syllogisme

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du grec sun, « avec », et logos, « raison », d'où un mot signifiant « calcul » ou « raisonnement ».

Logique

Raisonnement qui fait passer de prémisses à une conclusion nécessaire, si le syllogisme est démonstratif (et même s'il contient des prémisses hypothétiques), ou a une conclusion probable, si le syllogisme est dialectique (parce que les prémisses ne sont que probables).

Si, chez Aristote(1), la définition du syllogisme recouvre toute déduction valide, son paradigme est le syllogisme catégorique contenant trois propositions prédicatives, deux prémisses (une majeure et une mineure) et une conclusion, comprenant trois termes : le grand terme (G), le moyen terme (M) et le petit terme (P). L'exemple devenu canonique chez les philosophes et logiciens médiévaux est :
Majeure : Tous les hommes [M] sont mortels [G]
Mineure : Socrate [P] est homme [M]
Conclusion : Socrate [P] est mortel [M]

On aura dès lors quatre figures du syllogisme : M-G / P-M (l'exemple ci-dessus), G-M / P-M, M-G / M-P, G-M / M-P.

La réflexion sur le syllogisme, contrairement à ce que croyait Kant, ne s'est pas achevée avec Aristote, mais s'est poursuivie au Moyen Âge(2), et continue à intéresser les logiciens(3).

Roger Pouivet

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Aristote, Premiers Analytiques, Vrin, Paris, 1983.
  • 2 ↑ Broadie, A., Introduction to Medieval Logic, Clarendon Press, Oxford, 1993.
  • 3 ↑ Lukasiewicz, J., Aristotle's Syllogistic from the Standpoint of Modern Formal Logic, trad. la Syllogistique d'Aristote, A. Colin, Paris, 1972.

→ déduction, enthymème, implication, inférence, logique classique

Philosophie Cognitive

Un syllogisme est un schéma d'inférence valide permettant, à partir de deux prémisses, de déduire nécessairement une conclusion(1) : « Tous les hommes sont mortels, tous les Grecs sont des hommes, donc tous les Grecs sont mortels ». La validité de la déduction dépend exclusivement de la structure formelle du raisonnement : « Tous les A sont B, tous les C sont A, donc tous les C sont B ». Si l'on intervertit les secondes occurrences de A et B, on produit un raisonnement non valide, un sophisme. En respectant la forme imposée, on peut parfaitement construire un syllogisme conduisant à une conclusion fausse si au moins l'une de ses prémisses est fausse : « Tous les chats comprennent le français, tous les poulets sont des chats, donc tous les poulets comprennent le français » (L. Carroll). Par contre, si les prémisses sont vraies (ce qu'assure un constat empirique ou scientifique) le syllogisme produit une conclusion nécessairement vraie. Un tel raisonnement, que l'on dit aujourd'hui correct [sound], s'avère outil de savoir : il permet de déduire une connaissance nouvelle de deux connaissances admises antérieurement.

La syllogistique traditionnelle devint obsolète avec l'invention du calcul moderne des prédicats par Frege et Russell.

Denis Vernant

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Aristote, Premiers Analytiques, 1, 24 b 16.

→ argumentation