Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

Overijssel (suite)

L’agriculture des terres sableuses reposait traditionnellement sur le seigle, l’élevage bovin dans les fonds humides et le pacage extensif des moutons sur les vastes étendues incultes. Les grands défrichements des xixe et xxe s. et la progression de la culture de la pomme de terre et des plantes fourragères ont bouleversé cette économie rurale ancienne : l’élevage pour le lait et la viande constitue désormais la principale source de revenus d’une agriculture qui pâtit de l’archaïsme de ses structures et en particulier de la petite taille des exploitations. Née comme activité complémentaire de la paysannerie, l’industrie textile est passée de la laine et du lin au coton et s’est concentrée dans les villes de la Twente, dont la rapide croissance depuis 1850 a profondément transformé l’aspect de la région. L’apparition de la métallurgie (Stork), qui fabriquait à l’origine des machines pour le textile, puis de la chimie (AKZO), qui repose en grande partie sur l’exploitation de gisements de sel gemme, introduisit une diversification industrielle dont les effets apparaissent aujourd’hui bénéfiques dans une conjoncture de crise du textile traditionnel. Des problèmes de conversion se posent néanmoins : on espère pallier la diminution des emplois dans le textile par des implantations nouvelles, notamment dans l’électronique et le traitement des matières plastiques.

Malgré leur rayonnement encore limité, Almelo (60 000 hab.) et surtout la conurbation Enschede-Hengelo (238 000 hab.) ont développé des fonctions tertiaires qui assurent la desserte d’une Twente densément peuplée (69 000 hab. en 1830, plus de 500 000 actuellement) et d’esprit assez particulariste et atteignent parfois une influence suprarégionale grâce aux sièges sociaux des grandes entreprises textiles et à l’université technique d’Enschede.

Les centres de l’ouest de la province témoignent d’une évolution inverse : marchés ruraux, villes de la navigation et du commerce, ils ne connurent que depuis peu une industrialisation importante — qui ne doit rien au textile. Le secteur secondaire domine maintenant à Deventer (66 000 hab.) : métallurgie de transformation, chimie, industries alimentaires parmi lesquelles de très grandes conserveries de viande. Zwolle (77 000 hab.) reste surtout, malgré sa zone industrielle toute récente, la capitale administrative de la province et un grand marché au bétail (de loin la principale production agricole de l’ouest de l’Overijssel). Kampen (29 000 hab.) a moins bien réussi son insertion dans l’économie moderne, mais, comme Zwolle, bénéficie de l’extension vers l’ouest de son aire d’influence à la suite de l’assèchement du Zuiderzee et du rattachement à la province du polder du Nord-Est (1962).

L’Overijssel présente aujourd’hui un bilan migratoire négatif, du moins en ce qui concerne les migrations intérieures, car l’appel à la main-d’œuvre étrangère s’accroît sensiblement ; mais sa situation économique reflète son hétérogénéité, les questions les plus préoccupantes étant actuellement la modernisation de l’agriculture des régions sableuses, le développement d’activités nouvelles en Twente et l’amélioration des communications routières dont l’insuffisance ne permet plus à la province, au moment où s’effacent les frontières, de profiter de sa situation intermédiaire entre la Hollande et l’Allemagne fédérale. Des possibilités existent aussi dans le domaine du tourisme, l’Overijssel disposant de paysages variés et attrayants et de 12 p. 100 des espaces de loisirs néerlandais ; seule une meilleure infrastructure offrira les moyens de les valoriser.

J.-C. B.

➙ Zuiderzee.

Ovide

En lat. Publius Ovidius Naso, poète latin (Sulmona, Abruzzes, 43 av. J.-C. - Tomes [Tomi], auj. Constanţa, Roumanie, 17 ou 18 apr. J.-C.).


Issu d’une vieille famille équestre, Ovide, après avoir suivi les leçons des rhéteurs, se voua très jeune à la poésie. Un long voyage en Grèce compléta sa formation. De retour à Rome, il remplit, pour complaire à son père, de modestes fonctions administratives et judiciaires, auxquelles il renonça assez vite pour revenir à ses premiers penchants. Fréquentant les cercles à la mode, attiré par cette société frivole et brillante, il devint bientôt un poète en vue dans le milieu impérial. Horace, Properce, Tibulle lui accordèrent leur amitié.

Les séductions de la vie mondaine, les tentations que donne la facilité amenèrent tout naturellement Ovide jeune à composer des œuvres élégantes, compliquées, à la psychologie subtile. Elles dénotent plus un esprit fin qu’un poète audacieux dans ses conceptions et puissant dans leur expression. S’il est avant tout le poète de l’amour, il s’agit d’un amour de bon ton où l’on trouve le charme et l’ingéniosité et non pas les élans d’une réelle passion. Les élégies des Amours (Amores) [v. 14 av. J.-C.], qui content les amours légères du poète et de l’imaginaire Corinne, les vingt et une lettres des Héroïdes (Heroides) [v. 20-15 av. J.-C.], où des héroïnes de la mythologie s’adressent à leurs amants, les trois livres de l’Art d’aimer (Ars amatoria) [v. 1 apr. J.-C.], ce poème didactique qui est un véritable cours de stratégie amoureuse, ainsi que les Remèdes d’amour (Remedia amoris) et les Fards (Medicamina faciei femineæ) [v. 2 apr. J.-C.] révèlent un poète avant tout soucieux de son art, galant et spirituel, dont l’aisance et souvent la légèreté de touche n’excluent pas la délicatesse de l’analyse.

Probablement conscient d’être appelé à une destiné plus haute que celle d’un poète mondain au talent éprouvé, Ovide, la maturité venue, envisagea des œuvres plus sérieuses. Le sujet des transformations d’un être humain en pierre, en végétal ou en animal lui parut propre à une œuvre épique où il pourrait, dans un autre domaine, rivaliser avec Virgile. Ainsi les Métamorphoses (Metamorphoses) [2-8 apr. J.-C., 15 livres, plus de 12 000 vers] mettent en scène des histoires depuis longtemps contées par les Grecs. Mais Ovide sut faire une heureuse adaptation de ses modèles au génie de sa langue. Sans doute peut-on reprocher dans le récit de ces quelque deux cent cinquante légendes un manque d’unité, des transitions souvent artificielles, certaines complaisances pour les détails et surtout un détachement sceptique à l’égard de la mythologie : en ce sens, on regrette que les Métamorphoses soient seulement l’œuvre d’un poète et non d’un croyant, ce qui aurait donné une autre dimension à l’ouvrage. Il reste que le caractère plastique des descriptions, leur réalisme dramatique, la variété des analyses, très fouillées quand il s’agit de l’amour et du désir, font compter l’œuvre parmi les réussites du siècle d’Auguste.