paix
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
Du latin pax.
Philosophie Générale, Politique
État de quiétude, de tranquillité, au niveau individuel ou collectif.
Plus encore qu'à la guerre, la notion de paix s'oppose à celle de « désordre », ouvrant ainsi sur une plurivocité conceptuelle, et ne suppose pas la disparition des tensions, mais leur état d'équilibre. Pour cette raison, Augustin considère que la définition générique de la paix est un certain ordre entre des parties (tranquilitas ordini) faisant que, chacune étant à sa place et tenant son rôle, un ensemble harmonieux s'organise(1). Il pense alors ce concept selon une hiérarchie de degrés, qui recouvrent la paix du corps, de l'âme, de la maison, de la cité terrestre ou de la Cité céleste. Trois grandes divisions de la paix peuvent être envisagées : divine, individuelle, politique. Si, pour le christianisme, seule la paix obtenue dans la contemplation de Dieu est parfaite, les autres degrés sont aussi nécessaires et ne peuvent être oubliés, car tous sont en dépendance, la tranquillité du corps permettant celle de l'esprit, qui elle-même peut ouvrir sur celle de la cité.
La philosophie grecque pense la paix individuelle en un double sens, comme absence de douleurs corporelles (aponía) ou comme tranquillité de l'esprit (ataraxía). Au niveau politique, elle considère que la mise en place de finalités pratiques communes(2), par lesquelles les individus se trouvent unifiés, est la condition de possibilité de la concorde, dont la garantie est à trouver dans la loi. Une définition positive de la paix est donc possible, en ne la limitant pas à une absence de guerre, qui n'est que l'une de ses déterminations possibles. C'est en la pensant comme équilibre du rapport de forces que peut être comprise l'expression « si tu veux la paix, prépare la guerre », fondement d'une dissuasion garante de la paix. Dans le rapport entre les États, la mise en place d'une paix durable suppose une mesure de cet état d'équilibre, qui ne peut être obtenue que par l'adoption d'une finalité qualitative universelle et non sur l'équilibre fragile des quantités de forces en présence ou sur une domination universelle (pax romana). Cependant, la difficulté d'un tel projet de « paix perpétuelle »(3) réside dans ses conditions préliminaires, qui supposent que tous les États aient atteint une paix intérieure, assurant le respect des libertés et l'établissement d'une citoyenneté égalitaire, c'est-à-dire qu'ils soient sous un régime républicain, et que tous soient fédérés.
Didier Ottaviani
Notes bibliographiques
