libido

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


En allemand : Libido. En latin : libido, « désir, envie ».

Psychanalyse

Énergie psychique de la pulsion sexuelle, « force quantitativement variable qui pourrait mesurer les processus et transpositions dans le domaine de l'excitation sexuelle ».(1)

Avec la découverte de la sexualité infantile, la libido devient un facteur énergétique général des processus psychiques. Elle est opposée à l'énergie des pulsions d'autoconservation (ou du moi). Selon les stades du développement – oral, sadique-anal, phallique –, les sources organiques des pulsions sexuelles et les investissements libidinaux changent, mais les fixations et les régressions possibles déterminent l'étiologie des névroses et leurs manifestations.

Introduisant ensuite le narcissisme, Freud distingue un « investissement libidinal originaire du moi »(2), qui peut se porter sur des objets extérieurs et leur être retiré (délire des grandeurs, sommeil, etc.). D'où une balance quantitative entre libido du moi et libido d'objet : « Plus l'une absorbe, plus l'autre s'appauvrit.(3) »

Bien que le narcissisme remette en cause la partition pulsion du moi / pulsion sexuelle, Freud maintient la spécificité sexuelle de la libido, que l'opposition des pulsions de vie et de mort conforte : « C'est ainsi que la libido de nos pulsions sexuelles coïnciderait avec l'Éros des poètes et des philosophes, qui maintient en cohésion tout ce qui est vivant.(4) »

« Toutes nos conceptions provisoires, en psychologie, devront un jour être placées sur la base de supports organiques.(5) » L'importance des hormones sexuelles dans la physiologie cérébrale est reconnue de nos jours, sans que le gouffre entre neurophysiologie et psychologie soit pour autant comblé. Il reste la « révolution freudienne », qui a proposé de surmonter le clivage corps / esprit, et qui introduit de surcroît la dimension de la sexualité et du plaisir-déplaisir dans l'ensemble des processus psychiques, tout en dissociant sexualité et reproduction. Quant au bonheur, il demeure un « problème d'économie libidinale individuel »(6).

Benoît Auclerc

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Freud, S., Drei Abhandlungen zur Sexualtheorie (1905), G.W. V, Trois essais sur la théorie sexuelle, chap. 3, Gallimard-Folio, Paris, pp. 157-158.
  • 2 ↑ Freud, S., Zur Einführung des Narzismus (1914), G.W. X, « Pour introduire le narcissisme », in la Vie sexuelle, PUF, Paris, p. 83.
  • 3 ↑ Ibid.
  • 4 ↑ Freud, S., Jenseits des Lustprinzips (1920), G.W. XIII, « Au-delà du principe de plaisir », O.C.F.P. XV, PUF, Paris, p. 323.
  • 5 ↑ Freud, S., « Pour introduire le narcissisme », op. cit., p. 86.
  • 6 ↑ Freud, S., Das Unbehagen in der Kultur (1930), G.W. XIV, « Le malaise dans la culture », PUF-Quadrige, Paris, p. 26.

→ ça, énergie, enfantin / infantile, Éros et Thanatos, moi, narcissisme, objet, pulsion, régression