Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

paludisme ou malaria (suite)

Très différents sont les accès intermittents, provoqués par les reviviscences schizogoniques de P. vivax, P. ovale et P. malariæ. L’accès typique se décompose en trois stades : tout d’abord, frissonnant, le malade se blottit sous des couvertures, sa température s’élève à 39 °C et sa rate s’hypertrophie. Ce stade dure environ une heure. Puis, la température atteignant jusqu’à 41 °C, le malade rejette ses draps. Enfin, une sudation importante inonde le malade et ses linges, la température baisse ; ce dernier stade est suivi d’une phase de soulagement et d’euphorie. On décrit dans ce cadre la fièvre tierce, correspondant à une schizogonie de 48 heures et survenant les 1er, 3e et 5e jours à l’occasion de parasitémie par P. vivax ou P. ovale. Lorsqu’elle est irrégulière, elle peut être due à P. falciparum et prend alors le nom de « tierce maligne ». La fièvre quarte, correspondant à une schizogonie de 72 heures, survient les 1er, 4e et 7e jours. Elle est due à P. malariæ. Il est enfin possible d’observer une fièvre quotidienne faite d’une double tierce alternée ou d’accès irréguliers due à P. falciparum.

Quant au paludisme viscéral évolutif, il se voit surtout en zone d’endémie et se traduit par des manifestations d’anémie. Son évolution chronique peut être redoutable.

Le diagnostic du paludisme repose avant tout sur la recherche de l’Hématozoaire dans le sang périphérique par les techniques de frottis mince et goutte épaisse colorés par la méthode de May-Grunwald-Giemsa. Les trophozoïtes de P. falciparum se caractérisent par leur aspect de bague à double chaton qui donne une impression monotone à la lame en raison de l’importance du parasitisme. Ce fait est très important, car le diagnostic d’accès palustre à P. falciparum est l’une des grandes urgences tropicales. De sa rapidité peut dépendre le pronostic vital. Les méthodes immunologiques ne constituent encore qu’un appoint au diagnostic de paludisme.

Le traitement curatif repose sur des produits schizonticides et gaméticides. Parmi les schizonticides, la quinine, antipaludique naturel, garde toute sa valeur, surtout en thérapeutique d’urgence. Les amino-4 quinoléines, antipaludéens de synthèse, constituent le groupe le plus utilisé, qu’il s’agisse de chloroquine ou d’amodiaquine. Les antifoliques (sulfones et sulfamides) et les antifoliniques (pyriméthamine et proguanil) peuvent avoir un intérêt en cas de résistance aux amino-4 quinoléines. Parmi les gaméticides, que l’on devrait appeler plus précisément gamétocytocides, figurent plusieurs produits dont la tolérance n’est en fait pas toujours excellente. En pratique, le traitement d’un accès simple consiste en une cure de chloroquine par voie orale ou, en cas d’intolérance digestive, par voie parentérale. Le traitement d’un accès pernicieux débutant, ou a fortiori constitué, repose sur la prescription de quinine intraveineuse et de perfusions destinées à lutter contre le choc.

La prophylaxie s’entend à l’échelon individuel et collectif. Pour l’individu se rendant dans une zone d’endémie palustre, la meilleure prophylaxie est la prise d’un comprimé par jour, dès le jour du départ et jusqu’à 2 mois après le retour, de chloroquine ou d’un équivalent. On peut la remplacer par la prise de trois comprimés par semaine ou même de trois comprimés tous les 15 jours d’amodiaquine. Au décours d’un accès dû à des formes dotées de cycles exoérythrocytaires secondaires, on est amené à prescrire une amino-8 quinoléine.

La protection des collectivités doit être assurée par une chimioprophylaxie régulièrement distribuée, par l’assainissement des zones endémiques et par la destruction des Anophèles à l’état larvaire ou adulte au moyen d’insecticides ou de larvicides tels que le D.D.T. ou l’H.C.H. Malheureusement, la résistance des Anophèles aux insecticides de contact rend aléatoire cette prophylaxie. Malgré les tentatives d’éradication par les services de lutte antipalustre, il faut bien reconnaître qu’aujourd’hui encore cette grande endémie est loin d’être vaincue.

M. R.

➙ Moustique.

 F. Pagès, le Padulisme (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1953 ; 2e éd., 1966). / G. Villain, Guide pratique d’examen microscopique du sang appliqué au diagnostic du paludisme (Éd. Biologie médicale, 1953). / E. J. Pampana et P. F. Russel, le Paludisme, problème mondial (O. M. S., Genève, 1955). / P. E. Thompson, Antimalarial Agents. Chemistry and Pharmacology (New York, 1972).

palynologie

Discipline botanique qui étudie les pollens actuels et fossiles.


Alors que, dès l’aube des civilisations, les agriculteurs mésopotamiens s’étaient rendu compte de l’importance du pollen pour la fécondation des Dattiers et que Pline lui attribuait le sexe mâle, ce n’est qu’au milieu du xviie s. que, grâce aux perfectionnements des microscopes, N. Grew a commencé, sommairement, à en décrire différents types. L’étude fut poursuivie par F. Bauer à Kew. J. E. Purkyně puis H. von Mohl en 1834 donnèrent une première classification des pollens, et l’étude de la membrane fut entreprise par H. C. A. Fischer. Mais la véritable grande synthèse n’est faite qu’en 1935 par R. P. Wodehouse dans son traité Pollen Grains, qui sert encore aujourd’hui, quoique les grands travaux fondamentaux de G. Erdtman, postérieurs (An Introduction to Pollen Analysis en 1943 et Pollen Morphology and Plant Taxynomy en 1952), soient actuellement les ouvrages de base. Depuis plusieurs décennies, différentes écoles (avec W. Mullenders en Belgique, G. Erdtman et J. Rowley en Suède, M. Van Campo en France) font considérablement progresser l’étude de la morphologie des pollens ; non seulement la taille, la forme et les « apertures » sont étudiées d’une manière systématique, mais aussi la structure des membranes : l’intime et l’exine. Ces études nécessitent la mise au point de techniques nouvelles qui permettent une connaissance de plus en plus poussée de la nature intime de ces organites. Pour homogénéiser les descriptions, on a défini une « orientation » des grains de pollen suivant leur disposition dans la tétrade en précisant ainsi la position des pôles proximal et distral, de l’axe polaire, de l’équateur et des deux hémisphères.