Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Paris (suite)

L’idée d’un métropolitain, inspirée par l’exemple londonien, était dans l’air depuis l’exposition de 1878. Une ridicule querelle d’autorité entre l’État et la Ville retarda la réalisation du projet, le conseil municipal refusant l’extension des lignes en banlieue et le raccordement au réseau ferré. Les travaux commencent seulement en 1898, et la première ligne, Vincennes-Porte Maillot, est inaugurée le 9 juillet 1900, en pleine Exposition universelle. Six autres étaient terminées en 1914. Sous la préfecture de Justin Selves (de 1896 à 1911), les travaux de voirie reprennent. Les vieux quartiers du centre longtemps abandonnés, continuent à se dégrader. Depuis 1880, un flot d’immigrants d’Europe orientale russes, polonais, juifs s’est déversé sur le IIIe et le IVe arrondissement, dans des conditions qui rappellent celles de la monarchie de Juillet. Les services de salubrité délimitent dans les casiers sanitaires une série d’îlots insalubres, qu’on commence à assainir. Le quartier Maubert est partiellement épuré. Rive droite, on élargit les débouchés de la rue de Rivoli (rues du Renard, Beaubourg, des Archives). Mais les « bandes noires » continuent à sévir et les hôtels historiques du Marais s’en vont en lambeaux. Il y a plus grave. Malgré la création d’une commission de l’extension de Paris, destinée à pallier les inconvénients d’une urbanisation anarchique, la « zone » périphérique subsiste, refuge lépreux d’un sous-prolétariat que la ville rejette. Du côté des « fortif », la pègre règne en maîtresse.


Paris de la Première à la Seconde Guerre mondiale

C’est presque une page blanche dans l’histoire de l’urbanisme, et qui n’est guère à l’honneur des gouvernements et des administrations. Après 1918, la construction stagne. À grand-peine, on achève quelques tronçons : le boulevard Haussmann en 1926, l’avenue de la Muette en 1933. Les fortifications sont rasées et sur leur emplacement sont aménagés les boulevards des Maréchaux. Deux opérations intéressantes à noter, qui demeurent malgré tout isolées : la construction de la Cité universitaire et celle du palais de Chaillot, pour l’exposition de 1937. Paris connaît pour la première fois un certain tassement de population. Entre les recensements de 1901 et de 1931, la capitale ne gagne que 200 000 habitants. Au contraire, la poussée s’est accentuée en banlieue. Certaines grandes usines s’installent encore sur les rares terrains libres (Citroën quai de Javel), mais la ceinture industrielle autour de la ville s’élargit et devient plus dense. Intra-muros, les arrondissements se dépeuplent : le IIIe passe de 90 000 habitants en 1901 à 66 000 en 1936 ; le IVe, de 100 000 à 70 000 ; le XIe, de 22 000 à 16 000.

Malgré cela apparaît une crise du logement inconnue avant la guerre. L’impéritie des services officiels aboutit à la dégradation du patrimoine immobilier. Des terrains dégagés par la destruction des secteurs insalubres (plateau Beaubourg, îlot Saint-Paul) sont scandaleusement laissés à l’abandon. Par contre, les locaux administratifs et les bureaux des services officiels progressent au détriment des immeubles d’habitation. La composition de la population se modifie. Les effectifs des professions libérales ont augmenté de plus de 50 p. 100 depuis le début du siècle. S’insérant entre la haute société, ruinée, et la classe des travailleurs manuels, en déclin, un nouveau Paris surgit, composé de classes moyennes en plein essor. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, Giraudoux note : « Paris n’est, en ce moment, qu’une petite ville incomparable encerclée sur presque tout son pourtour par des villes hideuses, par une cité concentrique en formation où s’accumulent, dans une contradiction scandaleuse, à la fois les déchets de Paris et, sur des lotissements généralement ignobles, tous ceux des Parisiens qui ont cru atteindre ainsi la verdure et la nature. »

Sur le plan administratif, l’histoire récente de Paris est marquée par la réforme de 1975, qui voit l’élection, en 1977, d’un maire, Jacques Chirac. (V. colléctivités territoriales.)

