Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Palestine (suite)

Le mandat britannique

Les Britanniques installèrent une administration militaire, puis, les accords de San Remo (avr. 1920) entre puissances victorieuses ayant entériné cet état de fait, une administration civile (juill. 1920) sous la direction d’un Juif anglais pro-sioniste, sir Herbert Samuel. Cette administration s’étendit à la Transjordanie, où les Anglais collaboraient avec des autorités locales incertaines sur leur allégeance. L’émir Abdullah arriva en novembre 1920 et se vit confier en mars 1921 le maintien de l’ordre. Ces dispositions furent légitimées formellement le 24 juillet 1922 par un mandat de la Société des Nations accordé à la Grande-Bretagne sur la Palestine et la Transjordanie. Le mandat confiait aux Britanniques le soin de faciliter, par l’immigration notamment, l’installation du Foyer juif sans porter atteinte aux droits des non-Juifs. Les Britanniques pouvaient restreindre ou retarder leur réglementation en Transjordanie. Ils avaient obtenu de l’Organisation sioniste, légalisée par le texte du mandat, son accord sur une interprétation excluant la transformation de la Palestine en État juif. C’était une condition des dispositions favorables au sionisme. En mai 1923, l’indépendance de l’administration de l’émir Abdullah en Transjordanie était reconnue. Les dispositions concernant l’installation d’un Foyer national juif n’y étaient pas appliquées.

La Palestine mandataire, dont la frontière était ainsi fixée sur le Jourdain connut un développement économique certain. Mais les problèmes politiques furent primordiaux. Sous la protection britannique, l’immigration juive progressa d’abord lentement, puis fortement lorsque l’antisémitisme se déchaîna en Europe. Les Juifs étaient 57 000 en 1919, 84 000 (11,1 p. 100) en 1922, 175 000 (17,7 p. 100) en 1931, 384 000 (28 p. 100) en 1936, 539 000 (31,5 p. 100) fin 1943. Ils formaient un peuplement (yishouv) à part, avec une assemblée représentative élue et un Conseil national à pouvoirs quasi étatiques. Ils dirigeaient un secteur économique relativement clos, avec une très puissante centrale syndicale, la Histadrouth, qui possédait des entreprises florissantes. Les achats de terres se multiplièrent au bénéfice de villages coopératifs de structures diverses. Vers 1946, l’agriculture juive occupait 1 800 km2 de terres cultivables sur 5 000 à 6 000 km2 de terres cultivées et peut-être 13 000 de cultivables. La raison d’être du mouvement sioniste restait la formation d’un État juif en Palestine, mais la direction sioniste avait dû renoncer officiellement à cet objectif sous la pression britannique, et des tendances apparaissaient, qui se contentaient d’un État binational arabo-juif. Une tendance dite « révisionniste » réclamait au contraire l’extension du futur État juif à la Transjordanie.

La protestation arabe contre l’objectif final du mouvement, contre la colonisation progressive qui y préparait et contre l’immigration qui en fournissait la base, avait commencé dès l’époque ottomane. Elle se poursuivit à la fois sous une forme politique et sous celle d’émeutes, de manifestations, de grèves, d’attentats contre les Juifs. Mais les Arabes palestiniens étaient divisés en clans et en partis rivaux, qui se combattaient parfois violemment.

L’administration britannique louvoyait entre ces forces opposées. La politique générale de la Grande-Bretagne l’obligea à tenir de plus en plus compte du facteur arabe. De 1936 à 1939, une véritable guérilla palestinienne se déclencha avec des aspects de jacquerie dans les campagnes. Elle était aidée par des volontaires d’autres pays arabes.

Les Britanniques, aidés par les Juifs, finirent par réprimer la révolte. En même temps, à la recherche d’une solution, la commission Peel aboutissait (1937) à préconiser le partage du pays entre un État arabe, un État juif et une région restant sous mandat britannique. Repoussé par les Arabes et la base juive, le plan Peel fut déclaré inapplicable.

À l’approche de la guerre, en 1939, un Livre blanc britannique inaugurait une autre politique, limitant l’immigration juive et la vente des terres. Des extrémistes juifs commencèrent alors une lutte terroriste contre les forces britanniques. En 1942, les autorités juives adoptaient officiellement le programme de la création d’un État juif. Les persécutions hitlériennes rendaient intolérable la limitation de l’immigration, alors que beaucoup de pays refusaient d’accueillir les réfugiés. Les autorités juives participèrent à la lutte contre l’Allemagne, mais se rallièrent après la fin de la Seconde Guerre mondiale à la guérilla contre les Anglais.

En 1947, la Grande-Bretagne décida d’évacuer la Palestine et remit la charge d’une solution à l’O. N. U. Le 29 novembre, celle-ci votait un plan de partage entre un État arabe et un État juif, avec internationalisation du district de Jérusalem, le tout entrant dans une union économique.

Les Palestiniens, aidés par d’autres Arabes, déclenchèrent alors une guérilla, tandis que les forces armées juives occupaient le plus de territoire possible. Le 14 mai 1948, les Anglais se retiraient, et l’indépendance de l’État d’Israël était proclamée. Les troupes des États arabes entraient en Palestine. Elles furent vaincues par l’armée israélienne.


Israël et la résistance palestinienne

Les armistices de 1949 fixèrent des lignes de cessez-le-feu, qui devinrent de nouvelles frontières. La Palestine cisjordanienne se trouva partagée entre un État juif, Israël (20 700 km2), débordant le territoire qui lui avait été attribué par l’O. N. U., et les territoires arabes (env. 6 300 km2) de l’antique Samarie. Abdullah, l’émir de Transjordanie qui s’était fait proclamer roi de Jordanie en 1946, réunit un congrès de Palestiniens qui décida le rattachement de ces territoires à son royaume (déc. 1948) malgré les protestations d’autres Palestiniens et des autres États arabes.