Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

armement (suite)

Directions techniques et établissements de la Délégation ministérielle pour l’armement

La Direction des recherches et moyens d’essais, en liaison avec le Comité de prospective et d’évaluation (qui relève directement du ministre), dirige et finance les recherches scientifiques et techniques intéressant les armées. Ces recherches sont confiées soit aux services de l’État, soit à l’université et au Centre national de la recherche scientifique (22 p. 100 en 1968), soit à l’industrie (57 p. 100 en 1968). La Direction dispose, pour les expérimentations à vocation interarmées, des champs de tir des centres d’essais des Landes et de Méditerranée (île du Levant) [missiles], ainsi que de Guyane (engins spatiaux). Elle assure la tutelle de l’Institut de recherches franco-allemand, créé à Saint-Louis en 1958, et de l’Office national d’études et de recherches aérospatiales (O. N. E. R. A.).

La Direction technique des engins dirige l’activité de la Société d’études et de recherches d’engins balistiques. Le Service technique des poudres et explosifs lui est rattaché.

Le Service central des télécommunications et de l’informatique étend son action à toute l’électronique et au plan calcul. Il coordonne en ce domaine l’action des trois directions techniques, qui conservent chacune une branche « télécommunications ».

La Direction technique des armements terrestres dispose de nombreux établissements, dont les principaux sont les suivants : Établissements d’expériences techniques de Bourges et d’Angers ; Laboratoire central de l’armement à Arcueil ; Section d’études et de fabrications de télécommunications (créée en 1948 au fort d’Issy) ; Ateliers de constructions ou de fabrications de Tarbes, Roanne, Toulouse, Issy-les-Moulineaux, Puteaux, Rennes, Bourges et Le Mans ; Manufactures d’armes de Saint-Étienne et de Tulle ; Atelier de chargement de Salbris.

La Direction technique des constructions navales dirige les arsenaux de Brest, de Cherbourg, de Lorient et de Toulon, les pyrotechnies maritimes, les ateliers de Guérigny (Nièvre), d’Indret (près de Nantes), de Ruelle (Charente) et de Saint-Tropez. (V. construction navale.)

La Direction technique des constructions aériennes n’effectue pratiquement aucune fabrication, mais remplit un rôle de tutelle vis-à-vis des industries aéronautiques. Elle dispose des centres d’essais en vol de Brétigny et d’Istres, du centre d’essais de propulseurs de Saclay et du centre aéronautique de Toulouse, ainsi que des ateliers industriels de Bordeaux et de Clermont-Ferrand pour les réparations de matériels aériens.

Le personnel des services d’armement

On conçoit qu’un organisme aussi technique que la Délégation ministérielle pour l’armement (D. M. A.) emploie essentiellement, à côté d’officiers détachés dans ses services, des ingénieurs militaires d’armement. Ceux-ci, recrutés en majorité à la sortie de l’École polytechnique, sont formés dans les Écoles nationales supérieures de l’armement (terre), du génie maritime et des poudres, qu’une décision du 23 octobre 1968 a fusionné en une École nationale supérieure des techniques avancées. Les ingénieurs à vocation aéronautique continuent à être formés à l’École supérieure d’aéronautique et à l’École nationale d’ingénieurs de construction aéronautique, transférées à Toulouse, et les ingénieurs à vocation transmission à l’École nationale supérieure des télécommunications. À côté de ces ingénieurs d’armement, on trouve des ingénieurs des études et techniques d’armement, recrutés à partir des techniciens, des ingénieurs civils sur contrat, des techniciens de toutes origines et des ouvriers, dont certains possèdent le statut d’ouvrier d’État et sont formés dans des écoles d’apprentissage constituées dans les établissements des services d’armement.


Les programmes d’armement et le plan à long terme

Un programme d’armement représente les opérations menées pour la réalisation d’un système d’armes qui constitue une partie du plan de défense. Pour qu’une telle conception soit possible, il a fallu élargir les perspectives des budgets annuels et en venir au principe d’une loi de programme établie pour cinq ans. Elle comporte la totalité des crédits d’investissements annuels pour les appliquer à la production, étalée sur plusieurs années, d’un certain nombre de gros matériels (missile « SSBS », char de bataille, sous-marin atomique). Le reste des crédits est consacré à des opérations de moindre durée ou de faible importance. La tranche annuelle de la loi de programme est examinée et votée avec la loi de finance annuelle, ce qui facilite les prévisions à court terme et le contrôle de l’exécution du budget.

Le budget de l’armement représente depuis 1963 environ la moitié du budget des armées, dont le montant, après avoir longtemps dépassé 5 p. 100 du P. N. B., a diminué lentement et tend en 1969 vers 4 p. 100. pourcentage un peu inférieur à celui des budgets allemand et britannique.


La planification et le système des 3 P. B. (1968)

Étant donné leur importance, le choix des programmes ne peut plus relever aujourd’hui de la simple intuition. Aussi a-t-on adopté le système américain dit « Planning, Programming, Budgeting System », introduit en France sous le nom de Rationalisation des choix budgétaires (v. budget).

Mise à l’essai en 1968 par le ministère des Armées sous le sigle de 3 P. B. (planification, programmation et préparation du budget), cette technique budgétaire intègre ces trois actions en un tout cohérent. Elle se présente comme un cadre systématique d’articulation des tâches administratives, où la stratégie et la tactique sont étroitement liées au processus de décisions budgétaires, qu’on peut schématiser comme suit :
— planification (stratégie) ou reconnaissance des objectifs et de la structure des programmes associés à long terme ;
— programmation (tactique) ou analyse et structure des programmes à moyen terme ;
— préparation du budget (plan de défense) ou élaboration des plans physiques et financiers de l’année à venir.

Pour appliquer ce système, on a considéré en France neuf programmes majeurs, dont cinq pour les armées, un pour les recherches et essais, et trois pour le soutien (ou entretien) des armées. Ces programmes sont évalués pour cinq ans, et un graphique permet d’en mesurer l’importance.