holisme

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du grec holos, « tout ».

Épistémologie, Physique

Thèse selon laquelle on ne peut jamais tester empiriquement une hypothèse isolée, mais seulement un ensemble d'hypothèses.

P. Duhem est considéré comme le fondateur de la thèse holiste de la réfutation(1). Il montre que le test d'une théorie implique toujours un ensemble d'hypothèses. À strictement parler, le test négatif d'une théorie ne réfute donc pas directement une hypothèse précise, mais seulement une au moins de ses hypothèses. On reste, par conséquent, libre de choisir les hypothèses que l'on désire conserver ou rejeter. Cela implique, entre autres, qu'une expérience n'est jamais « cruciale » au sens strict. Le choix entre les hypothèses reste donc pour une grande part conventionnel. On dira que la théorie est « sous-déterminée » par l'expérience.

Plus tard, Quine a repris et étendu cette thèse à l'ensemble de nos énoncés, depuis nos énoncés d'observation les plus empiriques, jusqu'aux énoncés purement mathématiques et logiques. Il a ainsi donné naissance au holisme de la confirmation et au holisme sémantique. La formulation canonique de ce holisme épistémologique étendu, ou « thèse de Duhem-Quine », devient alors « nos énoncés sur le monde extérieur sont jugés par le tribunal de l'expérience sensible, non pas individuellement, mais seulement collectivement »(2).

Dans cette perspective, si tout énoncé peut être sauvé de la réfutation, inversement, tout énoncé est révisable. Un énoncé ne possède donc jamais de nécessité absolue. La part de relativisme impliquée par cette thèse a été âprement discutée, notamment pour tenter de réaffirmer la fermeté de certains énoncés. Par exemple, K. Popper condamne le holisme de la réfutation en interdisant l'emploi d'hypothèses ad hoc pour sauver les théories. Dans la pratique ordinaire de la science, il existe un consensus sur les hypothèses fondamentales, qui limite la relativité induite par la thèse holiste.

Alexis Bienvenu

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Duhem, P., la Théorie physique (1906) Vrin, Paris, 1981.
  • 2 ↑ Quine, W. V. O., « Les deux dogmes de l'empirisme », in De Vienne à Cambridge (1951), sous la direction de P. Jacob, Gallimard, Paris, 1980, p. 115.
  • Voir aussi : Brenner, A., Duhem, science, réalité et apparence, Vrin, Paris, 1990.

→ ad hoc (hypothèse), conventionnalisme, expérience cruciale