traumatisme

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du grec titrauskô, « trouer, percer ». En allemand, Trauma (n. neutre).

Psychanalyse

« Nous nommons ainsi un événement vécu qui apporte à la vie psychique, en un temps bref, un si fort accroissement d'excitation que sa liquidation ou sa remise en état selon la manière normale et habituelle échoue, d'où résultent nécessairement des troubles durables dans le fonctionnement énergétique.(1) » Il existe une « série complémentaire » entre intensité du trauma et vulnérabilité du sujet, facteurs qui varient en sens inverse. De plus, des traumas de faible intensité ont des effets s'ils sont réitérés.

Le trauma sexuel est d'abord considéré comme directement responsable des symptômes. Puis c'est dans l'après-coup qu'une séduction infantile devient traumatique lors de sa remémoration, après maturation sexuelle : en deux temps, donc. Le troisième temps est la constitution de la névrose.

« L'abandon de la théorie de la séduction » (1897) conduit à l'exploration des fantasmes originaires(2). Ils jouent un rôle dans la constitution du complexe d'Œdipe à la phase phallique (scène primitive, séduction) et dans son déclin (castration, renoncement au pénis) avec l'instauration de l'instance interdictrice (surmoi). Cette difficile élaboration de la réalité psychique suffit à créer nombre de moments prédisposant au traumatisme. Dans la névrose traumatique proprement dite, la balance entre intensité du trauma et prédisposition conditionne l'effet d'ébranlement somatique et d'effroi.

Dans tous les cas, la conjonction de l'afflux énergétique incontrôlé et de l'état d'impréparation sont déterminants. Le rôle du « signal d'angoisse » est de pallier l'impréparation.

La prématurité des humains et le développement de la sexualité en deux temps permettent le développement intellectuel et culturel, tout en prédisposant aux traumas infantiles. Freud proposera que ces caractéristiques de l'espèce dépendent de sa différenciation traumatique dans le genre simiesque, lors d'une brusque glaciation(3). Ainsi le traumatisme deviendrait-il un des éléments de l'humaine condition.

André Bompard

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Freud, S., Vorlesungen zur Einführung in die Psychoanalyse (1916-1917), « Introduction à la psychanalyse », Payot, Paris, 1969, pp. 256-257.
  • 2 ↑ Laplanche, J., Pontalis, J.-B., « Fantasme originaire, fantasme des origines, origine du fantasme », in les Temps modernes, no 215, Paris, avril 1964.
  • 3 ↑ Freud, S., Das Ich und das Es (1923), « Le moi et le ça », in Œuvres complètes, Psychanalyse, XVI, PUF, Paris, 1991, p. 279.

→ après-coup, économie, énergie, fantasme, latent, réalité