fantasme

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du grec : Phantasma, de phanein, « apparaître », et phaos, « lumière ». Phantasma désigne à la fois l'« apparition » et l'« image hallucinatoire », « sans consistance » ou « fantomatique ». En allemand : Phantasie, « imagination », « fantaisie », « fantasme ». Le terme a une extension plus grande qu'en français, et est aujourd'hui traduit par « fantaisie ». Wunschphantasie (n.f.), « fantasme de désir », « fantaisie de souhait ».

Psychanalyse

Mise en mots et phrases des motions pulsionnelles inconscientes, les fantasmes sont des configurations organisées, stables et efficientes, qui mettent en scène l'accomplissement d'un souhait, selon des scénarios éventuellement divers. Ils informent et déterminent le style de vie de chacun. Freud affirme en outre l'universalité de quatre schèmes, les fantasmes originaires, qui sont au principe de la vie fantasmatique individuelle.

Abandonnant en 1897 la théorie de la séduction, Freud promeut la notion de fantasme. L'étiologie des symptômes névrotiques n'est plus rapportée à un événement réel, mais à une configuration efficiente : les fantasmes sexuels infantiles. La « réalité psychique » (psychische Realität) se substitue à la « réalité matérielle » (Wirklichkeit).

La notion de fantasme est trans-topique. Les fantasmes, « hautement organisés » et « exempts de contradiction »(1), se laissent difficilement distinguer des formations conscientes, mais leur énergétique et leur dynamique relèvent de l'inconscient et du processus primaire. Enfin, « les fantasmes clairement conscients des pervers [...], les craintes délirantes des paranoïaques [...], les fantasmes inconscients des hystériques [...] coïncident par leur contenu dans les moindres détails »(2).

La formule lacanienne du fantasme – S ?a – signifie la réciprocité du sujet de l'inconscient et de l'objet de son désir, et leur rapport d'exclusion réciproque.

Proposant une investigation contrôlée de la vie fantasmatique, Freud retrouve une tradition ancienne, marginale souvent, hérétique parfois, qui, à l'instar des Grecs, de M. Ficin ou de G. Bruno, de Pétrarque ou de Dante, lie étroitement puissance imaginative, Éros et connaissance.

Christian Michel

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Freud, S., Das Unbewusst (1915), G.W. X, l'Inconscient, in Métapsychologie, OCF.P XIII, PUF, Paris, p. 229.
  • 2 ↑ Freud, S., Drei Abhandlungen zur Sexualtheorie (1905), G.W. V, Trois Essais sur la théorie de la sexualité, no 1, Gallimard, Paris, p. 80.

→ Éros et Thanatos, inconscient, origine, processus primaire et secondaire, réalité, sexualité, souhait