Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Porcins (suite)

On trouve ainsi, dans le monde, quatre zones essentielles de production : l’Europe du Nord et de l’Ouest, le Corn Belt américain, le Brésil et la Chine. Deux de ces zones : Chine et Europe ont vu leur cheptel porcin fortement augmenter depuis une vingtaine d’années ; en U. R. S. S., en Amérique et dans le reste de l’Asie, l’accroissement des effectifs du cheptel a été plus faible, tandis qu’en Afrique et en Océanie ce dernier restait à peu près stable.


Reproduction

La rentabilité d’un élevage qui se livre à la production des porcelets dépend principalement du nombre de ces derniers produits, au cours de chaque exercice, par chaque truie présente. Aussi a-t-on essayé, au cours de ces dernières années, d’améliorer la valeur de ce critère. C’est ainsi que l’on utilise ou que l’on met en place aujourd’hui les diverses techniques suivantes.

• On avance l’âge des truies à leur première saillie. La puberté apparaît en moyenne entre 175 et 200 jours, il est donc possible d’avancer l’âge de la première saillie (en général réalisée vers dix mois) en effectuant cette dernière dès que les jeunes truies ont atteint sept ou huit mois (soit env. 105 kg).

• On diminue la durée de la lactation. En effet, les cycles sexuels de la truie ne se produisent pas pendant la lactation ; ils ne réapparaissent, et les possibilités de nouvelle fécondation avec eux, que de six à quinze jours après le tarissement (sevrage des porcelets). On peut donc, en avançant la date de ce dernier, accélérer le rythme de reproduction de la truie. C’est ainsi que le sevrage, qui était classiquement réalisé à huit semaines, l’est maintenant de plus en plus à cinq ou même trois semaines et qu’on envisage même de le pratiquer dès la fin de la première semaine, les porcelets ainsi sevrés très précocement étant, dans ce dernier cas, élevés en batterie. De toute manière, il est facile de montrer que, compte tenu d’une durée de gestation de cent quatorze jours, l’avancement de la date de sevrage de huit à cinq semaines permet de passer de 1,9 à 2,2 portées par truie et par an.

• Pour gagner encore plus, on a tenté, et réussi, d’obtenir une gestation et une lactation simultanées. On peut en effet, en séparant brutalement et momentanément (douze heures) les porcelets de la mère après trois semaines de lactation et en combinant à cette action un traitement hormonal, déclencher des chaleurs et obtenir une gestation, sans qu’il y ait, si les techniques d’élevage sont adaptées, de répercussions défavorables sur la croissance de la portée allaitée ou la taille de la portée en cours de gestation.

Ainsi, dans les élevages industriels, dont le nombre et l’importance ne cessent de croître, la truie devient de plus en plus une machine à produire des porcelets : alors que classiquement elle donnait 14 ou 15 porcelets par an, elle peut en donner aujourd’hui de 18 à 20 dans les élevages les mieux conduits.

Du point de vue des verrats, la saillie naturelle (soit 1 verrat pour 20 truies) reste la technique la plus employée du fait de sa facilité de mise en œuvre. Toutefois, l’insémination artificielle est aussi utilisée : elle présente des avantages notables du point de vue génétique et sanitaire, en mettant à la disposition des éleveurs la semence des meilleurs verrats sélectionnés par ailleurs, sans nécessiter leur introduction dans l’élevage (les élevages porcins modernes sont en effet de plus en plus « fermés », animaux et personnes extérieurs n’y entrant qu’après de sévères mesures de quarantaine et de désinfection).


Élevage des truies et des porcelets

On peut distinguer deux phases dans l’élevage des truies : la phase de gestation et la phase de lactation.

La truie en gestation, qui possède un remarquable pouvoir d’assimilation, doit recevoir une alimentation très rationnée, tout surplus représentant une dépense non seulement inutile, mais même éventuellement dangereuse en conduisant à un accroissement des difficultés de mise bas. Les truies en gestation peuvent être élevées à l’extérieur, sur parcours herbeux, ou à l’intérieur. Elles sont en général conduites en lots, les repas étant distribués individuellement grâce à un réfectoire : installation comprenant des logettes individuelles où on enferme les truies durant toute la durée du repas.

Quelques jours avant la date prévue pour la mise bas, les truies sont rentrées dans un bâtiment spécialisé de maternité : chaque truie est alors introduite dans une case, qui comprend une aire d’exercice pour les jeunes porcelets et une « cage » pour leur mère, cage à l’intérieur de laquelle les mouvements de cette dernière sont limités, ce qui évite les écrasements de porcelets (l’utilisation de ce système a permis de gagner presque un porcelet par portée).

Après la naissance, si plusieurs truies ont mis bas ensemble (le même jour, la veille ou le lendemain), on égalise les portées en faisant adopter les porcelets des portées trop nombreuses par les truies qui ont eu les portées les plus petites. Ce groupage des mises bas, que l’on peut obtenir très simplement en sevrant plusieurs truies le même jour (et donc en les amenant, avec un maximum de chances, à être en chaleurs ensemble, d’où la possibilité de fécondations synchronisées), a en outre pour avantages :
— de permettre la constitution de lots de truies au même stade physiologique, ce qui facilite le travail et le rationnement alimentaire et permet en même temps d’organiser un plan d’occupation des locaux (local de gestation, maternité) en y prévoyant des périodes sans animaux (« vide sanitaire », très utile pour permettre le nettoyage et rompre les cycles des parasites) ;
— d’avoir une certaine quantité de porcelets disponibles en même temps en vue soit de constituer des lots pour la vente, soit de diminuer l’éventail des poids et des âges dans la porcherie d’engraissement.

Du point de vue nutritionnel, les truies en lactation ont des besoins particulièrement élevés et il faut leur distribuer durant cette période des aliments appétents à haute concentration énergétique.