtront les Litanies à la Vierge noire), il retrouve la foi de son enfance, et, dès lors, la musique religieuse occupe une place primordiale dans sa production. Son noble Stabat Mater et surtout ses Dialogues des carmélites le placent au tout premier rang des musiciens français.