Overijssel (suite)
L’agriculture des terres sableuses reposait traditionnellement sur le seigle, l’élevage bovin dans les fonds humides et le pacage extensif des moutons sur les vastes étendues incultes. Les grands défrichements des xixe et xxe s. et la progression de la culture de la pomme de terre et des plantes fourragères ont bouleversé cette économie rurale ancienne : l’élevage pour le lait et la viande constitue désormais la principale source de revenus d’une agriculture qui pâtit de l’archaïsme de ses structures et en particulier de la petite taille des exploitations. Née comme activité complémentaire de la paysannerie, l’industrie textile est passée de la laine et du lin au coton et s’est concentrée dans les villes de la Twente, dont la rapide croissance depuis 1850 a profondément transformé l’aspect de la région. L’apparition de la métallurgie (Stork), qui fabriquait à l’origine des machines pour le textile, puis de la chimie (AKZO), qui repose en grande partie sur l’exploitation de gisements de sel gemme, introduisit une diversification industrielle dont les effets apparaissent aujourd’hui bénéfiques dans une conjoncture de crise du textile traditionnel. Des problèmes de conversion se posent néanmoins : on espère pallier la diminution des emplois dans le textile par des implantations nouvelles, notamment dans l’électronique et le traitement des matières plastiques.
Malgré leur rayonnement encore limité, Almelo (60 000 hab.) et surtout la conurbation Enschede-Hengelo (238 000 hab.) ont développé des fonctions tertiaires qui assurent la desserte d’une Twente densément peuplée (69 000 hab. en 1830, plus de 500 000 actuellement) et d’esprit assez particulariste et atteignent parfois une influence suprarégionale grâce aux sièges sociaux des grandes entreprises textiles et à l’université technique d’Enschede.
Les centres de l’ouest de la province témoignent d’une évolution inverse : marchés ruraux, villes de la navigation et du commerce, ils ne connurent que depuis peu une industrialisation importante — qui ne doit rien au textile. Le secteur secondaire domine maintenant à Deventer (66 000 hab.) : métallurgie de transformation, chimie, industries alimentaires parmi lesquelles de très grandes conserveries de viande. Zwolle (77 000 hab.) reste surtout, malgré sa zone industrielle toute récente, la capitale administrative de la province et un grand marché au bétail (de loin la principale production agricole de l’ouest de l’Overijssel). Kampen (29 000 hab.) a moins bien réussi son insertion dans l’économie moderne, mais, comme Zwolle, bénéficie de l’extension vers l’ouest de son aire d’influence à la suite de l’assèchement du Zuiderzee et du rattachement à la province du polder du Nord-Est (1962).
L’Overijssel présente aujourd’hui un bilan migratoire négatif, du moins en ce qui concerne les migrations intérieures, car l’appel à la main-d’œuvre étrangère s’accroît sensiblement ; mais sa situation économique reflète son hétérogénéité, les questions les plus préoccupantes étant actuellement la modernisation de l’agriculture des régions sableuses, le développement d’activités nouvelles en Twente et l’amélioration des communications routières dont l’insuffisance ne permet plus à la province, au moment où s’effacent les frontières, de profiter de sa situation intermédiaire entre la Hollande et l’Allemagne fédérale. Des possibilités existent aussi dans le domaine du tourisme, l’Overijssel disposant de paysages variés et attrayants et de 12 p. 100 des espaces de loisirs néerlandais ; seule une meilleure infrastructure offrira les moyens de les valoriser.
J.-C. B.
➙ Zuiderzee.