méditation
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
Du latin meditatio.
Philosophie Générale
Acte par lequel l'esprit se tourne vers soi pour faire le récit de ce qui se trouve dans le sens intime.
La méditation est en premier lieu un acte du discours dans lequel se dévoile, à la façon de saint Bonaventure, un itinerarium. Dans la sphère chrétienne, l'examen introspectif ne suffit pas : il faut encore que, par une sorte de rapport imitatif de la parole humaine et de la parole divine, le contenu de cette méditation s'extériorise en un récit : c'est en ce sens que toute méditation est du genre de la confession, dont Augustin a, le premier, donné le sens philosophique. Dans l'ordre de la religion, la méditation codifiée devient oraison, puis exercice spirituel permanent. Il revient à Descartes d'avoir saisi la valeur de ce type de narration pour mettre en œuvre son propre cheminement vers la découverte de la nature fondatrice du sujet(1). Quel meilleur genre littéraire peut en effet mettre à nu l'intimité du moi ? Si vraiment l'origine radicale des idées est l'âme, la méditation convient à l'idéalisme et il n'est pas étonnant de constater que c'est aussi l'une des formes empruntées, en écho aux Méditations métaphysiques, par Husserl(2). Le style méditatif ne doit cependant pas être considéré comme le signe d'une pensée en repos dans laquelle l'argument n'est qu'un effet rhétorique. Dans la mesure où, par définition, une philosophie du sujet fait du sens intime la source de toute connaissance, méditer ne consiste pas seulement à se penser – ou se peser – soi-même, mais bien à prouver certaines des relations nécessaires qui sont dans l'âme avant que d'être dans le monde.
Fabien Chareix
Notes bibliographiques
