Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Philippines (suite)

En 1972, le président Marcos proclame la loi martiale et suspend le Parlement. L’évolution autoritaire du régime se confirme par la suite : en janv. 1973, Marcos assume les fonctions de chef de l’État et de Premier ministre ; en juillet il fait remplacer les élections générales par un référendum l’autorisant à demeurer indéfiniment à son poste. Mais deux formes d’opposition se précisent : celle des intellectuels et d’une partie de la bourgeoisie libérale, d’une part ; celle des musulmans de Mindanao, d’autre part, qui cherche à résister à une pénétration des « chrétiens », qui va trop souvent de pair avec une confiscation de leurs terres.

D. L.

➙ Empire colonial espagnol / Empire colonial néerlandais / Espagne / Guerre mondiale (Seconde) / MacArthur / Magellan.

 G. Willoquet, Histoire des Philippines (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1961). / T. A. Agoncillo, History of the Filipino People (Quezon City, 1967 ; 3e éd., 1970). / E. G. Robles, The Philippines in the Nineteenth Century (Quezon City, 1969). / F. Fischer, José Rizal, Philippin, 1861-1896, un aspect du nationalisme moderne (Maspero, 1970). / G. F. Zaide, Great Filipinos in History (Manille, 1970).

philosophie

Étude systématique de la pensée humaine.



La période hellénique

Depuis le xiie s. av. J.-C., la Grèce possède une tradition de pensée sous forme de mythes, de cosmogonies, de systèmes ethniques, politiques, religieux. Mais la pensée grecque prend son essor avec la constitution de la science dans les florissantes cités d’Asie Mineure et de la Grèce d’Occident.


Le développement scientifique

Les physiciens de l’école de Milet (Ionie), bien que prisonniers encore des grands mythes cosmogoniques, tentent de substituer aux anciens modèles d’explication des modèles concrets et matériels, et de fonder leurs conclusions sur une étude positive des phénomènes atmosphériques et géographiques ; ainsi Anaximandre compare-t-il la formation du monde à celle d’un nuage. C’est là une première rupture avec les enseignements traditionnels.

En 494 av. J.-C. et après la destruction de Milet par les Perses, le centre intellectuel se déplace en Sicile et en Grande-Grèce. En utilisant les données de la tradition orphique, Pythagore* découvre la souveraineté du nombre, les relation entre les nombres et les figures géométriques, et il ouvre la voie à une lecture mathématique des phénomènes. La relation entre le point matériel et l’unité numérique l’amène à affirmer la discontinuité du monde en même temps que son organisation, conçue sur un modèle mathématique. Avec les pythagoriciens du ve s. av. J.-C., le problème de l’ordre et de l’organisation se substitue à celui de l’origine, en particulier dans le domaine de la cosmographie.

À la fin du ve s. av. J.-C., la physique connaît un regain d’activité avec Empédocle, Anaxagore (qui fut le maître de Socrate), Leucippe et surtout Démocrite. La réflexion sur l’origine et l’organisation s’oriente dans une voix matérialiste : l’univers ne provient de rien d’autre que des éléments qui le constituent, de leur mouvement et de leur combinaison. Si les théories d’Empédocle et d’Anaxagore attribuent un rôle organisateur l’un à l’amour, l’autre à l’intelligence, Démocrite, quant à lui, aboutit à un véritable mécanisme physique : le mouvement provient de la grandeur, de la position et de la forme des atomes dans le vide.


L’opposition à la science

En même temps que se développe l’esprit scientifique, se fait jour une opposition à la physique milésienne et à la mathématique de Pythagore avec, d’une part, Héraclite, et, d’autre part, Parménide et les Éléates*. Selon Héraclite (fin du vie s. av. J.-C.), le monde est l’unité, maintenue par Dikê (la Justice), de toutes les choses soumises à un perpétuel changement. Cette pensée aboutira chez certains héraclitéens, Cratyle en particulier, qui fut le maître de Platon, à une théorie du mouvement universel, à l’affirmation qu’aucune pensée, aucune action n’est possible.

Parménide (début du ve s. av. J.-C.), fondateur de l’école des Éléates, est le premier à critiquer les images de l’univers au nom d’une exigence intellectuelle de non-contradiction. C’est en effet à cause de contradictions qu’elles impliquent qu’il s’oppose aux théories du mouvement. Une chose ne pouvant en même temps être ce qu’elle est et ce qu’elle n’est pas, le mouvement, qui est le passage du non-être à l’être, comme la corruption, est impossible. Au mobilisme d’Héraclite, aux représentations milésiennes d’un univers en mouvement, Parménide substitue le modèle de la sphère parfaite et limitée, indestructible et immobile. L’impossibilité de penser sans contradiction le mouvement est illustrée en particulier par les paradoxes de Zénon d’Élée, critique de la discontinuité pythagoricienne.

Ainsi apparaît pour la première fois la nécessité de légitimer la pensée et de la soumettre à une exigence de non-contradiction, exigence dont Socrate et Platon feront une règle de la raison. Mais les Éléates, loin de fonder une nouvelle méthode de pensée, concluent à l’impossibilité de la connaissance et de l’action. L’effort pour « penser la science » n’ouvre que sur le silence.

Autre opposition à la science chez les sophistes*, dont l’influence est considérable dans le développement de la pensée platonicienne. La sophistique est d’abord une pratique, pédagogique et politique, plus qu’une théorie. Passés maîtres dans l’usage du discours, les sophistes se prétendent capables de convaincre n’importe qui de n’importe quoi. Ils affirment que le seul critère d’une vérité, toujours relative, est dans sa force de persuasion et son utilité. Cette doctrine humaniste et empiriste, illustrée par la célèbre affirmation de Protagoras « l’homme est la mesure de toutes les choses, de celles qui sont et de celles qui ne sont pas », aboutira, au ve s., au cynisme politique, à la justification de la violence et de l’intérêt personnel, à la condamnation du savoir, dégénérescence parallèle à celle de la cité grecque et illustrée de façon exemplaire, pour Platon, par la condamnation de Socrate* en 339 av. J.-C.