Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

Ouganda (suite)

L’économie

L’agriculture traditionnelle des régions de peuplement rural dense du Sud et de l’Ouest est fondée surtout sur le bananier, avec, en second lieu, le manioc, la patate douce, divers haricots, l’arachide, le sorgho et le maïs, ainsi que la canne à sucre et diverses cultures légumières. La principale culture d’exportation est celle du café (204 000 t au total), précédant celle du cotonnier (90 000 t pour l’ensemble du pays). Dans le Nord et le Nord-Est, plus secs, le sorgho et le millet remplacent le bananier comme culture alimentaire principale, tandis que le coton devient la principale culture d’exportation, dans l’Acholi, dans les pays lango et teso.

Contrairement au Kenya et à la Tanzanie, l’Ouganda, densément peuplé, est demeuré à l’écart de la colonisation agricole européenne. La production caféière et cotonnière est donc essentiellement le fait de petits exploitants. Seul le thé (18 000 t) est cultivé en grandes plantations, en particulier dans la région de Fort Portal, au pied du Ruwenzori, ainsi que la canne à sucre sur les bords du lac Victoria.

À l’exception des régions de l’Ouest et du Nord-Ouest, dans le domaine de la Rift Valley, et des rives du lac Victoria, l’Ouganda est peu affecté par la mouche tsé-tsé. Le cheptel bovin est estimé à 4,5 millions de têtes (900 000 ovins et 2 millions de caprins), l’essentiel du troupeau étant localisé en pays teso, lango, et dans le sud de l’Acholi et du Karamoja. L’inégale répartition de l’élevage, surtout bovin, entraîne des mouvements commerciaux, notamment vers les abattoirs de Jinja et Kampala.

Les principales ressources minières sont le cuivre du gisement de Kilembe, dans le Ruwenzori (18 000 t) l’étain (250 t) et le béryl (475 t) dans l’extrême Sud-Ouest en pays kiga, et les phosphates du gisement de Tororo, au pied du mont Elgon (300 000 t). Il existe d’importantes réserves de fer, inexploitées.

L’énergie électrique est en quasi-totalité produite par le barrage des Owen Falls, situé sur le Nil à sa sortie du lac Victoria (150 MW avec une production voisine de 700 GWh).

Kampala et Jinja sont les deux principaux centres industriels, avec des usines textiles et alimentaires (constructions mécaniques et mise en lingots du cuivre de Kilembe, à Jinja). Une cimenterie est implantée à Tororo.

L’activité touristique présente une certaine importance, bien que l’Ouganda vienne sur ce plan bien après le Kenya et la Tanzanie (env. 12 p. 100 du total des visiteurs étrangers en Afrique orientale). Il existe une chaîne nationale d’hôtels de grand standing. Le Queen Elizabeth National Park et le Murchison Falls National Park, dans la Rift Valley occidentale, sont les deux principaux pôles d’attraction.

Le réseau ferré (1 230 km) comprend un axe principal desservant le sud de l’Ouganda, par Tororo, Jinja, Kampala, prolongé jusqu’aux mines de cuivre du Ruwenzori, et une bretelle vers le nord jusqu’à Arua par Soroti ; l’ensemble est relié au réseau kenyan vers le port de Mombasa.

Le réseau routier (24 000 km dont 1 300 asphaltés) dessert surtout les régions peuplées, laissant à l’écart le nord de l’Acholi et le Karamoja. Le parc automobile était, en 1969, de 32 300 voitures de tourisme et de 6 100 véhicules utilitaires.

Il faut enfin signaler l’importance du trafic sur le lac Victoria (plus de 200 000 t transitent annuellement par Port Bell, port de Kampala et Jinja). L’aéroport international est situé à Entebbe sur les rives du lac Victoria à 40 km au sud de Kampala.

Environ le sixième du commerce extérieur s’effectue avec le Kenya, qui devance la Tanzanie, mais la Grande-Bretagne (surtout en tant que fournisseur) demeure le principal partenaire commercial du pays. La balance commerciale est excédentaire. Le café est de loin le principal article d’exportation (env. 40 p. 100 des ventes totales), devançant le coton (plus de 15 p. 100), le cuivre, le thé, etc. Les produits industriels dominent évidemment aux importations (ce qui explique en partie la prépondérance de la Grande-Bretagne, concurrencée vivement toutefois par la R. F. A. et le Japon).

R. B.

 K. Ingham, The Making of Modern Uganda (Londres, 1958). / D. E. Apter, The Political Kingdom in Uganda (Princeton, 1961 ; 2e éd., 1967). / A. M. O’Connor, An Economic Geography of East Africa (Londres, 1966). / East Africa : Its People and Ressources (Londres, 1969). / M. Cornevin, Histoire de l’Afrique contemporaine de la deuxième guerre mondiale à nos jours (Payot, 1972).

Ougarit

Nom que porte au IIe millénaire av. J.-C. la ville redécouverte à Ras Shamra, site fouillé depuis 1929 par la mission française (Claude Schaeffer et ses successeurs) et qui s’est révélé un des plus riches du Proche-Orient.



Le village (VIIIe-IVe millénaire)

Ras Shamra est un tell à proximité de la côte de la république de Syrie, entre le mont Kassios (actuellement djebel Akrad) et le port moderne de Lattaquié. Son premier habitat, un gros village fortifié dont la culture est sans doute originaire de la Palestine, remonte au VIIIe millénaire. Ses progrès techniques sont lents et dus, en général, à des influences venues de l’Anatolie et de la haute Mésopotamie ; et le site a peut-être même reçu au milieu du Ve millénaire une population porteuse de la civilisation mésopotamienne d’Obeïd.


La ville (IIIe-IIe millénaire)

Abandonné ensuite pour une longue période (3700-3000?), Ras Shamra n’atteint la phase urbaine qu’au IIIe millénaire, qui est marqué par des invasions brutales venues du nord, dont la dernière est celle de semi-nomades apportant la métallurgie du bronze, un peu avant 2000.

L’habitat urbain reparaît, sur une étendue bien supérieure à celle du IIIe millénaire, avec une civilisation toute différente, que l’on qualifie conventionnellement de « cananéenne » (de Canaan, nom biblique de la Palestine) et qui s’étend à tout le littoral et à la partie méridionale du couloir syrien (xixe-xiie s.). Dépendant d’abord des pharaons du Moyen Empire (xxe-xviiie s.), la ville, dont le nom, Ougarit, apparaît alors dans les textes égyptiens, finit par se libérer ; sa dynastie royale élève un palais et les deux temples principaux de l’agglomération, qui sont dédiés à Baal (dieu de l’orage) et à Dagon (le père de Baal) et qui ont livré des stèles où se mêlent le rude style local et l’iconographie religieuse des bords du Nil. La population, dont la langue prédominante est un dialecte sémitique, l’ougaritique, est bientôt grossie d’un afflux de Hourrites venus de la haute Mésopotamie ; déjà, ses relations commerciales s’étendent à Chypre et à la Crète.