Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

pancréas (suite)

L’examen de ces malades n’apporte que peu d’arguments. Seuls quelques examens complémentaires bien choisis permettent de reconnaître la maladie.
1. Les radiographies recherchent des calcifications dans l’aire de projection du pancréas. Elles cherchent à déceler le retentissement sur les organes voisins (voies biliaires, estomac, côlon transverse). Les opacifications des artères digestives (tronc cœliaque, artère splénique) donnent souvent des arguments de poids.
2. Le laboratoire aura à rechercher un diabète méconnu et à authentifier une diarrhée métabolique en décelant, dans l’analyse des selles, un excès de protides non digérés et de graisses non hydrolysées, donc inabsorbables.

Les autres méthodes d’étude du fonctionnement pancréatique sont : le dosage dans le sang (et les urines) des activités enzymatiques d’origine pancréatique (amylase et lipase) ; l’étude de l’absorption de corps gras ou d’albumine marqués à l’iode radioactif ; le tubage duodénal avec étude du volume, du débit de bicarbonates et des taux de lipase.

L’évolution est variable, tantôt compatible avec une vie presque normale, ailleurs invalidante, entrecoupée de poussées subaiguës, parfois de complications : ictère, thromboses veineuses, pleurésies, hémorragies digestives.

Le traitement est variable avec chaque cas : le traitement médical repose avant tout sur un régime sans alcool et pauvre en graisses. On donne per os des anticholinergiques et des extraits lyophylisés de glande pancréatique à titre substitutif.

La chirurgie peut offrir : rarement les interventions d’exérèse ; parfois des interventions de dérivations. Ailleurs, des actes à visée essentiellement antalgique (splanchnicectomie). Trop rarement, on a la chance de découvrir et de traiter une cause qui met à l’abri des rechutes.


Autres affections du pancréas

On peut observer : des pancréatites localisées dues à des lésions de voisinage (cholécystite, ulcère perforé dans le pancréas) ; des suppurations du pancréas ou des atteintes tuberculeuses, des kystes vrais ou des faux kystes, secondaires à des lésions de pancréatite circonscrite ; des fistules pancréatiques, souvent postopératoires, dont le pronostic désastreux a été transformé par les traitements locaux d’irrigation par l’acide lactique (J. Trémolières).


Pathologie du pancréas endocrine

Elle est souvent le fait de tumeurs soit bénignes, soit malignes, ou encore difficiles à classer ou susceptibles de devenir malignes. Les adénomes langerhansiens (des îlots de Langerhans) étaient naguère considérés comme univoques et capables de sécréter de l’insuline de façon inadaptée aux besoins et d’être ainsi sources d’hypoglycémies organiques, parfois causes de comas avec séquelles neurosensorielles. Cela reste vrai. Mais on a depuis quelques années découvert des tumeurs bénignes ou malignes développées aux dépens des cellules non-bêta et donc ne sécrétant pas d’insuline. Il en est ainsi du syndrome de Zollinger-Ellison, dû à une tumeur insulaire à cellules delta : l’hyperproduction de gastrine (ou d’une substance analogue) entraîne une hypersécrétion acide permanente de l’estomac, responsable de diarrhée et d’ulcères multiples et récidivants tant que l’estomac n’aura pas été retiré chirurgicalement en totalité, seul traitement proposé aujourd’hui.

Plus récemment, le syndrome de Werner-Morrison a pu également être rapporté à une tumeur insulaire responsable de diarrhée majeure de type moteur avec hypokaliémie (baisse du potassium sanguin). Il n’y a pas ici d’hypersécrétion gastrique ni d’ulcères gastro-jéjunaux. L’exérèse chirurgicale d’une partie du pancréas peut être réalisée.

Ph. de L. et J.-C. L. P.

➙ Diabète / Digestion / Hormone / Insuline.

 L. Léger et J. Bréhant, Chirurgie du pancréas (Masson, 1956). / L. Hollender et M. Adloff, les Pancréatites aiguës nécrotico-hémorragiques (Baillière, 1963). / T. T. White et J. E. Murat, les Pancréatites (Expansion scientifique fr., 1968). / H. T. Howat, The Exocrine Pancreas (Londres, 1972).

Panhard

Famille d’industriels français.


René Panhard (Paris 1841 - La Bourboule 1908) fait figure de pionnier de l’automobile avec son associé, Émile Levassor (1844-1897), car c’est à eux que l’on doit l’implantation, en France, de la voiture mue par un moteur à explosion qui ne soit pas simplement un modèle hippomobile motorisé. En 1886, René Panhard, qui dirige une fabrique d’outillages et de scies mécaniques, à Ivry, fonde la Société Panhard et Levassor, qui se donnera pour tâche première d’accroître la capacité de production de l’usine, mais ne tardera pas à s’attaquer au problème de l’automobile. Levassor a conscience de la véritable révolution qu’introduirait, dans l’histoire des transports sur route, l’avènement de la « voiture sans chevaux », mais il lui manque l’essentiel : un moteur léger. Des essais sont entrepris sur des moteurs à gaz, mais ils ne donnent aucun résultat. C’est alors que le représentant exclusif, pour la France, des moteurs Daimler vient faire une proposition à la Société Panhard et Levassor, comptant sur l’appui d’Émile Levassor aux côtés de qui il a travaillé, en Belgique, chez Cockerill Worth. Comme il a pris en charge les brevets français couvrant les moteurs Daimler, il doit les valider en en faisant fabriquer un certain nombre d’exemplaires par une entreprise française. Panhard et Levassor acceptent de les mettre à l’essai et font la connaissance de Gottlieb Daimler*, qui expose au Salon de Paris de 1889. La construction de son moteur à deux cylindres en V est entreprise à l’usine d’Ivry. Reste à déterminer la forme à donner au véhicule qu’il équipera. Jusqu’alors, tous les constructeurs se contentent de motoriser des modèles existants de voitures à chevaux. Émile Levassor estime que c’est un non-sens, car ces superstructures ne sont pas faites pour résister aux importantes vibrations que leur imposent des moteurs très mal équilibrés. À la suite de multiples déboires que suscitent les premières expériences, la forme idéale est trouvée en 1891 ; elle évoque, déjà, la voiture de l’avenir, mais il faut vaincre les suspicions des clients. Agissant, en effet, à contre-courant des idées de l’époque, Émile Levassor a placé son moteur en position verticale, à l’avant du châssis et assuré la transmission par l’intermédiaire d’un embrayage et d’un changement de vitesses à trois combinaisons avant. Pour imposer sa formule, il décide de participer aux courses sur routes qui viennent d’être instaurées. En 1895, il enlève Paris-Bordeaux-Paris (1 200 km) avec une aisance stupéfiante, précédant le second, une Peugeot à deux places, de 5 heures et 48 minutes. Malheureusement, en 1896, sur le parcours Paris-Marseille, sa voiture se retourne. Apparemment indemne, Levassor meurt, subitement, l’année suivante, probablement d’une hémorragie cérébrale. L’impulsion donnée ne se ralentit pas, et les Panhard continuent à glaner des succès : Marseille-Nice (1898), course de côte de Chanteloup (1899), Paris-Bordeaux (1898 et 1901), Paris-Lyon (1900). Le succès commercial est tel que la raison sociale se transforme et devient la Société des anciens Établissements Panhard et Levassor, au capital de 5 millions de francs-or, et un nouveau complexe industriel, consacré uniquement à la construction des voitures, est érigé avenue d’Ivry, à proximité de l’usine de machines-outils, dont on continue l’exploitation.