pertinence

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du latin pertinere, « concerner », « importer ».

Linguistique

Dans un contexte C, fonction croissante de la quantité d'effet de l'énoncé dans C, et fonction décroissante de la quantité d'effort qu'un interprète doit fournir pour interpréter l'énoncé.

D. Sperber et D. Wilson ont proposé d'unifier la théorie gricéenne de la communication à l'aide du principe de pertinence(1). De cette théorie, ils retiennent l'idée selon laquelle la communication serait un processus inférentiel complexe plutôt qu'une question de décodage. Pour qu'une communication réussisse, il faut que l'interlocuteur reconnaisse l'intention de communiquer de l'émetteur du message. Une telle reconnaissance suppose que le contenu de l'intention guidant la communication soit inféré par l'interprète, à partir du décodage de la signification conventionnelle de la phrase utilisée d'une part, et d'informations contextuelles de l'autre. P. Grice soutient que c'est le caractère rationnel de toute conversation qui rend possible ces inférences. Il existe selon lui des règles de la conversation, unifiées par un principe général de coopération : tout locuteur a tendance à coopérer, à satisfaire ce qu'on peut raisonnablement attendre de lui dans une discussion. Sperber et Wilson réinterprètent la théorie de Grice à la lumière de la psychologie contemporaine. Ce que présume un interprète n'est pas tant que son interlocuteur a tendance à coopérer raisonnablement, mais qu'il est pertinent, c'est-à-dire qu'il mesure l'effort nécessaire pour interpréter ce qu'il communique à l'aune des effets contextuels qu'il veut communiquer. Plus un énoncé a d'effets contextuels, c'est-à-dire plus grande est la quantité d'information qu'il apporte dans un contexte, plus il est pertinent ; mais plus il coûte d'efforts pour être correctement compris, moins il est pertinent. L'hypothèse centrale de Sperber et Wilson est que l'interprète d'un énoncé le supposera toujours être maximalement pertinent.

Pascal Ludwig

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Sperber, D., et Wilson, D., la Pertinence, Minuit, Paris, 1989.

→ implicature, pragmatique

Logique, Philosophie Cognitive

Relation qui unit un énoncé à ceux qui « comptent » pour la détermination de sa valeur de vérité ou de sa probabilité ; logique de la pertinence (en anglais : relevant logic), variété de logique contemporaine dans laquelle une implication de A à B ne doit valoir que si A est pertinent pour B.

Développée pour l'essentiel par Anderson et Belnap(1), la logique de la pertinence rejette les deux lois de la logique classique qui autorisent à valider une implication en l'absence de toute pertinence de l'antécédent pour le conséquent : le ex falso quodlibet ¬A ⊃ (A → B) et le verum ex quodlibet B ⊃ (A → B). Le même souci a conduit à développer certaines logiques « substructurelles », dans lesquelles on renonce à une licence caractéristique de la logique classique, le renforcement des prémisses : si B peut être déduit des hypothèses Γ, alors il peut également être déduit de tout ensemble d'hypothèses qui contient Γ.

Jacques Dubucs

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Anderson, A. R., et Belnap, N. D. Jr, Entailment. The Logic of Relevance and Necessity, Princeton University Press, New Jersey, vol. i, 1975, et vol. ii, 1992.

→ implication, logique (logiques non classiques)