motivation
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
Terme apparu au xixe s., sur motiver.
Psychologie
Entité interne postulée pour justifier, à environnement identique, des différences stables dans un comportement orienté.
Indispensable à l'explication téléologique, la motivation radicalise en psychologie des difficultés de fond. Il n'y a tout d'abord de motivation que dans des organismes complexes dotés d'un système souple de contrôle de l'action, qui poursuivent plusieurs buts, et ont à les hiérarchiser. Or les conditions d'existence matérielle de la motivation ne justifient pas son pouvoir causal. Le verbalisme guette si on la réduit à une énergie endogène indifférenciée, potentialisant des conduites spécifiques en fonction de la valeur différentielle des buts. De plus, pour éviter de concevoir la motivation à partir des anticipations de sens propres aux niveaux supérieurs (cas des motivations sociales ou normatives), il faut hiérarchiser les incitateurs : les besoins vitaux sont les motivations primaires, les secondaires émergeraient de l'interaction. Or est-ce que ce sont les mêmes ? Enfin tout modèle homéostastique en dernière instance laisse insatisfait : une motivation implique une quête du déséquilibre, au minimum le rebond exploratoire d'une tendance, parfois une activité (cas du désir) qui se satisfait d'elle-même, pas du but atteint. Il est donc aussi malaisé de traiter la motivation en pure fiction fonctionnelle qu'en mécanisme programmé.
Pierre-Henri Castel
Notes bibliographiques
- Nuttin, J., Théorie de la motivation humaine. Du besoin au projet d'action, PUF, Paris, 1985.
→ désir
