Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Argentine (suite)

Les conditions naturelles

Lorsque les Espagnols arrivèrent à l’embouchure du Río de la Plata, l’Argentine, au climat trop semblable à celui de l’Europe, n’attira guère leur attention, et c’est ainsi qu’aux temps coloniaux les hommes ont négligé les vastes horizons des plaines argentines, et remonté le Río de La Plata à la recherche d’une voie vers les Andes, vers les pays dont les richesses minières les attiraient ou dont le climat tropical favorisait une économie de plantations. Délaissés par les colons du xvie s., et longtemps restés le domaine des seules tribus indiennes, ce furent au contraire ces vastes espaces qui, du fait même de leurs climats tempérés, reçurent la masse des immigrants partis d’Europe dans la seconde moitié du xixe s. ; ceux-ci étaient soucieux de ne pas s’installer dans des conditions trop différentes de celles de leur pays d’origine. Malgré cet afflux récent, l’Argentine a une population peu nombreuse ; la densité moyenne y est inférieure à 10 hab. au km2. Elle demeure d’abord le pays des grandes plaines monotones, la Pampa et le Chaco, bordées à l’ouest par le versant oriental des Andes, et au sud par les vastes plateaux de la Patagonie.


Les climats

Constatant sur l’ensemble du pays l’alternance d’une saison chaude et d’une saison froide, on pourrait parler d’une Argentine tempérée. En réalité, moyennes thermiques et observations générales dissimulent de fortes différences climatiques d’un point à l’autre. Ces différences sont dues à l’étendue même du pays en latitude, et au rôle joué par la barrière andine, opposée à toute influence pouvant venir du Pacifique. Au nord, le climat rappelle celui du Brésil ou du Paraguay ; il se dégrade progressivement jusqu’en un climat froid au sud, qui évoque les climats rudes de l’Europe du Nord.

• Le domaine des climats chauds et humides n’occupe qu’une surface restreinte au nord-est du pays. Ces climats se caractérisent par de fortes pluies d’été, sans que l’hiver soit vraiment sec ; le total pluviométrique peut atteindre 1 500 à 1 600 mm par an.

• Plus vaste est le domaine des climats chauds et secs, bordant cette zone chaude et humide et englobant la plaine du nord de l’Argentine, le Chaco. Le climat chaud et sec ne se manifeste qu’au terme d’une série de transitions, caractérisées par une décroissance progressive de la pluviosité vers l’ouest ; il existe en fait un Chaco humide à l’est et un Chaco sec à l’ouest. À proximité des Andes, l’influence de l’altitude se manifeste par une grande fraîcheur du climat et une pluviosité un peu plus abondante.

• Au sud de ces deux zones, encore influencées par la chaleur des pays subtropicaux, s’étend le domaine des climats tempérés, qui affectent la plus vaste partie de l’espace argentin. Il convient d’ailleurs d’apporter quelques restrictions quant à l’emploi du terme. Ainsi, l’ensemble formé par la Pampa et sa bordure montagneuse à l’ouest est affecté par un régime thermique semblable à celui des pays tempérés, caractérisés par l’alternance d’un hiver froid et d’un été chaud ; mais la région de Buenos Aires connaît un hiver assez doux, un été frais, un climat où la pluviosité reste abondante. Vers l’intérieur de la Pampa, on passe très progressivement à un climat continental, caractérisé par des différences de température de plus en plus accusées et une pluviosité de plus en plus rare. Ce climat subit une dégradation progressive, atteignant la franche aridité à l’ouest de la Pampa et sur les bords de la montagne andine : dans la région de Córdoba, il ne tombe plus que 600 mm de pluie par an ; enfin, à la longitude de Mendoza, la pluviosité est voisine de 200 mm par an.

• Au sud, s’étend le vaste domaine du froid et de la sécheresse sur l’ensemble de la Patagonie. À ce froid de plus en plus accentué vers le sud, s’ajoute la violence des vents qui balayent l’ensemble du plateau, imposant un climat aride aux hivers extrêmement rigoureux, aux précipitations toujours inférieures à 300 mm par an. Le domaine de ce dernier climat coïncide avec un ensemble topographique nettement défini, et leur combinaison délimite ainsi une région naturelle spécifique : la Patagonie. Ailleurs, au contraire, c’est plutôt le relief qui confère une certaine unité à des régions où les climats se modifient rapidement, du nord au sud comme d’est en ouest, tant par les températures que par la pluviosité.


Les ensembles topographiques


La grande barrière montagneuse des Andes

D’une façon générale, l’édifice andin s’abaisse en allant vers le sud ; aussi l’Argentine ne possède-t-elle que la fin de cette muraille, plus précisément l’ensemble oriental et une partie de l’ensemble central, à l’endroit où déjà celui-ci s’amenuise, tant en largeur qu’en hauteur.

Au nord, les grandes Andes de la zone tropicale recouvrent essentiellement le désert de la Puna de Atacama, aux formes massives et plates, partagé entre le Chili et l’Argentine. À plus de 4 000 m d’altitude, ce désert est bordé de hauts volcans et de sierras très découpées. Dans la partie centrale, les Andes offrent un paysage plus disséqué, plus morcelé, où les chaînes, moins régulières, sont coupées par de petits bassins. L’ensemble est dominé par la très grande masse du plus haut volcan des Andes : l’Aconcagua, qui culmine à 6 959 m. Toujours en allant vers le sud, l’altitude moyenne des sommets s’abaisse progressivement. La caractéristique essentielle est ici le rôle important des glaciers, ceux des époques froides du Quaternaire ou glaciers actuels. Ainsi le paysage prend-il une allure plus alpine, avec grandes vallées glaciaires en U et lacs de surcreusement. Vers l’extrême sud, on trouve même des glaciers de sommets et de vallées.

Au niveau des plaines, l’édifice andin ne prend pas fin brutalement à l’est. Les Andes sont bordées à l’est par des massifs, appelés sierras pampéennes, telle celle de Córdoba, qui culmine à près de 3 000 m ; en outre, une série de gradins, recouverts par les dépôts venus de la masse andine, s’étagent jusqu’à la Pampa. Du côté patagonien, la transition est cependant plus rapide entre les Andes et le plateau.