Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

armement (suite)

Lorsque survient la guerre de 1939, la mobilisation industrielle n’est qu’un demi-succès. En dépit de l’activité du ministère de l’Armement, reconstitué autour de la D. E. F. A. (Direction des études et fabrications d’armement) et confié à Raoul Dautry (1880-1951), les fabrications ne prennent leur rythme que peu de temps avant l’armistice de juin 1940. Au cours de cette guerre, elles commanderont de façon encore plus impérative qu’en 1914-1918 les possibilités des belligérants. Il faudra attendre plus de deux ans pour que l’industrie d’armement américaine atteigne, et dans des proportions inégalées (80 000 canons, 130 000 blindés et 296 000 avions construits de 1942 à 1945), le niveau de production qui pèsera de façon décisive en faveur de la victoire des Alliés en 1945.


Atome, force de frappe et politique d’armement

Après la Libération, la France, qui doit aussitôt faire face à la campagne d’Indochine, entreprend un gros effort de remise en marche de ses arsenaux, qui ont été vidés ou pillés par les Allemands. En 1950, le programme, arrêté par l’armée de terre, marque le succès de ce renouveau par une série assez remarquable : arme automatique modèle 1952, blindés de la famille « AMX », obusiers automoteurs, etc. D’importantes commandes « off-shore » de munitions passées avec les États-Unis assurent durant plusieurs années l’activité des établissements. Si la Direction des poudres reçoit un statut interarmées, les services d’armement demeurent distincts : Direction des études et fabrications d’armement (terre), Direction centrale des constructions et armes navales (marine). Direction technique et industrielle (air). Mais le passage,. dans les années 55-60, du monopole atomique américain à la parité nucléaire entre l’U. R. S. S. et les États-Unis, la promotion de la France au rang de puissance atomique en 1960 et sa décision de constituer une force de frappe nationale vont conduire à reconsidérer sur une tout autre échelle l’ensemble de la politique française d’armement.

Le système d’arme

Un système d’arme est un ensemble complexe bâti autour d’un projectile avec tout ce qu’il faut pour le mettre en œuvre. Il comprend notamment :
— sa plate-forme de tir, fixe ou mobile (canon ou rampe de lancement placée à terre ou montée sur véhicule ou à bord d’un navire ou d’un aéronef) ;
— les moyens de recherche et d’acquisition de l’objectif (radar) ;
— les appareillages utilisés en totalité ou en partie pour conduire le projectile sur son objectif (calculateur de tir, orientation de la plate-forme de lancement, guidage du projectile en vol et, le cas échéant, tête chercheuse servant à diriger le projectile sur le but en fin de course).

On tend à englober dans ce système d’arme les véhicules annexes de service et parfois le matériel (véhicule, navire ou aéronef) qui supporte la plate-forme de tir elle-même.

Un canon antiaérien de petit calibre avec ses munitions, son radar, son calculateur, son viseur et ses commandes d’asservissement constitue, avec le véhicule chenille qui le porte, un système d’arme. Il en est de même : d’un missile air-air sur son avion avec son viseur, son correcteur de tir et sa tête autochercheuse ; d’un mortier anti-sous-marin avec son projectile et le sonar de repérage qui lui est associé ; d’un missile à longue portée avec la centrale à inertie, qui permet de déterminer la position et l’orientation du sous-marin lanceur.


La Délégation ministérielle pour l’armement

Au moment où, en 1961, intervient la réorganisation du haut commandement, qui subordonne à l’autorité unique du chef d’état-major des armées les trois armées de terre, de mer et de l’air, il était logique que les services d’armement, adaptés à chacune d’entre elles, soient regroupés au sein d’un seul organisme, qui reçut le nom de Délégation ministérielle pour l’armement. Placé sous l’autorité directe du ministre, au même niveau que le chef d’état-major des armées et le secrétaire général pour l’administration, le délégué ministériel a pour mission de satisfaire les besoins de l’ensemble des armées, de coordonner les efforts de recherche et les fabrications, de développer la coopération internationale en matière d’armement. Avec le chef d’état-major, il participe à l’élaboration et anime la réalisation des plans d’armement, considérés désormais « comme un équilibre entre des impératifs opérationnels, économiques, techniques et financiers, s’inscrivant dans un cadre politique et stratégique défini par le gouvernement » (J. Blancard, 1969).

Dans cette lourde tâche, qui implique à la fois une politique des programmes et une politique industrielle, le délégué dispose depuis 1965 de directions administratives — organes de conception et de coordination — et de directions techniques chargées de la réalisation. Les premières, au nombre de trois, sont :
— la Direction des programmes et des affaires industrielles, qui supervise recherches, études et fabrications ;
— la Direction des affaires internationales, qui centralise les problèmes d’exportations à l’étranger ;
— la Direction du personnel et des affaires générales, qui remplit une mission administrative.

À la Direction des poudres et aux directions techniques, qui ont pris la suite de leurs devancières pour les armements terrestres, navals et aériens, se sont ajoutés trois organismes nouveaux : la Direction des recherches et moyens d’essais, la Direction technique des engins et le Service central des télécommunications et de l’informatique.

Si chaque direction gère ses propres marchés, la surveillance des fabrications dans l’industrie est centralisée par un Service de la surveillance industrielle de l’armement, créé en 1964, tandis que l’information est confiée à un Centre de documentation de l’armement. Enfin, pour l’ensemble de ses attributions, le délégué ministériel dispose depuis 1968 d’un inspecteur de l’armement, qui est son conseiller permanent et qu’il peut charger de missions d’étude, d’information, etc.