Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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pétrole (suite)

Le monde du pétrole est donc caractérisé aujourd’hui par la coexistence de grandes entreprises privées — donc du type capitaliste classique —, d’économie mixte — dans lesquelles l’État n’intervient qu’indirectement — et d’économie complètement étatique. L’équilibre entre les trois types de forces en présence est relativement stable, car les ressources pétrolières sont abondantes et disséminées dans toutes les parties du globe, tandis que la demande, qui est basée sur des besoins fondamentaux du public, varie suivant des lois assez lentes pour que les investissements, décidés cinq ans auparavant, soient rentables dans la conjoncture actuelle et future. Pendant longtemps, ces investissements purent être largement autofinancés par les ressources propres des entreprises, mais, de nos jours, les sociétés pétrolières ont recours à toutes les formes de financement possibles pour faire face à leurs énormes besoins en capitaux frais, qui, en France, sont de l’ordre de 5 000 MF par an.

Sur le plan mondial, l’industrie du pétrole investit environ 10 dollars par tonne produite, ce qui représente annuellement une dépense approchant 150 000 MF.


Le pétrole dans la politique internationale

Depuis la Seconde Guerre mondiale, on est passé progressivement de l’époque héroïque, où « le pétrole est à celui qui en trouve », à l’ère de la décolonisation, où « le pétrole appartient à la nation ».

De nombreux pays producteurs, notamment au Moyen-Orient et en Amérique latine, tirent du pétrole une part considérable de leur produit national brut, et leurs gouvernements cherchent à augmenter les redevances (royalties) et les impôts que s’engagent à payer les compagnies pétrolières lors de l’octroi ou du renouvellement des concessions, c’est-à-dire du droit de prospecter une certaine zone et d’extraire les hydrocarbures qui pourraient s’y trouver. Pendant longtemps, l’accord se faisait sur la base dite « 50-50 » : le pays producteur et la société concessionnaire se partageaient également le bénéfice que représentait la différence entre le prix de revient (coût de production) et le prix de vente (prix affiché au port d’embarquement). Groupés en une Organisation des pays exportateurs de pétrole (O. P. E. P.), les producteurs ont d’abord porté la fiscalité de base à 60 p. 100, puis instauré, pendant la crise de 1973, un embargo sur les exportations vers certains pays, comme les États-Unis. De plus, le gouvernement producteur peut procéder, contre indemnisation, à la nationalisation partielle ou totale des avoirs de la compagnie pétrolière expropriée : c’est ainsi qu’en février 1971 l’Algérie prit le contrôle de 51 p. 100 du patrimoine des sociétés françaises dans ce pays.

En France, le statut de l’industrie du pétrole est fondé sur une législation datant de 1928, instaurant un régime d’autorisations renouvelables par lesquelles l’État contrôle indirectement les investissements, répartit le marché entre les sociétés nationales et les filiales des compagnies internationales, et intervient dans la fixation des prix de vente.

Dans tous les pays, les produits pétroliers, et particulièrement les carburants, servent de support à une importante fiscalité : en 1970, celle-ci représentait à elle seule 7,6 p. 100 de toutes les ressources de l’État français. C’est ainsi que le prix du litre de supercarburant se décompose de la manière suivante (fin 1976) :
— prix hors taxes de la raffinerie, couvrant la prospection, le forage, la fiscalité du pays producteur, le transport maritime, les pipe-lines, le stockage, le raffinage, les frais de distribution, la station-service et la marge commerciale : 0,91 F ;
— fiscalité française, droits de douane, taxes et redevances : 1,01 F ;
— T. V. A. : 0,33 F ;
— prix de vente à la pompe 2,25 F.

Un pourcentage d’environ 20 p. 100 des recettes budgétaires provenant des hydrocarbures est affecté au Fonds spécial de l’investissement routier, et un autre de 4 p. 100 au financement de programmes de recherche scientifique et technique.

La sécurité dans l’industrie du pétrole

Les raisons pour lesquelles les produits pétroliers sont une source potentielle de danger doivent être toujours présentes à l’esprit.
1. Les hydrocarbures sont des corps éminemment inflammables.
2. Dans les raffineries, le pétrole est soumis à des températures (pouvant atteindre 800 °C) et à des pressions (200 bars dans certains hydrocraqueurs) qui le rendent spontanément explosible en cas de fuite.
3. Les incendies pétroliers sont très difficiles à éteindre, exigent des techniques d’étouffement spéciales, l’eau n’étant pas un agent extincteur en l’occurrence, et se rallument aisément si leur cause subsiste.
4. L’emploi universel des produits du pétrole accroît le risque d’accidents dus à la distraction ou à l’inexpérience.

Aussi existe-t-il un ensemble de dispositions dans les raffineries et dépôts pétroliers, ainsi qu’au cours du transport maritime et terrestre et de l’utilisation du pétrole sous toutes ses formes, pour sauvegarder au mieux les vies humaines et préserver les équipements investis.

Législation

La France s’est dotée d’une réglementation particulièrement sévère et complète à la suite de la catastrophe de la raffinerie de Feyzin, en 1966, l’une des plus graves que l’industrie du pétrole ait eu à subir : non seulement cet incendie coûta la vie à 18 personnes et détruisit partiellement les stockages de l’usine, mais il créa un risque pour l’autoroute proche et même pour les abords de l’agglomération lyonnaise.

L’ancienne réglementation des « établissements classés dangereux, insalubres et incommodes », applicable à tout dépôt d’hydrocarbures, a été complétée par un règlement de sécurité préparé en collaboration par les spécialistes de l’industrie et de l’administration, les textes successifs concernant d’abord les raffineries, puis les dépôts, les centres de stockage des gaz liquéfiés et, enfin, le gaz naturel liquéfié et réfrigéré (méthane).