J. L. Y.

 N. De Lamare, Traité de la police (Paris, 1705-1738, 4 vol. ; 2e éd., Amsterdam, 1729). / H. Sauval, Histoire et recherche des antiquités de la ville de Paris (C. Moëtte, 1724 ; 3 vol.). / J. Lebeuf, l’Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris (Prault, 1754-1758, 15 vol. ; nouv. éd. Féchoz, 1883-1893, 7 vol.) ; Rectifications et additions par F. Bournon (Champion, 1890 ; 3 vol.). / A. J. V. Leroux de Lincy, Histoire de l’Hôtel de Ville de Paris (Dumoulin, 1846). / C. Jourdain, Histoire de l’Université de Paris aux xviie et xviiie siècles (Hachette, 1862-1866). / Histoire générale de Paris (collection des documents publiés par le Service des travaux historiques de la Ville de Paris, 1866-1970 ; 70 vol.). / M. Vachon, l’Ancien Hôtel de Ville de Paris, 1533-1871 (Quantin, 1882). / P. Robiquet, Histoire municipale populaire de Paris (Hachette, 1887-1904 ; 3 vol.). / F. de Rochegude, Guide pratique à travers le vieux Paris (Hachette, 1902 ; nouv. éd. par M. Dumoulin, Champion, 1923) ; Promenades dans toutes les rues de Paris, par arrondissements (Hachette, 1910 ; 20 vol.). / F. Olivier-Martin, l’Histoire de la coutume de la prévôté et vicomte de Paris (Leroux, 1922-1931 ; 2 vol.). / M. Poëte, Une vie de cité. Paris de sa naissance à nos jours (A. Picard, 1925-1932 ; 4 vol.). / L. Dubech et P. d’Espezel, Histoire de Paris (Éd. pittoresques, 1932 ; 2 vol.). / J. Guerout, le Palais de la Cité à Paris, des origines à 1417, essai topographique et archéologique (Fédération des Soc. historiques de Paris, 1949-1951 ; 3 vol.). / M. Pitsch, la Vie populaire à Paris au xviiie siècle (Picard, 1949 ; 2 vol.). / M. Roblin, le Terroir de Paris aux époques gallo-romaine et franque (Picard, 1951). / L. Chevalier, la Formation de la population parisienne au xixe siècle (P. U. F., 1953). / L. Réau, P. Lavedan et autres, l’Œuvre du baron Haussmann (P. U. F., 1954). / P. Caron, Paris sous la Terreur (Klincksieck, 1958). / F. de Rochegude et J. P. Clébert, les Rues de Paris (Club des libraires de France, 1959 ; 2 vol.). / A. Friedmann, Recherches sur les origines et l’évolution des circonscriptions paroissiales de Paris au Moyen Âge (Plon, 1960). / P. Lavedan, Histoire de Paris (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1960 ; 2e éd., 1967) ; Paris (P. U. F., 1964) ; Histoire de l’urbanisme à Paris (Réalités-Hachette, 1976). / P. M. Duval, Paris antique des origines au iiie siècle (Hermann, 1961) ; Paris. Croissance d’une capitale (Hachette, 1961) ; Paris. Fonctions d’une capitale (Hachette, 1962). / R. Mousnier, Paris au xviie siècle (C. D. U., 1962). / G. Fourquin, les Campagnes de la région parisienne à la fin du Moyen Âge (P. U. F., 1963). / J. Ferté, la Vie religieuse dans les campagnes parisiennes, 1622-1695 (Vrin, 1964). / J. Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris (Éd. de Minuit, 1963 ; 2 vol.). / J. P. Aron, Essai sur la sensibilité élémentaire à Paris au xixe siècle (A. Colin, 1967). / M. Guerrini, Napoléon et Paris (Téqui 1967). / B. Geremek, le Salariat dans l’artisanat parisien aux xiiie-xve siècles (trad. du polonais, Mouton, 1968). / Nouvelle Histoire de Paris (Hachette, 1970-1976 ; 6 vol. parus). / J. Favier, les Contribuables parisiens à la fin de la guerre de Cent Ans (Droz, Genève, 1971). / J. Jacquart, Société et vie rurale dans le sud de la région parisienne du milieu du xvie au milieu du xviie siècle (Thèse, Paris, 1971). / M. Mollat (sous la dir. de), Histoire de l’Île-de-France et de Paris (Privat, Toulouse, 1971). / H. Malet, le Baron Haussmann et la rénovation de Paris (Éd. municipales, 1973).