prescriptivisme
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
Calque de l'anglais prescriptivism.
Morale, Philosophie Contemporaine
Doctrine méta-éthique proposée par R. M. Hare, qui voit dans les jugements moraux des prescriptions que le sujet fait à lui-même et à autrui. Il soutient la rationalité et l'objectivité des jugements moraux dans un cadre non cognitiviste.
Selon le prescriptivisme, un jugement normatif comme « c'est un bon couteau » se divise en un élément prescriptif, qui recommande l'objet, et un élément descriptif, qui lui attribue certaines propriétés non normatives, en fonction desquelles on le qualifie de « bon ». Comme l'émotivisme, le prescriptivisme est un expressivisme et un non-cognitivisme : les jugements moraux n'énoncent pas de faits, et expriment des attitudes. Mais il soumet les jugements à une logique universaliste : le sujet s'engage à qualifier de « bon » tout objet ayant les mêmes caractéristiques(1).
De cette logique, Hare tire la « Règle d'or », similaire au test kantien d'universalité, selon laquelle une prescription est morale si je la prescris quelle que soit la position que j'occupe. Les jugements moraux sont donc objectifs, et Hare est en mesure d'expliquer la faiblesse de la volonté(2). Hare a défendu sur ces bases une éthique de type utilitariste(3).
Julien Dutant
Notes bibliographiques
- 1 ↑ Hare, R. M., The Language of Morals, Univ. Press, Oxford, 1952 (les jugements normatifs ont une logique prescriptive).
- 2 ↑ Hare, R. M., Freedom and Reason, Univ. Press, Oxford, 1963 (universalité du raisonnement pratique).
- 3 ↑ Hare, R. M., Moral Thinking, Univ. Press, Oxford, 1981 (reprise approfondie des thèses prescriptivistes et défense d'une position utilitariste).