ethos

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Mot grec : « mœurs », « caractère ».

Philosophie Générale, Morale

Forme non explicitée de la moralité d'un groupe ou d'un individu, en tant que dans les deux cas elle est susceptible de se traduire dans des comportements déterminés.

Contrairement au nomos, qui suppose un énoncé déterminé, l'ethos se présente comme une coutume antérieure à toute formule. Sa définition met en évidence une tension entre le caractère collectivement vécu d'un mode de vie et la détermination singulière d'une complexion ou d'un comportement. Platon montre ainsi que l'ethos n'est pas autre chose que la loi des Anciens, en tant qu'elle relève de « coutumes non écrites »(1) ; mais il utilise également le mot pour désigner le caractère ou le « naturel » d'un individu particulier.

Cette tension se retrouve et se précise dans l'usage que Max Weber inaugure du terme ethos au début du xxe s.(2). L'ethos est alors précisément ce qui permet à Weber de penser la transformation de « l'éthique protestante » en « esprit du capitalisme » : il est le lieu dans lequel les déterminations éthiques générales (quantitativement) et abstraites (qualitativement) deviennent particulières et concrètes.

Laurent Gerbier

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Platon, Lois, VII, 792e, tr. A. Diès (1956), Les Belles Lettres, Paris, 1994, p. 18.
  • 2 ↑ Weber, M., Éthique protestante et esprit du capitalisme (1904-1905), tr. I. Kalinowski, Flammarion, « Champs », Paris, 2002.

→ caractère, éthique, habitus