parasitisme (suite)
Les entomoses et les acarioses ont été combattues longtemps avec succès par application de substances organochlorées ; leur rémanence les faisait persister dans des produits destinés à la consommation humaine, notamment le lait. Leur emploi est aujourd’hui réglementé, et le traitement des gales, des phtirioses ou de l’acariose ixodidienne est maintenant fondé sur les applications (en pulvérisation, en balnéations) d’organophosphorés, plus rapidement dégradables.
Les mycoses comme les teignes sont assez facilement traitées par de nombreux dérivés organiques (benzothiazol, diphénols). Les mycoses internes, comme les candidoses et, à un moindre degré, les aspergilloses, sont améliorées par des antibiotiques antifongiques tels que la nystatine ou l’amphotéricine.
Si l’importance du traitement n’est pas à souligner, mieux vaut, cependant, prévenir que guérir, surtout en économie animale, où la notion de rentabilité est primordiale. Le traitement, aussi spectaculaire soit-il, n’apporte pas toujours la garantie d’un succès parfait, ne préserve pas les sujets de séquelles qui compromettent leur utilisation ultérieure et ne permet pas de récupérer le manque à gagner qu’a entraîné la maladie elle-même.
La prophylaxie est fondée sur des moyens dits « non spécifiques » ; ce sont ceux qui permettent de maintenir un équilibre hôte-parasite : un apport alimentaire de bonne qualité, le maintien des animaux dans de bonnes conditions d’hygiène et de densité constituent à cet égard des facteurs majeurs. Il est vrai que les impératifs de l’élevage moderne, qui impliquent une concentration anormalement élevée, vont souvent à l’encontre de ces règles de bon sens — des moyens qualifiés de « spécifiques » ; ce sont des méthodes qui visent à atteindre le parasite lui-même, en évitant son introduction dans l’organisme, en limitant son développement, en le détruisant sous ses diverses formes.
Les interventions sont d’ordre offensif : c’est le cas lorsqu’on utilise des substances (anthelminthiques, protisticides) qui agissent certes à titre curatif, mais qui interviennent aussi préventivement, dans la mesure où le parasite peut être éliminé avant qu’il n’ait provoqué des troubles appréciables et qui permettent de tarir au moins partiellement les sources parasitaires que représentent les animaux porteurs apparemment sains. La chimiothérapie appliquée systématiquement à titre préventif est une des mesures de prophylaxie les plus courantes. Dans le milieu extérieur, il est possible d’atteindre le parasite sous ses formes libres. La cyanamide calcique, par exemple, est répandue sur les prairies pour tuer les larves de Strongles en même temps que pour agir comme engrais. Les œufs et les kystes demeurent cependant pour la plupart de destruction chimique très difficile. On peut aussi faire disparaître les hôtes intermédiaires d’un Ver : la lutte menée sur la Limnée tronquée, hôte intermédiaire de la Grande Douve, par des molluscicides appropriés illustre cette possibilité. Les mesures peuvent être aussi d’ordre défensif. Elles s’appliquent sur l’hôte lui-même, lorsqu’on administre des substances qui empêchent le développement des parasites sans nécessairement les tuer ; un exemple de l’utilisation de « chimiopréventifs » est donné par les coccidiostatiques, employés dans l’alimentation des volailles pour empêcher l’évolution des Eimeria. Rentre également dans ce cadre l’administration d’antigènes qui permettent le développement de réactions immunitaires favorables « vaccinant » le sujet (administration à ces fins de larves irradiées de Dictyocaulus chez le veau). Certaines modalités d’élevage permettent aussi d’éviter les parasites : éloigner les animaux d’une zone reconnue infestée (prairies « à Douves », prés « à Ixodes ») ou pratiquer une « rotation des pâturages » dans le cas des strongyloses sont des mesures applicables.
À défaut de pouvoir vaincre définitivement les parasitoses, il est possible d’en limiter beaucoup les incidences si les méthodes de diagnostic, de thérapeutique et de prévention sont appliquées avec persévérance et discernement.
G. J.
J. Euzéby, les Maladies vermineuses des animaux domestiques (Vigot, 1961-1971 ; 4 vol.) ; Cours de mycologie médicale. Les mycoses des animaux et leurs relations avec les mycoses de l’homme (Vigot, 1969). / N. D. Levine, Protozoan Parasites of Domestic Animals and of Man (Minneapolis, 1961). / E. J. L. Soulsby, Helminths, Arthropods and Protozoa of Domesticated Animals (Londres, 1968).