Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Philippe III le Bon (suite)

 F. de Reiffenberg, Histoire de l’ordre de la Toison d’or (Bruxelles, 1830). / H. Pirenne, Histoire de la Belgique des origines à 1914 (Lamertin, Bruxelles, 1900-1932 ; 7 vol.). / H. Drouot et J. Calmette, Histoire de la Bourgogne (Boivin, 1928). / P. Bonenfant, Philippe le Bon (la Renaissance du livre, Bruxelles, 1943 ; nouv. éd., 1955). / L. Hommel, Histoire du noble ordre de la Toison d’or (Éd. Universitaires, Bruxelles, 1947). / J. Calmette, les Grands Ducs de Bourgogne (A. Michel, 1949 ; nouv. éd., Club des libraires de France, 1956). / J. Bartier, Légistes et gens de finances au xve siècle, les conseillers des ducs de Bourgogne sous Philippe le Bon et Charles le Téméraire (Dessart, Bruxelles, 1955). / R. Vaughan, Philip the Good, the Apogee of Burgondy (Londres, 1970).

Philippe Ier le Beau

(Bruges 1478 - Burgos 1506), souverain des Pays-Bas de 1482 à 1506 et roi de Castille de 1504 à 1506, fils de Maximilien de Habsbourg et de Marie de Bourgogne.


Philippe Ier hérite de sa mère († 1482) les Pays-Bas et reçoit par le traité de Senlis (1493) l’Artois, la Franche-Comté et le Charolais, que lui restitue Charles VIII de France. Il gouverne véritablement les Pays-Bas à partir de 1495 malgré l’opposition de l’empereur Maximilien, qui se refuse à abandonner la régence. Dès le début de son règne, Philippe le Beau suit une politique qui va à l’encontre des intérêts de son père : relations avec Henri VII d’Angleterre et signature d’un traité avec Louis XII de France aux termes duquel il reconnaît la suzeraineté du monarque français sur l’Artois et la Flandre et renonce à la Bourgogne.

En 1496, il épouse la fille des Rois Catholiques, Jeanne la Folle, qui lui donne six enfants : deux garçons (les futurs empereurs Charles Quint et Ferdinand Ier) et quatre filles (Éléonore, qui deviendra reine de Portugal par son mariage en 1518 avec le roi Manuel Ier le Fortuné, puis de France par son union en 1530 avec François Ier ; Élisabeth, qui sera souveraine au Danemark ; Marie, qui montera sur le trône de Hongrie, et Catherine, qui épousera Jean III de Portugal).

Un an après la mort d’Isabelle la Catholique (1504), les Cortes de Toro approuvent le testament par lequel elle transmet la couronne de Castille à sa fille Jeanne. Philippe et Jeanne se trouvant alors aux Pays-Bas, Ferdinand le Catholique est nommé régent jusqu’à leur retour en 1506 ; Philippe et Jeanne sont alors reconnus rois par les Cortes de Valladolid.

L’état mental de la reine entraîne sa réclusion et la remise du gouvernement entre les mains de Philippe Ier. Malgré la résistance de certains nobles qui n’acceptent pas cette décision et s’opposent avec succès à la déchéance de la souveraine, le roi parvient à être le seul maître, mais s’attire une impopularité générale.

Ferdinand le Catholique, qui s’était retiré en Aragon après une entrevue avec Philippe à son arrivée en Espagne (juin 1506), est aussitôt rappelé par la noblesse castillane à la mort prématurée de Philippe Ier en septembre 1506. Jeanne la Folle survivra longtemps à son mari, mais, restée seule, sa santé ne fera que s’aggraver jusqu’en 1555, où elle mourra à Tordesillas.

R. G.-P.

Philippe II

(Valladolid 1527 - l’Escurial 1598), roi d’Espagne de 1556 à 1598.



Un roi espagnol

Philippe II, fils de l’empereur Charles* Quint et de l’impératrice Isabelle (1503-1539), passe les premières années de sa jeunesse près de sa mère. Mais, par la suite, c’est Charles Quint qui se chargera lui-même de sa formation politique et diplomatique. En 1543, l’empereur, devant quitter l’Espagne pour combattre les Turcs, confie provisoirement le gouvernement de la Péninsule à Philippe II. Celle même année, Philippe épouse Marie de Portugal (1526-1545), fille de Jean III, qui ne survit pas à la naissance du prince don Carlos (Charles d’Autriche, 1545-1568). Le monarque se marie en 1554 avec sa tante Marie* Tudor, reine d’Angleterre.

Après avoir reçu en 1553 le royaume de Naples et le duché de Milan, puis, deux ans plus tard, les Pays-Bas, Philippe II, à la suite de l’abdication de son père, est couronné le 28 mars 1556 à Valladolid ; il hérite de toutes les possessions espagnoles d’Europe et du Nouveau Monde. Contrairement à Charles Quint, qui considérait l’Empire comme un ensemble de nations liées uniquement par la religion et l’autorité d’un seul souverain, Philippe II envisage tous les problèmes qui se posent, en des territoires très divers, d’un point de vue fondamentalement espagnol. Tandis que son père parcourait sans cesse l’Europe, le nouveau roi ne sort pratiquement pas d’Espagne ; alors que les conseillers de Charles Quint étaient en grande partie étrangers, ceux de Philippe II seront presque tous espagnols. L’Espagne devient donc le cœur de l’Empire. L’idée maîtresse autour de laquelle tourne toute la politique de Philippe II est celle du maintien de l’unité du catholicisme.

Le roi doit poursuivre la lutte entreprise par son père contre le roi de France Henri II* et le pape Paul IV. Le duc d’Albe*, vice-roi de Naples, envahit les États pontificaux, et le cousin de Philippe II, Emmanuel-Philibert, duc de Savoie (1528-1580), pénètre en territoire français, où il remporte la victoire de Saint-Quentin (10 août 1557, le jour de la Saint-Laurent). C’est en l’honneur de cet événement qu’est construit le monastère de l’Escurial (el Escorial), dont le tracé rappelle celui du gril sur lequel fut supplicié ce martyr. Le duc de Guise enlève la place de Calais aux Anglais, alliés aux Espagnols par le mariage du roi, mais les troupes françaises sont battues à Gravelines en 1558. La paix du Cateau-Cambrésis (1559) met fin au conflit. La France renonce à ses ambitions en Italie et Philippe II, ayant perdu sa seconde femme, épouse Élisabeth de Valois (1545-1568), fille d’Henri II de France et de Catherine de Médicis. Elle lui donnera deux filles, dont Isabelle Claire Eugénie (1566-1633), la future régente des Pays-Bas. De nouveau veuf, il se marie en 1570 avec la fille de l’empereur Maximilien II, Anne (1549-1580), de qui il a plusieurs enfants dont Ferdinand (1571-1578), Charles-Laurent, (1573-1575), Philippe (1578-1621), qui lui succédera, et Marie (1580-1583).

À l’intérieur, il réduit en 1559 par l’Inquisition deux foyers calvinistes à Valladolid et à Séville.

Philippe fait de Madrid sa capitale (1561), décision due tout à la fois au caractère sédentaire du souverain et à la complication croissante des organes administratifs.